Lors de son congrès du 21 avril, le parti socialiste, par la voix de Paul Magnette, a cherché à redorer son image de parti de gauche. En invitant la FGTB et en gratifiant Anne Demelenne d’applaudissements chaleureux, le PS cherchait à afficher l’entente retrouvée avec le syndicat socialiste.
Tirant à boulot rouge « contre la droite arrogante », citant Jaurès, Magnette s’en est pris aux autres partis qui « ne partagent en rien nos valeurs et nos espoirs ». Mais parlons-en des valeurs du PS !
Car celui-ci a beau attaquer pêle-mêle les intérêts notionnels, la fraude fiscale, les grosses fortunes, les plus-values des entreprises, qu’a-t-il fait depuis qu’il est au gouvernement avec Di Rupo comme premier ministre ?
Contre les intérêts notionnels qui distribuent les milliards aux grands groupes capitalistes ? Le PS a laissé la combine tourner à pleins tubes en permettant à des entreprises comme Caterpillar ou Arcelor de ne payer quasiment aucun impôt tout en licenciant à tour de bras !
Contre la fraude fiscale ? Le PS a continué à dégraisser les services publics, y compris ceux qui luttent contre la fraude fiscale et qui, de l’aveu même des fonctionnaires, manquent des moyens nécessaires pour traquer les fraudeurs de haut vol !
Le PS s’en est-il pris aux plus-values gigantesques et aux grosses fortunes pour alimenter le budget de l’Etat ? Non, il est allé chercher l’argent dans la poche des travailleurs en imposant le gel des salaires, dans celle des chômeurs en accélérant la dégressivité des allocations de chômage, et dans celle des anciens en compliquant l’accès à la retraite, tout ça alors que le chômage fait des ravages dans la population. Sans oublier les coupes claires menées dans le budget des soins de santé ou celui de la SNCB.
Alors, quand on entend Magnette dire que « le PS a assaini les finances publiques de manière juste et efficace » et qu’il a « évité les mesures odieuses et de régression sociale », il ne manque pas de culot !
Comme tous les partis respectueux du capital, il fait payer la crise économique aux travailleurs et aux pauvres. Comme tous les partis européens, qu’ils soient de gauche ou de droite, le PS a fait le choix de sauver la mise à la bourgeoisie en essayant vaille que vaille de sauver son système économique injuste et anarchique.
Cette politique des partis socialistes choque évidemment de nombreux travailleurs qui ne se sentent plus représentés par les partis de gauche traditionnels. Ce mécontentement dans le monde du travail s’est notamment exprimé au sein des organisations syndicales.
Alors que Demelenne a fait ostensiblement signe d’allégeance au PS, la régionale FGTB de Charleroi, rejointe par son homologue de la CNE, a convié les déçus du PS à se retrouver lors d’un meeting « pour construire ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste ». Cette appel, initié par un haut cadre de la FGTB, en direction des désenchantés de la social-démocratie afin de construire un parti politique à gauche de la gauche n’est pas le premier du genre en Belgique, ni en Europe d’ailleurs. Chez nous ces essais ont vite tourné court, mais d’autres tentatives similaires ont eu plus de chance, comme en témoigne le Front de Gauche de Mélenchon en France, ou Die Linke en Allemagne.
Alors oui, il est plus qu’urgent de reconstruire un parti qui défende les intérêts des travailleurs. Mais un parti qui serait un remake radicalisé des partis socialistes est une fausse voie. Pour lutter réellement contre les attaques des patrons et du gouvernement, il faut un parti qui se positionne clairement sur le terrain de la lutte des classes, qui dise clairement que les intérêts des travailleurs et des bourgeois sont irréconciliables et qu’un jour il faudra en finir avec ce système capitaliste. Un parti qui, au lieu de se cantonner à l’arène électorale, organise au quotidien la lutte dans les usines et dans la rue. Ce parti devra renouer avec les idées communistes et révolutionnaires du mouvement ouvrier qui, il y a déjà un siècle, se donnait comme perspective le renversement du capitalisme afin de bâtir un monde plus juste.