Pendant que De Wever négocie pour former un gouvernement à droite, le patronat utilise ses relais pour faire entendre ses revendications. Comme souvent ces dernier temps, c’est la Banque Nationale qui monte au créneau. Sous le couvert d’études qui se voudraient objectives et qui sont censées fournir des indications pour la politique économique du prochain gouvernement, la BNB, fait écho aux exigences les plus radicales du patronat. Après les attaques contre l’indexation des salaires, avant les élections, ce sont cette fois les pensions et les dépenses publiques qui sont visées. La banque Nationale relaie l’idée que les pensions couteraient trop cher, qu’elles seraient même impayables à long terme et que leurs financement, vu le vieillissement de la population poserait un véritable problème.
Pour les capitalistes, nous vivons dans un monde étrange, où plus la technologie progresse, plus les possibilités techniques permettent de satisfaire les besoins de la population avec moins de travail, plus il faudrait passer son existence à travailler !
Pourtant dans l’histoire de l’humanité, tous les progrès techniques ont amélioré la vie des populations, leur ont permis de vivre plus longtemps, dans de meilleurs conditions, d’avoir du temps libre et de le consacrer à la culture. En réalité, rien n’a changé aujourd’hui. Il n’y a pas de problème de vieillissement de la population, c’est un mensonge. Nous sommes sept milliards d’êtres humains sur cette planète et la productivité du travail, qui n’a jamais été aussi importante, permettrait à tous de vivre décemment en travaillant seulement quelques heures par jour. Alors, où est le problème pour que les anciens vivent décemment eux-aussi et ne se tuent pas à la tâche jusqu’à la fin de leurs jours ? Eh bien il est que nous vivons dans une société capitaliste où les besoins doivent être « solvables », où la production ne sert pas à la satisfactions des besoins de tous mais à la réalisation de profits pour quelques uns. C’est l’organisation sociale capitaliste de cette société qui pose problème, pas le fait que nous soyons nombreux, que nous visions plus vieux ou que la productivité du travail ait augmenté. Au contraire, une société débarrassée de l’exploitation capitaliste, ouvrirait des perspectives inédites pour l’humanité toute entière. Alors oui, prétendre que les travailleurs âgés sont une charge et un problème c’est un mensonge scandaleux. Il suffirait de prendre sur les profits des capitalistes pour régler cette question.
Outre le mensonge, il y a aussi une grande hypocrisie dans les arguments de la Banque nationale qui cherchent à justifier l’augmentation de l’âge du départ à la retraite. Car en parlant de constat, il y en a un qui est incontestable: il y a de moins en moins de travailleurs âgés, les patrons licencient d’abord et en priorité les plus de 50 ans. Augmenter le nombre d’années de cotisation n’obligera pas les patrons à embaucher des travailleurs plus âgés. Qui pourra se targuer de travailler 45 ans, avec le taux de chômage actuel et les licenciements ? Pas grand monde. Il y aura de moins en moins de travailleurs qui auront droit à une pension complète. Résultat, le financement des pensions sera assuré, mais au détriment des travailleurs parce qu’ils devront se contenter d’une pension ridicule. Le patronat ne cherche pas du tout à assurer le financement des pensions des travailleurs, il veut simplement que ce ne soit plus son affaire. Les patrons, toujours à courir après les profits, ne veulent plus payer les pensions, préférant mettre cet argent dans leurs poches. Mais ils n’osent pas le dire ouvertement !
Les larbins du patronat à la Banque Nationale préparent les arguments pour un gouvernement de droite, plus favorable à des attaques frontales contre le monde du travail. Et si la fraction la plus radicale de la bourgeoisie échoue et que le PS se retrouve au fédéral, la politique des grignotages des acquis sociaux et du rabotage des pensions continuera. Exactement comme le PS l’a fait ces dernières années. La soupe idéologique de la BNB leur servira de justification. Dans tous les cas, il faudra que les travailleurs descendent dans la rue.