Pour une bonne année 2014, il faut que la classe ouvrière se fasse entendre

Le premier ministre Di Rupo, lors de ses vœux de fin d’année, est apparu plein d’autosatisfaction sur le bilan de l’année écoulée. Il trouve que la Belgique va de l’avant et parle de confiance retrouvée.
Pourtant, tout ce que nous pouvons constater autour de nous, c’est un recul de nos conditions et de notre qualité de vie, et une crainte de plus en plus généralisée des travailleurs quant à ce que leur réserve l’avenir. Il faut croire que ce n’était pas à nous que ce discours était adressé !
Ce qui va bien de l’avant, par contre, ce sont les profits des grands groupes financiers. Ainsi le Bel 20, l’indice boursier des 20 plus grandes sociétés belges cotées en bourse, a progressé de 18,1% en 2013. Ce sont deux banques qui détiennent le record pour cette année, avec une progression de 57,7% pour KBC et de 46,2% pour Delta Lloyd. Le groupe Delhaize a quant à lui augmenté sa valeur de 43,2%. Mais c’est uniquement aux riches, aux actionnaires de ces grandes sociétés, que ces hausses vont profiter.
En fait, ces dernières années, si les profits ont continué à augmenter, cela est dû quasi exclusivement à une aggravation de l’exploitation des travailleurs. La production, suite aux crises successives qu’a traversées le système capitaliste, n’évolue guère. En 2013, la zone euro n’a pas retrouvé son niveau de production du début de 2008, l’année de la dernière grande crise dont nous subissons encore les conséquences aujourd’hui. Les 17 pays de la zone euro comptent 7,8 millions de chômeurs de plus qu’en 2008, ils représentent plus de 12% de la population.
En Belgique, il y a plus de 600.000 demandeurs d’emplois recensés, soit 8,7% de la population. Chez les jeunes, le taux de chômage atteint près de 25% selon les dernières statistiques du SPF Économie. Et l’année 2013 a de nouveau battu le record du nombre de faillites : 12.306 entreprises ont fait faillite lors de l’année écoulée, entraînant la perte de 27.912 emplois. De l’avis de tous, la situation devrait encore s’aggraver en 2014. Ces faillites concernent surtout des petites et moyennes entreprises : 2.193 faillites dans l’horeca, 2.121 dans la construction et 1.588 faillites dans le secteur du commerce de détail.
Les plus grosses entreprises, elles, se portent bien et font des profits faramineux, ce qui ne les empêche pas de licencier. Malgré le niveau confortable de leur taux, les profits ne sont retournés que partiellement dans la production et les investissements productifs restent bas. La spéculation sur les nouveaux produits financiers, les rachats d’entreprises entre elles, assurent de juteux dividendes aux actionnaires sans conduire à la moindre embauche. Au contraire, les concentrations de capitaux sont presque toujours accompagnées de « restructurations », c’est-à-dire de l’abandon de capacités de production et de licenciements massifs.
Ces nombreux chômeurs, que Marx appelait déjà « l’armée industrielle de réserve », exercent une pression à la baisse sur les salaires. Ainsi l’économiste belge Etienne de Callataÿ peut-il se réjouir que pour 2014, les prévisions tablent à nouveau sur une croissance de 10% du bénéfice par action, en Europe et aux États-Unis, grâce au faible niveau des salaires « maintenus sous pression en raison du chômage élevé dans la plupart des pays »!
Le budget 2014 concocté par le gouvernement n’a pas de quoi nous rassurer. On sait déjà que la baisse annoncée de la TVA sur l’énergie, en avril, sera compensée par un report de l’indexation. Le calcul de l’index lui-même a été revu, les huitres remplacées par le poisson surgelé et les produits soldés introduits, dans le seul but avoué de « modérer la progression des salaires. » Les cotisations patronales, elles, seront encore réduites de 1,3 milliard d’euros à partir de 2015, réduisant ainsi les budgets disponibles pour les services publics, soins de santé, éducation etc.
Sans réaction du monde du travail, l’écart de richesses entre les plus riches et les plus pauvres continuera donc à se creuser, avec toujours plus de milliardaires d’un côté et plus de personnes contraintes de vivre sous le deuil de pauvreté de l’autre. Pour que la tendance se renverse, c’est en nos propres forces que nous devrons retrouver confiance afin d’imposer, par nos luttes, une hausse des salaires, et une embauche massive dans tous les domaines où les besoins les plus élémentaires de la population ne sont pas rencontrés.