La défaite cinglante du Parti socialiste aux élections communales qui viennent de se dérouler en France a donc poussé Hollande à sacrifier le Premier ministre Ayrault et à le remplacer par Valls. Tous les commentateurs glosent déjà sur le « changement ». Mais personne ne peut croire qu’il suffira de remplacer un ministre par un autre pour mettre un coup d’arrêt au chômage et au recul des conditions de vie !Cela ne changera rien au fait que le gouvernement n’a pas de prise sur l’économie capitaliste. Ayrault a été impuissant face à la crise, comme l’a été le duo Sarkozy-Fillon et comme le sera le prochain attelage ministériel.
La personnalité de Hollande n’y est pour rien. Hollande, Sarkozy et ceux qui rêvent de les remplacer, Le Pen comprise, se placent tous dans le cadre de la société capitaliste dominée par la bourgeoisie. Ils s’engagent à gérer ses affaires et se mettent de fait sous la dépendance du grand patronat et des financiers qui font et défont l’économie.
Autant dire que le remaniement gouvernemental, censé répondre au désaveu exprimé dans les urnes, ne changera que la vie des ministres d’hier et de demain.
Le fait marquant des élections a été une abstention record pour ce type d’élection. Elle affecte particulièrement l’électorat populaire qui avait l’habitude de voter à gauche. C’est donc clairement un rejet profond de la politique ouvertement pro-patronale et anti-ouvrière du gouvernement Hollande-Ayrault. Même ses alliés écologistes s’en sont mieux tirés !
À la crise et aux attaques patronales, s’est ajoutée la politique anti ouvrière du gouvernement. Au chômage, se sont ajoutés le chantage à la compétitivité, la flexibilité, les reculs des droits sociaux légalisés par le gouvernement. Au recul des salaires et du pouvoir d’achat se sont ajoutées les augmentations d’impôt.
La victoire de la droite est la conséquence du rejet massif du PS par les classes populaires. Les électeurs de droite ont voté là où les électeurs de gauche se sont abstenus pour ne pas cautionner les représentants d’un gouvernement qui les piétine.
L’autre fait marquant des élections françaises est la progression significative du Front National. Pour une part, cette progression vient de l’électorat traditionnel de la droite. Un électorat réactionnaire et anti-ouvrier qui, au fur et à mesure que le FN acquiert droit de cité dans les médias, que son langage de haine à l’égard des immigrés est repris par les ténors de la droite parlementaire, voire par des ministres socialistes, n’hésite plus à voter pour l’extrême droite.
Une partie de ces votes vient cependant d’une fraction de l’électorat ouvrier qui, frappée par la crise et les licenciements, par déception à l’égard de la gauche, ses reniements et ses trahisons, a cru marquer son désaveu du gouvernement socialiste en votant pour des listes du FN. C’est un vote contre son propre camp car le FN défend tout autant les intérêts du grand patronat et des riches que le duo PS-UMP, en étant, en plus, porteur d’une politique plus ouvertement réactionnaire.
Il existe néanmoins un courant dans la classe ouvrière qui, en dehors du jeu des politiciens bourgeois, met en avant le combat des travailleurs pour leurs intérêts de classe. Cela s’est exprimé par près de 72 000 électeurs qui ont voté pour les listes de Lutte Ouvrière, affirmant ainsi un rejet de l’ordre capitaliste et de l’exploitation qui mènent toute la société vers la catastrophe. Même faible, la persistance de ce courant est un encouragement pour tous les travailleurs.
Les travailleurs ne peuvent attendre des urnes aucun changement pour leur vie. Il n’y a de salut pour les exploités que dans leur propre lutte collective, consciente, contre leurs exploiteurs et contre les gouvernements à leur service. Ils ont la force de défendre leurs conditions d’existence en faisant reculer le grand patronat car l’économie ne peut pas se passer de travailleurs alors qu’elle pourrait très bien se passer d’actionnaires, de banquiers et de spéculateurs !
C’est pour exprimer la nécessité de ce combat commun que La Lutte présente des candidats aux élections du 25 mai prochain en Belgique. Car, ici aussi, le PS a fait une politique anti-ouvrière, défendant le monde du travail en mots, tandis que dans les actes, il met en œuvre l’austérité pour le monde du travail, et les cadeaux pour le monde patronal. Et donc, ici aussi, si l’on ne veut pas se contenter d’un simple jeu de chaises musicales au gouvernement, il est nécessaire que les travailleurs expriment haut et fort leur propre voix, d’abord dans les urnes et ensuite dans la rue !