Editorial

Il faut prendre sur les profits du patronat

Après l’inflation qui a marqué les deux dernières années et qui a déjà durement frappé les classes populaires, le prochain coup va venir des gouvernements européens qui se sont mis d’accord pour imposer une nouvelle cure d’austérité. Ou peut-être devrait-on dire une nouvelle saignée ?
Le parlement européen est en train de finaliser nouvelles règles d’austérité. Selon les estimations du Bureau du Plan, cela impliquerait une réduction budgétaire de 4 à 5 milliards d’euros par pour la Belgique. A titre de comparaison, c’est quasiment le budget de l’enseignement en Wallonie.
Les « critères de convergence » de Maastricht qui imposaient l’austérité au nom de la réduction de la dette ont été mis en suspens durant la période du Covid. Le plus urgent pour les gouvernements était de compenser les effets du virus sur l’économie. Beaucoup d’entreprises ne pouvaient plus fonctionner à cause de la distanciation sociale qui était nécessaire pour limiter la propagation de l’épidémie. Afin de leur éviter la faillite, l’État belge, comme la plupart des autres États, a payé un salaire minimum aux salariés à la place de leur employeur, et a vidé ses caisses pour aider directement des dizaines de milliers d’entreprises. A ce moment-là, plus question de réduire la dette ou de diminuer le déficit. Il a explosé.
Il aurait été possible d’imposer aux entreprises qui ont fait des profits plantureux pendant les années précédentes, de prendre sur leurs réserves pour payer les salaires, quitte à exiger que les actionnaires remettent dans le pot une partie de leurs dividendes. Au contraire, l’État a choisi, comme toujours, d’ouvrir les caisses publiques pour préserver les profits des entreprises. Il était évident que ça impliquait de réclamer aux travailleurs de combler le trou ultérieurement. Il semble que dans l’esprit du gouvernement, ce moment soit arrivé.
A la crise du Covid, s’ajoutent les coûts liés à la guerre en Ukraine. Ce que les dirigeants européens appellent le soutien à l’indépendance de l’Ukraine est en fait une guerre à la Russie, par Ukrainiens interposés. Cette guerre militaire est la suite logique de la guerre économique que les États-Unis et l’Europe mènent au reste du monde, en imposant leurs capitaux, leurs produits, leurs règles et en pillant les ressources des pays moins développés. La guerre a été déclenchée par la Russie mais elle est la conséquence de l’expansionnisme des pays occidentaux vers l’Est. Le gouvernement ukrainien de Zelenski mène la guerre de nos capitalistes contre les capitalistes russes. Il le fait avec le sang des Ukrainiens et les gouvernements européens participent au carnage en finançant l’opération. Cela aussi a vidé les caisses publiques, pour le plus grand bonheur des marchands d’armes et certainement pas pour le bien commun. Là aussi l’État belge, en dignes représentants des intérêts de la grande bourgeoisie, veulent faire payer l’addition aux classes populaires.
À la suite de cette guerre, les ménages populaires ont déjà subi une inflation comme on n’en avait plus connu depuis longtemps, et qui a laissé une marque durable puisque la consommation des ménages est restée basse alors que le prix du gaz, par exemple, est revenu à la normale. Un retour de l’austérité signifierait un recul social supplémentaire. Des services publics nécessaires comme la santé, les transports ou l’éducation deviendraient encore plus squelettiques et les soins de qualité réservés à une élite qui peut se les payer. Le montant des pensions et des allocations sociales sera à nouveau dans la ligne de mire. C’est insupportable.
Les accords de Maastricht ont servi pendant des années comme une arme au service des gouvernements de chaque pays européen contre leur propre population. Pendant des années, ils ont justifié les coupes dans les budgets publics et le blocage des salaires. Cette nouvelle mouture de l’austérité ne vaut pas mieux. Elle est d’autant plus inacceptable que les profits des entreprises n’ont jamais été aussi énormes. L’inflation a directement profité aux actionnaires de la grande distribution, mais ce sont tous les secteurs de l’économie qui ont engrangé des profits. C’est cet argent là qu’il faut prendre ! Il n’y a aucune raison que la dette créée pour le patronat doive être payée par les travailleurs.
Comme toujours, la seule chose qui peut empêcher le gouvernement belge, celui-ci ou le suivant, de passer à l’acte, c’est une mobilisation de l’ensemble du monde du travail. Ensemble, il est possible de bloquer l’économie et de couper la pompe à profits à la source. Le patronat ne comprend que le langage de la force. Notre force, c’est notre nombre, notre unité et notre détermination


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