Il aura fallu que le nombre de malades et de décès soient multiplés par trois en deux mois, pour atteindre 5000 morts sur 10000 cas, et que la contamination atteigne les pays riches, pour que les dirigeants américains et européens se décident à mobiliser de plus grands moyens.
En effet, seuls un quart des milliers de lits nécessaires pour isoler les malades sont actuellement disponibles dans les centres de traitement où le personnel médical qualifié manque cruellement. Et jusqu’à présent, à peine 40% du milliard d’euros requis pour combattre l’épidémie de fièvre hémorragique ont été versés par les pays riches. Le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée, appauvris par des siècles d’exploitation coloniale et dévastés par des décennies de guerres civiles et de dictatures provoquées par la politique impérialiste des grandes puissances, sont les plus en proie à l’épidémie mortelle. À Monrovia, la capitale du Liberia, les cadavres pourrisent dans les rues. Faute de moyens pour isoler les malades, ce sont des villages, des bidonvilles entiers qui sont mis en quarantaine et livrés à la maladie. L’est de la Sierra Leone, en quarantaine depuis août, a déjà connu une émeute réprimée mortellement par les autorités. Les dirigeants impérialistes envoient bien plus de militaires que de médecins en Afrique de l’Ouest, car leur souci est bien plus de maintenir l’ordre que de mettre fin à l’épidémie. Les puissances impérialistes se sont imposées comme coordinatrices de l’aide internationale dans leurs zones d’influence respectives, les États-Unis pour le Liberia, la Grande-Bretagne pour la Sierra Leone et la France pour la Guinée. Et cette aide est dérisoire par rapport aux dépenses militaires pour , par exemple, contrôler le Moyen-Orient, car les profits pétroliers comptent bien plusque la vie de dizaines de milliers d’Africains !
Mais la vie des populations européennes et américaines ne compte pas beaucoup plus. Les restrictions budgétaires dans la santé, le manque de matériel médical et de lits, l’insuffisance du personnel et la surcharge de travail dans les hôpitaux sont déjà responsables aujourd’hui d’une mortalité accrue et se révéleront catastrophiques en cas d’épidémie majeure. En Belgique, seuls trois hôpitaux sur les huits théoriquement aptes ont accepté de recevoir et de traiter des malades d’Ebola. Les autres ont refusé par manque de moyens et de formation du personnel. Aux États-Unis, ce manque de moyen et de formation se traduit par le fait que les travailleurs de la santé de retour d’Afrique de l’Ouest sont maintenant mis en quarantaine et interrogés comme des criminels.
Le virus d’Ebola a été découvert en 1976 et si aucun vaccin n’a été développé depuis, c’est parce que l’Afrique pauvre ne constitue pas un marché suffisamment profitable pour les multinationales pharmaceutiques. Maintenant que l’épidémie touche les pays riches, la communauté européenne débloque des fonds. En Belgique, GlaxoSmithKline recevra plus de 15 millions d’euros pour « mener des essais cliniques en Europe et en Afrique sur le candidat-vaccin le plus avancé » ; à comparer aux moins de 10 millions d’euros d’aide humanitaire que le gouvernement belge veut bien octroyer pour l’Afrique de l’Ouest toute entière ! Le fléau est bien moins Ebola qui peut être soigné par un vaccin que l’économie capitaliste et la domination impérialiste qui maintiennent l’écrasante majorité de l’humanité dans le sous-développement le plus total.