Nico Cué, le secrétaire général de la FGTB métal pour la région Wallonie-Bruxelles a exposé dans une interview son mécontentement par rapport à la politique menée par la direction de la FGTB.
Dans la presse bourgeoise, il passe pour faire partie de l’aile radicale de la FGTB. Si l’on voulait être un peu plus sérieux que les journalistes, on parlerait de radicalisme de façade.
Le dirigeant du Métal découvre que la situation du monde du travail est intolérable. Et il dit ne pas comprendre pourquoi il n’y a pas de luttes contre l’austérité.
Nico Cué critique la direction et Anne Demelenne, responsable du manque d’initiative pour lancer la contestation. Pour lui, « la structure fédérale freine. Ce n’est pas nouveau, elle a toujours freiné. Sauf que là, elle freine un peu trop ». Il tente de décocher une flèche à la direction de la FGTB. Que d’hypocrisie, car Cué fait lui-même partie de l’appareil bureaucratique de la FGTB et on ne l’a jamais entendu faire appel aux travailleurs pour les encourager à entrer en lutte.
S’il n’y a pas de grand mouvement d’ensemble, la direction de la FGTB en porte une part de responsabilité, car elle ne prend pas l’initiative de l’organiser. C’est un fait. Mais nous n’avons aucune illusion sur le fait que la bureaucratie puisse prendre une telle initiative.
Elle vit du consensus social avec le patronat et n’a pas intérêt à ce que les travailleurs prennent leur sort en main.
Ingénu, Cué se demande même s’il ne serait pas temps de rentrer en rupture avec un système qui nous ramène un siècle en arrière. C’est bien parce que ce système capitaliste n’est pas réformable, qu’il est vital pour la classe ouvrière de reconstruire un parti révolutionnaire avec des militants actifs, entre autres, dans les syndicats.
On peut supposer sans crainte de se tromper, que la sortie de Cué exprime la lutte entre chefs à la tête de l’appareil. Cué a d’ailleurs préféré parler dans la presse bourgeoise plutôt que de mener ces discussions dans les entreprises lors d’assemblées avec les travailleurs.
D’ailleurs, comme tous les bureaucrates, Cué fait la morale aux travailleurs. Il les juge responsables de la dégradation de leurs conditions de vie, parce qu’ils ne seraient plus aussi combatifs. Or, l’absence de luttes est aussi le résultat du chômage qui pèse lourdement sur le monde du travail. Licenciements, fermetures d’entreprises sont des situations qui mettent les travailleurs dans une position défensive, ce qui n’est jamais le plus favorable pour un mouvement social. Ne pas comprendre cela, s’étonner comme le fait Cué, que la crise ne provoque pas la révolte, montre bien que ces bureaucrates ont des préoccupations bien éloignées de celles des travailleurs, qu’ils ne comprennent pas leurs craintes. Les travailleurs attendent d’une direction du mouvement ouvrier qu’elle prenne l’initiative de proposer une politique en vue de lutter pour la défense de leurs intérêts. En cela, ils ont raison. Malheureusement, depuis longtemps ce sont des bureaucrates syndicaux qui sont à la tête du mouvement ouvrier et non des révolutionnaires. L’ordre de bataille ne viendra donc pas d’en haut, ce qui n’empêche pas que les travailleurs dans leur entreprise essayent de se défendre. Mais c’est au coup par coup, en ordre dispersé ; ce que chaque gréviste ressent amèrement. Il n’est pas facile qu’un mouvement, au départ local s’étende et se renforce, même si c’est une nécessité ressentie par tout le monde. C’est d’autant plus difficile que, depuis des dizaines d’années, les coups portés par la bourgeoisie n’ont pu être contrés, et la bureaucratie syndicale en porte une grande responsabilité. Aujourd’hui, il faut que les travailleurs reprennent confiance en eux-mêmes. Il n’y a pas d’autre alternative.