Depuis bientôt un mois, les manifestants affrontent la police à Bujumbura, la capitale du Burundi. Ils veulent empêcher l’actuel président, Pierre Nkurunziza, de briguer un troisième mandat. Une partie de l’armée a tenté de profiter de l’occasion pour s’emparer du pouvoir par un coup d’État le 13 mai, mais elle a échoué. Cependant les manifestations contre Nkurunziza ont aussitôt repris, plus durement réprimées. Les manifestants, accusés d’être complices des putschistes, doivent désormais affronter des militaires lourdement armés. Dans ces conditions, plus de 100 000 Burundais ont déjà fui vers les pays voisins, Rwanda, Tanzanie ou République du Congo.
Aujourd’hui, Nkurunziza s’accroche au pouvoir et à la source de revenus qu’il signifie.
Pour se débarrasser de ce régime corrompu, il s’agit de ne pas se laisser diviser, notamment entre Hutus et Tutsis. Comme au Rwanda, qui formait avant l’indépendance en 1962 une seule colonie avec le Burundi, les anciens colonisateurs belges ont attisé les oppositions ethniques. En octobre 1993, le coup d’État pendant lequel avait été assassiné le président hutu Melchior Ndadaye avait plongé le pays dans une guerre civile qui avait précédé celle du Rwanda voisin.
Ces oppositions semblaient avoir été surmontées ces dernières années, mais l’entourage de Nkurunziza tente de les attiser à nouveau, accusant par exemple les quartiers révoltés d’être des repaires de Tutsis.
Nkurunziza semble prêt à tout pour garder le pouvoir. Mais malgré la répression, nombreux sont ceux qui ne veulent pas lui accorder de sursis et sont prêts à risquer leur vie dans la rue pour le dire.