C’est aussi la rentrée pour les politiciens, avec cette année la perspective des élections fédérales, régionales et européennes qui auront lieu au mois de juin prochain, même si tous jurent ne pas encore y penser…
Du côté des partis au gouvernement, l’heure est à l’autosatisfaction… En effet, certains indicateurs économiques sont relativement positifs – comme celui du PIB par exemple – mais c’est plus la conséquence d’une certaine accalmie dans la crise mondiale que de l’action du gouvernement belge, contrairement à ce que disent Milquet, Onkelinx et consorts qui s’en attribuent évidemment le mérite !
Or, s’il y a une amélioration, elle n’est pas perceptible par les travailleurs, ni au niveau de l’emploi, ni au niveau des salaires ! Au contraire, le bilan social est catastrophique : les entreprises continuent à restructurer (près de 7000 licenciements collectifs en 6 mois), les budgets des services publics sont réduits à peau de chagrin et le nombre de chômeurs et de pauvres continue à augmenter, surtout dans le Hainaut et à Bruxelles où le chômage touche 25% des jeunes.
D’ailleurs, tant au PS qu’au CDH, on n’a que le mot « jeunes » à la bouche. A défaut de promettre des emplois, Demotte, Onkelinx ou Milquet promettent des formations ! Mais, malgré les beaux discours, les budgets restent limités et la preuve en est que les jeunes profs quittent l’enseignement dès qu’ils le peuvent tellement les conditions de travail y sont mauvaises. Et puis, surtout, ce discours politique sous-entend que s’il y a du chômage, c’est parce que les jeunes seraient mal formés. Or, avant de mettre en cause la formation, il faudrait déjà que les entreprises créent des emplois !
Mais pour ça, les patrons se font prier. Pourtant les entreprises, surtout les grandes, font des profits. L’argent circule à flots dans les bourses, mais on ne les voit pas investir dans des activités qui créent de l’emploi mais qui leur rapportent moins…
Or sur ce point, justement, tout le monde politique est d’accord : de Reynders à Di Rupo tous répètent que le problème c’est la compétitivité, le coût du travail. Magnette, qui se plaint que le MR le présente comme un « gauchiste », ne dit rien d’autre : « il faut que le coût des travailleurs qualifiés soit plus bas pour l’employeur ». Et Sabine Laruelle, la Ministre MR des PME, veut pour sa part 5 milliards d’euros afin de réduire les charges sur les entreprises. Evidemment, elle présente cela comme une mesure pour les petites entreprises et les indépendants qui forment le gros de l’électorat du MR ; mais que ce soit pour les petites ou les grandes, les cadeaux fiscaux au patronat ont toujours fini dans ses poches et n’ont jamais créé le moindre emploi.
Côté flamand, les choses sont rendues plus complexes par la concurrence de la NVA, qui continue sa surenchère régionaliste pour continuer à grignoter des portefeuilles. Son secrétaire général, Siegried Bracke a laissé entendre que son parti serait prêt à mettre la sourdine sur le régionalisme et à aller au gouvernement fédéral sur base d’un programme « socio-économique », sans régionalisation supplémentaire. Ce programme, comme la NVA l’a rappelé lors de son congrès d’automne, consiste à réduire les impôts des entreprises d’un côté et réduire les dépenses sociales de l’autre… un refrain connu, que rien ne différencie de celui du VLD qui, lui, propose pour cette rentrée des « flexijobs », maxi-heures, mini-salaires et quasiment aucune charge !
Le fait que le MR ait, par la bouche de Reynders, dit qu’il était prêt à collaborer avec la NVA prouve simplement que la NVA n’est pas un parti différend des autres, comme elle le prétend. La NVA a construit son influence électorale sur le repli régionaliste dans un contexte de crise économique. Le MR, lui, flatte les petites entreprises et les indépendants, tandis que le PS joue au protecteur des couches populaires, etc. Mais tout cela, ce ne sont que des discours et tout ce beau monde collabore finalement très bien sur une idée commune : le rôle de l’État, c’est d’aider les entreprises à faire des profits, par des aides directes ou en réduisant le pouvoir d’achat des travailleurs.
C’est pour cette raison que l’on ne peut rien attendre des gouvernements dans un État capitaliste, quels que soient les partis qui le dirigent ; et c’est ce qui rend nécessaire qu’il y ait des mouvements sociaux massifs, venant de l’ensemble des travailleurs pour exiger que l’intérêt de tous passe avant celui d’une minorité privilégiée.