A l’approche des élections, les partis bourgeois commencent à dégainer promesses et programmes supposés leur gagner les faveurs des électeurs.
Mais comment se différencier alors qu’ils gouvernent ensemble depuis cinq ans aux niveaux fédéral, régional et local dans différentes formes de coalitions ? Ils ont tous été d’accord pour sauver les banques de la faillite et en leur ouvrant largement les cordons de la bourse. Ils sont encore tous d’accord pour au contraire réduire les budgets publics, que ce soit au niveau de l’État fédéral, des régions, des communautés ou des communes. Tous les budgets ont été coupés : écoles, hôpitaux, communes. Partout, on entend les cris d’alarme de ceux qui sur le terrain n’arrivent plus à remplir leur mission vis-à-vis de la population. Les communes sont tellement étranglées qu’elles vont devoir licencier entre deux et trois mille personnes en Belgique cette année.
La Belgique, comme le reste du monde impérialiste, voit un écart grandissant entre d’un côté la majorité de la population laborieuse dont le niveau de vie se dégrade à grande vitesse, et à l’autre bout de l’échelle, une minorité de grands bourgeois de plus en plus riches. Cette injustice flagrante montre aux yeux de tous que ce sont les couches populaires qui sont les seules à payer le prix de la crise créée par les aventures financières de ces bourgeois assoiffés de profits.
Les partis politiques aujourd’hui au pouvoir ont géré cette crise et ont justement permis que les riches s’en sortent la tête haute, tandis que les pauvres sont noyés dans les difficultés, le chômage et la précarité. Maintenant, face aux élections qui approchent, ils se présentent comme soucieux d’une certaine apparence de justice sociale. Comme ils sont tous d’accord sur les objectifs, ils doivent se différencier par les méthodes. C’est ce qui donne lieu au débat actuel sur la réforme fiscale.
Le MR n’y va pas par quatre chemins : il se présente comme le protecteur des « classes moyennes » et réclame en vrac : réduction du taux de l’impôt sur les entreprises de 33% à 23%, augmentation du seuil d’imposition pour les tranches supérieures et, cerise sur le gâteau, renforcement du système des intérêts notionnels qui permet aux grandes entreprises de ne payer quasiment aucun impôt. Comme il en faut bien un peu pour les plus pauvres, le MR propose de supprimer l’impôt pour ceux qui gagnent moins de 13000 euros par an. Cela coûterait entre 5 millions d’euros (selon le MR) et 20 millions selon une estimation universitaire. Et pour financer tout cela, le MR ne propose rien de mieux que de réduire encore plus les dépenses publiques !
Alors, évidemment, un tel programme ne peut satisfaire que ceux qui se soignent dans des cliniques privées et envoient leurs enfants dans des écoles huppées.
Le CDH va dans le même sens, celui de la réduction des impôts sur les entreprises. Il veut supprimer les intérêts notionnels mais il propose à la place un système de déduction sur investissements qui revient grosso-modo au même… Comme le MR, le CDH propose de réduire les impôts sur les plus pauvres, histoire de se donner un vernis social.
Quant au PS, il tente un tour de passe-passe : on garde les mêmes bonnes vielles recettes, mais on les arrange différemment : on ne va pas réduire les impôts mais donner un « bonus fiscal », et au lieu de parler de « réductions de charges », on va dire « bonus social». Mais dans le fond, le PS ne fait que proposer de réduire le coût du travail pour le patronat par une baisse supplémentaire des charges sociales. Or, même les économistes travaillant pour les grandes banques disent que ces réductions de charges sociales n’ont jamais créé aucun emploi ! Et quand il s’agit de taxer les riches, Magnette clame sur sa gauche qu’il veut introduire un impôt sur la fortune, tandis que sur sa droite, il minimise en disant que cela ne touchera que les 80 000 bourgeois les plus riches, et avec un taux de seulement 1% ! Ce n’est certainement pas cela qui va améliorer le sort des couches populaires, mais le PS compte là-dessus pour se donner un vernis de gauche et conserver les votes des travailleurs.
Tous ces programmes électoraux vont dans le même sens : dérouler le tapis rouge devant le patronat. Or, il faudrait au contraire, que les travailleurs leur demandent des comptes. Il faudrait le remboursement par les actionnaires de toutes les aides qu’ils ont reçues depuis des années, l’augmentation générale de tous les salaires et l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices !