En cette fin d’année 2013, les patrons partent en campagne, à nouveau, pour réclamer des baisses de salaire à tous les niveaux.
Leurs représentants, qu’ils soient ministres ou chefs de parti, leur emboîtent docilement le pas, mettant au service des intérêts financiers des patrons leurs théories fumeuses, concoctées dans les salons. Car pour tout ce beau monde, dont les rémunérations sont plusieurs dizaines de fois supérieures aux nôtres, baisser les salaires – les nôtres évidemment – cela s’appelle « relancer la compétitivité des entreprises. »
Ainsi, Pieter De Crem, vice-premier ministre CD&V, réclame-t-il pour les années à venir une « modération salariale ». Du côté wallon, le CDH dit la même chose. Luc Coene, le gouverneur de la banque nationale, réclame de s’en prendre aux acquis sociaux : recul de l’âge de la pension, diminution du montant de la pension pour les travailleurs ayant connu des périodes de chômage, saut d’index, baisse des cotisations patronales, hausse de la TVA. Toutes ces mesures ont un point commun, c’est qu’elles nous rendront, si elles sont appliquées, la vie encore un peu plus difficile dans les années à venir.
L’indexation ne fait qu’aligner les salaires et les allocations sur le coût de la vie, quand celui-ci augmente. C’est un mécanisme indispensable à la préservation de notre niveau de vie, et chacun sait comment il est de plus en plus difficile, à la fin du mois, de payé toutes les factures avec ce qu’on touche comme salaire. La baisse des cotisations patronales fera qu’il y aura moins d’argent pour les services publics : hôpitaux, écoles, routes et autres services à la population. Quant à la TVA, il s’agit de l’impôt le plus injuste puisqu’il pèse davantage sur les couches populaires que sur les riches.
En fait, la « compétitivité des entreprises», cela veut dire, dans la bouche des patrons, augmenter sans cesse les profits des actionnaires en réduisant à la portion congrue la part des travailleurs. Quant à la théorie qui voudrait que la baisse des salaires inciterait les patrons à investir dans de nouveaux secteurs, en créant de nouveaux emplois, c’est un écran de fumée: les profits ne font qu’augmenter, les riches deviennent toujours plus riches et cela n’empêche pas le nombre des emplois de diminuer car les patrons licencient à tour de bras ! S’ils le peuvent, il ne payent qu’un seul travailleur pour faire le travail de deux ou trois. Seule une réaction du monde du travail les en empêchera.
Une autre mesure de « relance économique » qui a la cote dans les discours patronaux, c’est la dégressivité des allocations de chômage. Celle-ci serait censée « inciter » les chômeurs à trouver du travail. Quelle hypocrisie ! Avec les licenciements qui ont eu lieu ces dernières années, le nombre d’emplois disponibles ne cesse de diminuer. Depuis 2010 en Belgique, 44.390 emplois ont été perdus, rien que dans les procédures de licenciements collectifs, et donc sans même tenir compte des non-remplacements pour départ à la retraite, etc. En Wallonie depuis 2008, le Forem a de moins en moins d’emplois à proposer aux chômeurs inscrits : 16% d’emplois en moins en 2013 par rapport à 2012, selon les propres chiffres du Forem. Non, la vraie fonction des diminutions et suppressions d’allocations de chômage, c’est de pousser vers la précarité un certain nombre de travailleurs, qui seront ainsi disposés à accepter n’importe quel travail, même mal payé. Et qui feront ainsi baisser les salaires pour l’ensemble des travailleurs par leur mise en concurrence sur le marché de l’emploi.
Les partis de la bourgeoisie, des socialistes aux libéraux, sont là pour défendre ses intérêts : plus d’argent pour les profits, moins pour les salaires, les allocations, les services publics. Nous avons besoin, nous aussi, d’un parti qui défende nos intérêts, les intérêts des travailleurs, et qui fasse entendre que notre qualité de vie passe avant les dividendes des actionnaires. Et comme ce parti ne va pas sortir des salons de la bourgeoisie, il va falloir le créer nous-mêmes et nous organiser pour défendre nos salaires, nos emplois et nos conditions de travail. Il n’y a pas d’autre voie.