La crise humanitaire des migrants syriens met le doigt sur l’inhumanité du système capitaliste dans lequel nous vivons.
Il faut d’abord se rappeler que rien que la guerre en Syrie a fait 250 000 morts, et 4 millions de réfugiés, dont deux millions sont en Turquie et presque autant au Liban et en Jordanie où ils représentent 25% de la population. Seuls 7% d’entre eux, soit 270 000 sont arrivés en Europe. C’est une goutte d’eau : 0,1% d’une population totale de 507 millions d’habitants.
Et au delà des chiffres, il y a la réalité humaine de ces familles déracinées, qui fuient des villes détruites, soumises à des bombardements quotidiens, tant de l’Etat islamique que de la dictature d’Assad.
Cette réalité n’empêche pas les politiciens de tous bords de rivaliser de discours plus racistes et plus stupides les uns que les autres.
A Sambreville, un conseiller PS parle de « protéger le pays de l’invasion ». Quelle invasion ? Avec deux réfugiés pour mille belges, on est loin du compte.
A Molenbeek, un édile PS traite les réfugiés de « touristes ». De Croo, le président du VLD, n’a rien d’autre à dire qu’il faudrait évacuer le camp de réfugiés du Parc Maximilien à Bruxelles, car il « nuit à l’image de la ville et à l’ordre public », et il compare ce camp – où il n’a jamais mis les pieds – à un festival de musique.
Francken, le ministre NVA en charge de l’asile, soutenu par Charles Michel, se vante de son action pour l’accueil des réfugiés, mais il soutient son président de parti, Bart de Wever, qui parle de les renvoyer de l’autre côté de la Méditerranée. Et il accuse les réfugiés de se « plaire » dans le camp du Parc Maximilien. Mais s’ils y restent, c’est simplement parce qu’il se trouve en face de l’Office des Etrangers où ils attendent d’être inscrits, et parce que la seule alternative qu’on leur propose est un bâtiment sans douches ni toilettes ! Et le même Francken refuse d’augmenter la capacité de l’Office à traiter les dossiers, ce qui oblige les réfugiés à attendre plusieurs semaines avant même d’être enregistrés.
Alors, certes, ces politiciens admettent formellement qu’il faut bien accueillir les réfugiés. Mais tous leurs actes montrent bien le mépris qu’ils ont pour eux.
Quand à la distinction entre les « bons » réfugiés et les « mauvais » migrants économiques, elle a bon dos ! Car si les Syriens auront officiellement droit à l’accueil, les autres auront droit aux barbelés. Comme si être tués par la misère était plus acceptable qu’être tués par les bombes ! Comme si les millions d’enfants, de femmes et d’hommes condamnés à la misère ne faisaient pas aussi partie des persécutés !
Tout cela mis ensemble vise à représenter les réfugiés, les immigrés et les étrangers en général comme dangereux, comme ceux qui vont faire augmenter la violence, le chômage ou « voler » les allocations sociales des « belges ».
Mais ceux qui sont la cause du chômage, ceux qui paient de moins en moins d’impôts ou de charges sociales, ce ne sont pas les immigrés, c’est le patronat. C’est lui qui a créé les 500 000 chômeurs, à coups de restructurations et de plans de licenciements qui ne visent qu’à augmenter la productivité et réduire les salaires. Les 20 000 réfugiés attendus pour 2015 ne vont rien y changer !
Et s’il y a des réfugiés, c’est parce que la bourgeoisie, pour s’enrichir, a transformé une partie de la planète en enfer pour ceux qui y vivent. Ces guerres à répétition sont le résultat des rivalités politiques des grandes puissances qui sont en concurrence pour le pillage des pays pauvres, en exploitant leurs richesses naturelles ou en les étranglant par l’endettement. C’est dans ces manœuvres et ces rivalités politiques que se trouve l’origine des guerres du Moyen-Orient, d’Afrique et de la misère partout ailleurs.
Et à ceux qui fuient cela, on ne propose que des barbelés et des matraques, on leur dit qu’ils devraient accepter de mourir sous les bombes pour ne pas troubler l’ordre public des européens ?
Les seuls qui soient sincères dans tout ça, ce sont ces dizaines de milliers d’anonymes qui, touchés par la détresse de ces familles en fuite, donnent ce qu’ils peuvent pour améliorer leur situation.
Le problème n’est pas d’accepter ou pas toute la misère du monde, mais de mettre fin à ce système capitaliste qui fabrique tellement de cette misère qu’elle ne peut que déborder comme elle le fait aujourd’hui ! Et dans cette lutte, tous les travailleurs, quelle que soit leur nationalité, se retrouveront ensemble.