La CGSP appelait à une journée de grève générale ce mercredi 22 avril. Une fois de plus, les télés et les journaux ont mis en avant le « coût » de la grève et les « pertes » pour les entreprises. Et les politiciens en ont rajouté une couche dans le sens de la « prise d’otages » par les grévistes.
Ces serviteurs fidèles des plus grands qu’eux, omettent évidemment de dire ce qui les dérange : que ce qui a un vrai coût pour la société, c’est ce système capitaliste dans lequel une minorité s’enrichit au détriment de la majorité. Quand les entreprises gagnent de l’argent, seuls les actionnaires en profitent : elles refusent de payer des impôts et elles exigent l’austérité pour tous sauf pour elles-mêmes. Alors, pourquoi devrions nous pleurer quand elles en perdent ? Cela ne fait aucune différence pour les travailleurs.
Dans sa volonté de réserver une part croissante de son budget aux grandes entreprises capitalistes et aux financiers, le gouvernement pressure les travailleurs, les chômeurs et les pensionnés, qui subissent, dans toute leur férocité, l’avidité patronale et la crapulerie gouvernementale. Aujourd’hui, c’est un gouvernement MR-NVA-CD&V, mais on a eu droit à la même politique quand le PS tenait les rênes, ce qu’il continue à faire en Wallonie.
Les politiciens voudraient bien voir les travailleurs accepter sans mot dire les « lois du marché », qui sont des lois faites par les riches et pour les riches, et dont l’application quotidienne rime avec licenciements, précarité, stress et pauvreté.
Alors, face à cela, il est nécessaire que les travailleurs révoltés par les licenciements, la montée du chômage, la précarisation des emplois et le recul incessant de leur pouvoir d’achat, s’expriment par tous les moyens qui sont à leur disposition pour arrêter cette machine infernale. La grève fait partie de ces moyens et est d’autant plus efficace qu’elle rappelle aux patrons que, sans les travailleurs, leur belle machine économique ne peut pas fonctionner.
Le monde du travail, poussé vers la pauvreté, a toutes les raisons de rejeter la politique menée. Ceux qui n’ont ni capitaux ni rentes et qui ne peuvent vivre que de la vente de leur force de travail sont aussi ceux qui font marcher l’économie. Ils ont du coup la force de faire trembler ceux qui les exploitent et les oppriment. En réagissant collectivement, ils ont le pouvoir de bloquer la pompe à profits qui enrichit les actionnaires et les banquiers.
Il faut cesser de nous taire. La politique d’austérité, la démolition du peu de lois qui protégeaient les travailleurs, les économies sur les services publics, tout cela contribue au recul des conditions d’existence des classes populaires.
Cela ne s’arrêtera pas tout seul. Face à la crise de son économie, la classe capitaliste ne peut sauver les profits de ses entreprises, les dividendes des actionnaires et la fortune des grandes familles bourgeoises qu’en écrasant toujours plus les salaires et en faisant pression sur les travailleurs pour les rendre toujours plus corvéables.
Les anciens se souviennent que, même dans les périodes où l’économie était en croissance, où les affaires de la bourgeoisie allaient bien, les travailleurs n’ont jamais pu faire l’économie des grèves et des luttes. Avec la crise, renouer avec les luttes devient une question de survie.
Bien sûr, une seule journée de grève ne sera pas suffisante. La situation exige des luttes amples, déterminées, allant en s’élargissant au point de faire peur au patronat, au point de menacer ce qu’ils appellent « l’ordre social » mais qui n’est que du désordre qui pèse sur les exploités. Les travailleurs n’ont jamais d’amis au sommet de l’État mais seulement des ennemis entièrement dévoués au grand capital.
La grève générale du 22 avril fait suite aux manifestations de cet hiver qui ont vu jusqu’à 120 mille personnes manifester à Bruxelles. Cela montre que les travailleurs sont encore prêts à se mobiliser. Tout cela peut servir à redonner courage à ceux qui sont aujourd’hui démoralisés, avec le sentiment justifié que leur bulletin de vote ne sert à rien.
Les travailleurs peuvent faire changer les choses, mais leur mobilisation est leur seule arme.