Après 50 jours de bombardements, un cessez-le-feu dit « permanent » a été conclu, assorti d’une levée par-tielle du blocus de Gaza, permettant l’acheminement de l’aide humanitaire et de matériaux de construction pour commencer à reconstruire les quartiers en ruine. Des négociations doivent s’ouvrir dans un mois en Égypte.
Cette trêve sera-t-elle respectée ? En tout cas, elle a été accueillie avec soulagement par la population pa-lestinienne, très durement frappée par ces cinquante jours de guerre. Le bilan est déjà dramatique, avec plus de 2 100 morts. Plus de 460 000 Palestiniens ont quitté leurs lieux d’habitation. La disproportion des forces entre les deux camps est manifeste et l’État d’Israël s’est livré à un terrorisme à grande échelle.
Même l’ONU, dont la complaisance vis-à-vis d’Israël est pourtant flagrante, s’est sentie obligée de nommer trois enquêteurs pour déterminer s’il y a eu des crimes de guerre perpétrés par l’armée israélienne. Le 1er août dernier par exemple, pensant qu’un de ses soldats avait été enlevé (en fait il avait été tué), l’armée israé-lienne avait activer le « protocole Hannibal », par le-quel elle s’autorisait à déclencher une puissance de feu massive dans les minutes et les heures suivant une capture présumée, pour empêcher la prise d’otages. Rafah, une des zones les plus densément peuplées du monde, a alors été écrasée sous les bombes et plus de 1 000 obus d’artillerie, puis les tanks ont pénétré dans la ville, tirant sur tout ce qui bougeait, et des bulldo-zers ont rasé des dizaines de maisons alors que leurs habitants se trouvaient à l’intérieur. Plus de 150 Pales-tiniens ont été tués et plusieurs centaines blessés ou enterrés sous les décombres.
Le 16 août, la plus importante manifestation contre l’intervention militaire de l’armée à Gaza et la poli-tique du gouvernement Netanyahou s’est tenue à Tel-Aviv.
10 000 manifestants se sont rassemblés place Yitzhak-Rabin, du nom du Premier ministre assassiné en 1995 par un militant d’extrême droite.
Les pancartes et slogans des manifestants déclaraient : « Si on ne fait pas la paix, la guerre arrive », « Chan-geons de direction : allons vers la paix, repoussons la guerre », ou encore « Bibi (Netanyahou) go home ». Tous ont réclamé « la fin de l’intervention militaire et l’ouverture de vraies négociations ».
Dans le contexte de la propagande guerrière effrénée du gouvernement, du chantage à la disparition d’Israël, de l’arrogance de plus en plus affichée de l’extrême droite et de tout ce que le pays peut compter comme forces réactionnaires et ultranationalistes, cette démonstration est un incontestable succès et a été ressentie comme telle en Israël.
Oui, il est réconfortant qu’il n’y ait pas que la seule voix du gouvernement, de sa politique d’agression, qui s’exprime en Israël. Et d’ailleurs, pour sortir de l’im-passe tragique dans laquelle tant le peuple palestinien que le peuple israélien sont plongés, il faudra bien que les forces vives des deux peuples, leurs exploités, trouvent le chemin d’un combat commun pour arriver enfin à coexister librement dans leurs États respectifs, débarrassés de l’exploitation et de l’oppression. En ré-ponse à Elie Wiesel, ancien prix Nobel de la paix qui aujourd’hui « justifie l’injustifiable » en affirmant qu’Israël lutte pour la civilisation contre la barbarie et compare le Hamas aux nazis, 327 Juifs américains, parmi lesquels des survivants de l’holocauste durant la Deuxième Guerre mondiale, ont écrit dans une tribune : « Rien ne peut justifier le bombardement des abris de l’ONU, des maisons, des hôpitaux et des universi-tés ! Rien ne peut justifier de priver les gens d’électri-cité et d’eau. »