Après les autres partis, la NV-A de Bart de Wever a à son tour publié son programme électoral. Il fallait s’y attendre : c’est écœurant à tous les niveaux !
La NV-A commence par agiter l’épouvantail de l’insécurité : plus de policiers dans les rues, une justice plus répressive, et la double peine pour les condamnés d’origine étrangère : d’abord la prison, ensuite l’expulsion. Le sous-entendu est clair : s’il y a de la délinquance, ça doit obligatoirement être les pauvres et les étrangers ! Et pas un mot sur les patrons qui, en licenciant, en délocalisant et en ne payant pas leurs impôts créent cette misère et cette insécurité.
Ensuite sur le plan économique : 17 milliard d’économies, gel de l’index, réduction du budget des soins de santé et des remboursements des examens médicaux, limitation des allocations de chômage, suppression de la prépension et allongement de la durée du travail requise pour avoir droit à une pension complète. Voilà le programme pour les pauvres.
Il est évident que ce n’est pas en plongeant encore plus les gens dans la misère qu’il y a aura plus d’emplois, ni que l’insécurité va diminuer ! Ce n’est pas en réduisant les budgets que les transports ou les hôpitaux publics vont mieux fonctionner.
Par contre, le programme de la NVA met les patrons à la fête : baisse des impôts sur les entreprises et les hauts revenus, augmentation de la flexibilité et octroi de plus de facilités pour licencier, etc. Bart de Wever voudrait aussi plus de « concurrence fiscale » entre les régions afin que les patrons puissent profiter des charges et des salaires les plus bas.
Au bout du compte, ce que la NV-A prend aux travailleurs en s’attaquant aux salaires et aux services publics, elle le redonne directement au patronat. Son programme flatte la petite bourgeoisie en allant même jusqu’à prétendre que c’est la classe moyenne qui crée les richesses ! Il la flatte en répétant que l’État coûte cher, que les travailleurs coûtent cher. En face, les bourgeois attendent de l’État qu’il les « aide » avec des subsides.
Le discours régionaliste de la NV-A n’a pour but que de détourner l’attention de son programme économique en faisant porter le chapeau de la crise par d’autres : ce sont l’Etat fédéral, la Wallonie, les francophones qui seraient responsables de la crise qui frappe la Flandre. Comme si la crise n’était pas mondiale et comme si les patrons flamands n’exploitaient pas les travailleurs flamands avec autant d’achar¬nement que les autres !
Les discours de la NV-A sont un poison pour le monde du travail et visent à diviser les travailleurs flamands, wallons et étrangers, alors qu’ils ont au contraire tout intérêt à s’unir face au patronat qui les exploite indistinctement par delà les communautés et les nationalités.
Evidemment, les autres partis, du PS au MR en passant par le CdH et le SP.A ont crié au loup. Les uns pour dénoncer la provocation antisociale, les autres pour défendre l’unité de la Belgique. Paul Magnette a joué les Don Quichotte à la télé contre Bart de Wever. Le MR a « rejeté en bloc » le programme de la NV-A, qui n’est pourtant pas si différent du sien. Même le très libéral VLD juge ce programme imbuvable. Alors, oui, à côté du programme de choc du parti de De Wever, les socialistes n’ont pas de mal à paraître « de gauche ». Mais quels arguments ont-ils ? D’avoir réduit le chômage et augmenté le pouvoir d’achat ? Bien sûr que non ! Magnette et Onkelinx, en chœur avec Charles Michel, mettent en avant qu’ils ont justement déjà réduit le budget de l’Etat, les droits des chômeurs, les dépenses de santé et tutti quanti. Bref, ils se vantent d’avoir commencé sur la voie de la NVA, le séparatisme en moins…
Les travailleurs, les chômeurs et les pensionnés n’ont rien à attendre de ces politiciens, ni de gauche, ni de droite. Ils doivent mettre en avant leur propre programme : interdire les licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices, mettre les comptes des banques et des grandes entreprises sous leur contrôle, ainsi que les prix et l’index. Ce sont les revendications d’un programme d’urgence pour les classes laborieuses, qu’il faut populariser et se préparer à défendre par la mobilisation de tous.