Le capitalisme promet la liberté mais il n’a que la misère à offrir

Voilà trente ans que le mur de Berlin est tombé. Ce « mur de la honte » coupait en deux Berlin Ouest et Est et matérialisait la division entre la République fédérale d’Allemagne, capitaliste, et la République démocratique allemande, qui appartenait au bloc soviétique. Il avait été érigé en 1961 pour empêcher le passage des berlinois de l’Est vers l’Ouest, attirés par les promesses du « paradis » capitaliste.
Durant l’été 1989, cent mille est-allemands avait fui à l’Ouest et les manifestations contre le régime de l’Est se multipliaient, contraignant le gouvernement de l’Est à autoriser le passage du mur à Berlin. Ce fut un immense moment de fraternisation entre les habitants des deux parties de la ville. Personne dans la foule ne songeait encore à réunifier les deux Allemagnes. Partout dans le monde la presse encensait la victoire de la « démocratie ».
Cependant, le gouvernement ouest-allemand d’Helmut Kohl y vit immédiatement l’opportunité de reprendre le contrôle de la partie est du pays. Début 1990, il décréta qu’un mark de l’Est vaudrait autant qu’un mark de l’Ouest. Les marchandises produites à l’Est devenaient du coup quatre fois plus chères à l’exportation et surtout hors de prix pour ses clients du bloc soviétique, qui en absorbaient habituellement 80%. Coupée de son marché, l’économie est-allemande ne pouvait que s’effondrer et tomber sous la coupe de l’ouest. En cinq ans, des régions entières ont été transformées en déserts économiques, toute l’industrie de l’est a été récupérée par les capitalistes ouest-allemands et 2,5 millions de travailleurs se sont retrouvés au chômage, dans un pays où cela n’existait auparavant pas.
Trente ans plus tard, l’est de l’Allemagne reste la zone la plus pauvre du pays. La précarité y sévit, le chômage y est plus haut et les salaires plus bas. L’unification a enrichi les riches occidentaux mais n’a tenu aucune promesse, ni démocratique, ni économique, vis-à-vis des travailleurs.
Certes, le régime de l’Est était une dictature. C’est ce qui a été mis en avant par tous les prétendus démocrates de la planète quand le mur est tombé. Mais au moins, chacun y avait droit à un logement, à un travail et à une pension. Les soins de santé et les études y étaient gratuits. Il y avait la queue dans les magasins et bien des marchandises occidentales y étaient introuvables. Mais la table était toujours garnie et il ne fallait pas envoyer cent lettres de motivation pour trouver un emploi.
En Allemagne de l’est, les services secrets, la Stasi, contrôlait les faits et gestes de tous les citoyens, étouffant toute contestation dans l’œuf. Mais est-ce que les pays occidentaux sont plus démocratiques ? Aux États-Unis, la NSA enregistre et surveille toutes les communications électroniques de la planète. La lutte contre le terrorisme a justifié dans tous les pays de nouvelles attaques contre la vie privée. Et on a pu mesurer cette année encore la violence que la police est prête à utiliser contre les manifestants.
Pour un mur qui est tombé en 1989, combien ont été érigés depuis : entre Israël et la Palestine, entre les USA et le Mexique et des barbelés tout autour de l’Europe !
Mais rien de tout cela n’empêche les politiciens bourgeois qui se partagent le pouvoir sans tenir aucun compte des besoins réels de la population de continuer à prétendre que le capitalisme est un modèle de démocratie.
Le fait que la RDA, comme les autres pays du bloc de l’Est, se parait des couleurs du communisme a certainement contribué à dégoûter bien des travailleurs de cet idéal. Bien que ces régimes n’aient rien à voir avec le communisme, les intellectuels, les politiciens et les journalistes bourgeois ne se sont pas gênés pour associer communisme et dictature. Ils ont ainsi pu faire passer la chute du mur pour la chute du communisme et démoraliser ainsi toute une génération de travailleurs qui ne voient plus vers qui ou quoi se tourner pour s’organiser et se défendre. C’est une des raisons qui explique le soutien qu’obtient aujourd’hui l’extrême droite parmi la classe ouvrière en Allemagne et dans toute l’Europe.
Chômage, pauvreté, recul des luttes, démoralisation des travailleurs et montée de l’extrême droite, la chute du mur a été une catastrophe pour la classe ouvrière.
Donc, non, la chute du mur de Berlin n’a pas ouvert une nouvelle ère de liberté ! Pour que ce mot ait une signification pour tous, il faudra que le monde du travail exproprie les grands bourgeois, les industriels et les banquiers pour prendre en main la direction de l’économie et la gérer démocratiquement en fonction des besoins de tous.

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