Etats-Unis-Iran : 
derrière l’atome, le pétrole

Le 30 avril, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou apparaissait à la télévision pour affirmer que l’Iran travaille à fabriquer des armes atomiques malgré le traité signé en 2015. La diplomatie iranienne a immédiatement démenti et observé que les révélations israéliennes tombent fort à propos : le président Trump doit en effet dire d’ici le 12 mai s’il proroge on non le traité en question et, partant, s’il autorise les relations commerciales avec l’Iran.
Netanyahou tente de peser pour une rupture du traité. Nul ne sait, peut-être même pas lui, ce que va décider le président des États-Unis, si même il décide quelque chose puisqu’il se contente depuis des mois de différer sa réponse.
Les questions du nucléaire sont là pour vendre à l’opinion publique les variations et les difficultés de la politique américaine vis-à-vis de l’Iran. Le problème est d’importance, les intérêts multiples et les pressions contradictoires, y compris sans doute aux sommets de l’État. L’Iran a été depuis 1945 le fidèle allié des États-Unis au Moyen-Orient, jusqu’à ce qu’une puissante révolution populaire chasse la dictature inféodée à l’impérialisme en 1979. Devant la poussée révolutionnaire, tous les tenants de l’ordre, à Téhéran comme à New York ou à Paris, se mirent d’accord pour favoriser une reprise en main par l’ayatollah Khomeini et ses mollahs. La révolution n’alla pas plus loin, une nouvelle dictature s’abattit sur l’Iran. C’était le résultat souhaité. Mais, depuis lors, l’impérialisme doit composer avec la théocratie iranienne.
L’Iran est en même temps un pays aux immenses ressources pétrolières et gazières, un marché intéressant pour les capitalistes du monde entier et un pays jugé stable où « les ouvriers sont bien formés et coûtent moins cher qu’en Europe de l’Est », selon un patron français. Mais, surtout, la dictature des mollahs apparaît désormais comme un pôle de stabilité dans une région ravagée par les guerres civiles.
Sur cette base, Obama avait pesé dans le sens d’une réintégration de l’Iran dans le camp impérialiste, aboutissant à l’accord de 2015. L’Iran avait accepté le contrôle de ses installations nucléaires, garantissait ne pas chercher à fabriquer de bombes et promettait de faire régner la paix, éventuellement celle des cimetières, le long des gazoducs reliant le Golfe à l’Occident. Les États-Unis en échange devaient lever l’embargo sur le commerce et les investissements en Iran. La diplomatie française s’est alignée d’autant plus facilement que l’accord a permis à PSA de vendre à nouveau 500 000 véhicules en Iran l’an passé, à Total de signer quelques contrats, etc.
Mais les États-Unis ont d’autres alliés dans la région, d’autres prétendants au titre et aux avantages de gendarme. Israël et l’Arabie saoudite, pour des raisons différentes, sont tous deux décidés à empêcher l’Iran de revenir sur la scène. Obama avait tenté de ménager la chèvre et le chou. Trump, en revanche, avait assuré épouser complètement la cause de la droite israélienne. Pour l’instant, il laisse perdurer la politique de son prédécesseur : tenter de s’entendre avec l’Iran tout en soutenant indéfectiblement ses adversaires.
Si la situation diplomatique paraît inextricable, les relations commerciales sont d’une clarté limpide. Il n’existe de commerce à grande échelle avec l’Iran que tant et si les États-Unis le veulent bien. En effet, ils interdisent toujours de commercer en dollars avec ce pays, réduisant ainsi les échanges à leur convenance. De plus, l’impérialisme le plus puissant se donne le droit d’infliger des amendes aux capitalistes au petit pied qui auraient le front d’enfreindre ses consignes. Cela a coûté, par exemple, huit milliards de dollars à la BNP.
Derrière les déclarations de roman d’espionnage de Netanyahou, les courbettes diplomatiques de Macron ou les tweets orduriers de Trump, se cachent les intérêts des puissants et la volonté de l’impérialisme américain de perpétuer sa domination sur cette région du monde.

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