La lutte se mène dans la rue, pas dans les salons

Le 27 février dernier, les travailleurs ont largement suivi l’appel à la grève lancé par la CGSP. La SNCB, les TEC, la STIB étaient fortement perturbés voire à l’arrêt. Les profs aussi ont suivi le mouvement.
Le motif de la grève était clair : défendre les pensions contre les attaques répétées du gouvernement Michel et en particulier contre le dernier projet de Bacquelaine, le ministre des pensions, qui veut réduire les droits à une pension anticipée pour ceux qui ont des métiers dits « pénibles ».
Cependant, malgré la réussite apparente du mouvement, il est peu probable qu’il ait réellement fait peur au gouvernement. D’abord parce que les syndicats sont apparus divisés bien que le problème touche tous les travailleurs. Mais surtout parce qu’aucune mobilisation n’a été organisée, ni manifestation, ni rassemblement, ni même de piquets ! Le mot d’ordre du syndicat était de faire grève et de rester chez soi !
Les syndicats considèrent la grève comme un moyen de pression pour obliger le gouvernement à « retourner à la table de négociation ». Pour eux, la négociation entre directions syndicales, patronales et gouvernement est la manière normale et souhaitable de régler les conflits sociaux. Mais en réalité, ça ne fonctionne pas comme ça. Patronat et travailleurs forment deux classes sociales distinctes aux intérêts inconciliables. Entre elles c’est la guerre à mort, toutes les armes, tous les coups sont permis. Celles des capitalistes sont la répression, la menace, la négociation. Celle des travailleurs est la grève.
Les patrons d’une entreprise commencent à discuter lorsqu’ils estiment que ce sera la meilleure méthode pour aboutir à leurs fins. Ils discutent pour temporiser, affaiblir les travailleurs en les divisant. Ils discutent pour essouffler la mobilisation en agitant des solutions qui n’en sont pas, en tirant en longueur les négociations jusqu’à ce que la combativité faiblisse. Discuter ce n’est pas encore céder. Les patrons ne cèdent jamais rien s’ils ne sont pas dans les cordes. Ils lâchent du lest lorsque la mobilisation des travailleurs devient un risque pour les profits présents ou futurs. Le gouvernement et les organisations patronales défendent les intérêts généraux de la classe bourgeoise.
Ce ne sont pas les pertes de profits qui leur font peur, mais la perte de pouvoir. Ils craignent que la classe ouvrière ne se sente forte, qu’elle ne craigne plus ni la police, ni l’État. Or, cette force elle l’acquiert dans les mouvements de grève, lorsqu’ils durent, qu’ils s’étendent à des secteurs de plus en plus nombreux de la classe ouvrière. Ce que la bourgeoisie craint par-dessus tout c’est une grève qui se renforce au lieu de s’affaiblir alors même qu’elle sort toutes ses armes pour en venir à bout. La bourgeoisie redoute la possibilité d’une perte de pouvoir, c’est-à-dire d’une perte de contrôle de la situation.
Inutile de dire que le 27, on en était bien loin.
Pourtant dans l’histoire, ce sont des moments comme ceux-là, de perte de contrôle par la bourgeoisie, qui ont abouti aux grands acquis de la classe ouvrière : pensions, allocations de chômage, de maladie, etc.
La pension, puisque c’est ce qui est en jeu aujourd’hui, forme une partie du salaire indirect. Les entreprises la versent dans une caisse au lieu de la donner directement aux salariés. Attaquer les pensions est plus facile pour la bourgeoisie car cela n’a pas d’impact directement perceptible à la fin du mois. L’effet des mesures sera visible dans dix, vingt ou quarante ans selon l’âge des travailleurs. En revanche, cette baisse du salaire indirect, c’est aujourd’hui qu’elle profite au patronat.
Alors, pour s’y opposer il faudra autre chose qu’une journée de grève « à la maison ». Le manque à gagner qu’une telle grève peut causer aux entreprises, ce n’est que de l’argent et ce n’est rien par rapport au gain potentiel que représente la réduction des pensions de millions de travailleurs.
Pour que les choses changent, il faudra que les travailleurs se mobilisent, qu’ils montrent leur colère, leur refus d’être poussés vers la misère, leur refus de travailler jusqu’à la porte de la tombe. Ce n’est que cette saine colère-là qui peut faire peur au patronat car il sait qu’elle est incontrôlable et qu’elle peut remettre en question leur domination sur l’économie et la société.
La lutte se mène dans la rue, pas dans les salons !

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