Editorial

La grève générale… et après ?

Ce lundi 31 mars, une grève générale a paralysé tout le pays. Lancées en front commun syndical, elle a été largement suivie. Les transports publics ont été paralysés, aucun avion n’a décollé de Zaventem. La plupart des grandes enseignes de la distribution affichaient porte close. Les écoles aussi étaient fermées, etc. etc.
Cette mobilisation fait suite aux manifestations du 13 janvier et du 13 févriers, qui ont rassemblé près de 100 000 personnes. Preuve s’il en est que le monde du travail est prêt à se mobiliser.
Les syndicats, qui ont été reçus par Jan Jambon, le ministre des Pensions ce jour-là, ont apprécié « l’écoute attentive » dont ils ont bénéficié. Ils se réjouissent d’avoir pu exprimer leurs revendications. Mais qui peut sérieusement croire que Jambon n’est pas au courant des revendications du monde du travail et qu’il faut qu’une délégation de dirigeants syndicaux aille les lui expliquer de vive voix ? Le ministre, et tout le gouvernement avec lui, savent très bien ce qu’ils veulent : aider le patronat à s’enrichir encore plus, aux dépens des travailleurs, de leurs pensions, de leurs droits sociaux comme l’allocation de chômage et aux dépens des services publics à la population.
De Wever a déclaré le jour même de la grève qu’elle n’allait rien changer à sa politique. Il fallait être bien naïf pour croire qu’il en serait autrement et les directions syndicales ne s’attendaient pas à autre chose, elles ne sont pas nées de la dernière pluie.
L’appel à une grève générale pour le 29 avril, est une fausse marque de détermination. Les dirigeants syndicaux savent qu’il faudrait autre chose qu’une grève générale par-ci et qu’une manifestation par-là pour faire reculer le gouvernement, mais ils n’essaient même pas. En effet, ils savent aussi que le ras-le-bol des couches populaires est tel que si leur colère explosait, il ne suffirait pas de quelques miettes pour la calmer. Elles ne veulent pas prendre ce risque et n'espèrent qu’une chose : maintenir leur place à la table des négociations, se réjouir que monsieur le Ministre les reçoive et les écoute poliment, et continuer à ronronner.
Mais le résultats cette politique est que depuis longtemps les patrons ne voit plus la nécessité de ménage les directions syndicales.
Aujourd’hui, les discours militaristes et patriotiques se déversent en abondances dans les médias. Les grands pays européens entrent en « économie de guerre », la commission européenne a levé les critères de Maastricht qui servaient à justifier l’austérité depuis 1992 ; elle a elle-même prévu un budget de 800 milliards d’euros pour financer le réarmement. Francken veut augmenter le budget de l’armée à 12 milliards d’euros au lieu de 8 actuellement. Ou vont-ils trouver ces sommes pharamineuses sinon dans les poches des travailleurs ?
C’est un véritable rouleau compresseur idéologique que les dirigeants sont en train de mettre en place en utilisant l’épouvantail de la Russie. Il est évident que l’armée de Poutine n’est pas aux portes Europe. Même s’il le voulait, elle en serait incapable. Il suffit pour s’en convaincre de voir les difficultés qu’elle rencontre en Ukraine. Le budget militaire de la Russie est de 150 milliards de dollars, celui des pays européens de l’OTAN est le triple, avec 450 milliards et celui des États-Unis est encore deux fois plus important, approchant les mille milliards. Tous ceux qui oseront défendre pensions, chômage ou soins de santé, seront accusés d’être des égoïstes qui pactisent avec « l’ennemi » et de trahissent leur pays.
En revanche, s’il en est qui veulent en découdre, en commençant par la guerre économique, ce sont les pays impérialistes, les États-Unis et l’Europe en premier lieu, car elle est à leurs yeux la seule porte de sortie à la crise économique actuelle, une crise causée par la concurrence acharnée des grands groupes capitalistes pour contrôler les marchés mondiaux. La guerre commerciale lancée par Trump n’est pas l’acte d’un fou, c’est un épisode de ce bras de fer qui se joue au niveau international et qui ne fera que s’amplifier jusqu’au moment où ce sont les armes qui devront dire qui est le plus fort.
Le capitalisme mène inéluctablement à la guerre et c’est pour cela que ceux dont nous devons nous défendre, ce sont nos propres patrons et leurs serviteurs politiques. « L'ennemi principal est dans notre pays ! » disait le communiste allemand Karl Liebnecht en 1915, pendant la première guerre mondiale. Cela n’a jamais été aussi vrai.
Voilà pourquoi, il est urgent pour les travailleurs de s’organiser eux-mêmes, de ne plus compter sur des directions syndicales car c’est l’avenir de toute la société qui est en jeu.


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