Les raids israéliens s’intensifient sur Gaza, causant chaque fois son lot de morts dans la population civile. L’opération dite « Bordure protectrice » – comme s’il ne s’agissait pas d’une même longue guerre ininterrompue contre la population palestinienne ! – a officiellement pour but de mettre fin aux tirs de roquettes visant le sud d’Israël.
Cette fois, les opérations prennent prétexte de l’assassinat des trois jeunes Israéliens, étudiants des écoles religieuses, disparus deux semaines plus tôt. Auparavant, la police et l’armée israéliennes avaient lancé une vaste intervention militaire dans les territoires occupés, opérant des centaines d’arrestations arbitraires, des démolitions de maisons supposées abriter des militants islamistes et des exécutions de Palestiniens. On sait depuis que, sous prétexte de rechercher les trois jeunes qu’il savait morts, le gouvernement en a profité pour s’attaquer à des combattants palestiniens.
La mort des trois étudiants a aussi fourni l’occasion à Netanyahou, le Premier ministre israélien, d’afficher publiquement sa détermination à déclarer « la guerre totale » au Hamas. Il le rend responsable, malgré ses dénégations, de l’enlèvement des trois jeunes. Car dans la concurrence qui se joue au sein du gouvernement de Tel Aviv, Netanyahou ne veut pas apparaître comme le plus tiède aux yeux de ses coéquipiers de la droite nationaliste et religieuse.
C’est en tout cas l’extrême droite qui s’est sentie renforcée par ces discours, au point que, le 1er juillet à Jérusalem, on a pu entendre des manifestants hurler « Mort aux Arabes » et que des Palestiniens, en divers endroits, ont été agressés. Le pire a été atteint la même nuit avec l’enlèvement dans le quartier de Chaoufat à Jérusalem-Est, d’un gamin palestinien de 16 ans qui a été ensuite brûlé vif. L’enquête gardée un temps secrète a rapidement révélé que les auteurs de cet acte barbare étaient trois militants ultranationalistes de l’extrême droite israélienne.
Alternant condoléances officielles à l’égard des parents du jeune et ton provocateur envers la population palestinienne, Netanyahou hésite cependant à lancer les troupes sur Gaza. En effet, à part la frange la plus extrémiste, la population d’Israël n’est vraisemblablement pas pressée de voir de jeunes soldats embarqués dans un nouveau conflit meurtrier et de devoir vivre un nouvel état de guerre ouverte. Néanmoins, les bombardements continuent en réponse aux tirs de roquettes et de nombreux chars ont été acheminés à la frontière.
Depuis près de cinquante ans, l’ensemble de la population, Palestiniens des territoires occupés et d’Israël comme Israéliens juifs, est plongée dans une situation inextricable. La politique du gouvernement de Netanyahou, soutenu par les grandes puissances, et en premier lieu par les États-Unis, prive petit à petit les Palestiniens de leurs terres et de leur droit à un État, en développant une colonisation permanente. Au prix d’un état de guerre tout aussi permanent pour onze millions d’habitants, juifs et arabes.
La colère des jeunes Palestiniens, à Gaza comme en Cisjordanie, a éclaté en de multiples affrontements, avec les forces israéliennes mais aussi avec celles de l’Autorité palestinienne, comme récemment lors de l’attaque d’un poste de police à Ramallah. Au point que beaucoup se demandent si l’on n’est pas à la veille d’une nouvelle intifada, un nouveau soulèvement de l’ensemble de la population palestinienne. C’est aussi ce que craint Netanyahou.