Les politiciens réactionnaires, de la N-VA ou du VLD, mais aussi parfois du PS, s’affichent ouvertement contre l’accueil des réfugiés. Ils les dénigrent en refusant de reconnaître qu’ils viennent de pays en guerre, comme si les bombes étaient imaginaires, comme si les centaines de milliers de morts n’étaient qu’une invention.
Et ils nous font le coup de l’invasion : le premier ministre hongrois Viktor Orban, parle de la menace contre l’Europe « chrétienne », la députée française de droite Morano a déclaré « nous sommes un pays judéo-chrétien, de race blanche… je n’ai pas envie que la France devienne musulmane ».
Ces politiciens-là jouent sur la peur de l’étranger, comme si c’étaient les réfugiés allaient être responsables de l’aggravation du chômage ou du déficit de l’assurance pension. Cela est évidemment faux.
Mais le reste des politiciens ne vaut pas mieux. Certes, ils reconnaissent le droit des peuples à fuir la guerre et à trouver un abri temporaire dans un autre pays, mais pour un certain temps seulement… car après, ils devront repartir. Ce n’est qu’une manière plus « politiquement correcte » de dire la même chose : la venue d’étrangers est un problème pour les « nationaux ».
Or, nous savons que la cause du chômage n’est pas lié au nombre de travailleurs, mais dans les restructurations systématiques que font les grandes entreprises pour réduire leurs coûts de fonctionnement. L’idée qu’il faudrait réguler la population en fonction des capacités productives est ancienne, elle a été formulée par un certain Malthus dès 1796 ! Si l’on poussait ce raisonnement à l’extrême, il faudrait réduire la population à chaque fois qu’une entreprise trouve un moyen de faire plus avec moins de moyens ! Ces idées sont fausses car elles ne prennent pas en compte l’augmentation de la productivité qui permet de produire largement assez pour tous avec moins de travail.
Et tous ces politiciens le savent très bien. Comme ils savent que le patronat a un intérêt à ce que le chômage perdure car cela lui permet de faire baisser les salaires en utilisant le chantage à l’emploi.
Ces discours anti-immigrés servent à essayer de faire croire aux travailleurs que la cause de leurs problèmes n’est pas dans le capitalisme, n’est pas dans l’avidité des capitalistes, mais se trouverait dans le trop grand nombre d’étrangers.
Le discours n’est pas neuf. Déjà, au 19ème siècle, bien avant que le capitalisme ait conquis le monde entier, Marx et Engels écrivaient déjà que « la domination de la bourgeoisie n’est fondée que sur la concurrence des ouvriers entre eux, c’est-à-dire sur la division à l’infini du prolétariat, sur la possibilité d’opposer entre elles les diverses catégories d’ouvriers ». C’est face à cette situation que le mouvement révolutionnaire communiste a constitué son programme. Tout le combat de Marx et d’Engels, portait sur la nécessité de l’union des travailleurs.
Les capitalistes et les politiciens qui sont à leur service en sont conscients et ont toujours cherché à empêcher cette unité et à renforcer les divisions : employés contre ouvriers, secteur public contre secteur privé, flamands contre francophones, belges contre étrangers, etc.
Bart de Wever accuse les marocains d’être : « des communautés fermées, avec une défiance envers les autorités ». Son venin rappelle celui de la presse bourgeoise qui écrivait en 1896 : « Ils arrivent comme des sauterelles. Ils sont sales, tristes… Ils vivent entre eux, demeurant étranger au peuple qui les accueille, travaillants à prix réduits » De qui parle-t-on ? Des italiens ! A la même époque, les belges étaient traités en France de « pots de beurre » et de « vermine », la propagande xénophone les accusait de voler le travail des français dans les mines.
Aujourd’hui, belges, français et italiens travaillent côte-à-côte, ainsi qu’avec des collègues de toutes origines. On pourrait rire de ces discours xénophobes si on ne les entendait pas encore aujourd’hui.
Ceux qui cherchent à nous diviser trouvent toujours de bonnes raisons. Les uns sont fainéants, les autres sont voleurs. Aujourd’hui, on nous parle de religion : il y aurait paraît-il un « problème » pour intégrer des musulmans. Un des arguments utilisés est le caractère patriarcal de la culture islamique et du statut inférieur dans lequel elle relègue la femme.
Certes, mais cela n’empêche pas les patrons d’exploiter de la même manière les travailleurs de toutes origines et de toutes religions. Et ce n’est jamais le capitalisme qui a fait reculer la ségrégation, y compris celle des femmes, mais le mouvement ouvrier !
Il est naturel et compréhensible que, dans un premier temps, des populations immigrées de fraîche date, cherchent à se regrouper, ne serait-ce qu’en raison de leur communauté de langue, et à s’entraider face à un contexte hostile. Toutes les émigrations, y compris les plus anciennes, celles amenant vers les villes des paysans venus des régions rurales, ont connu cela. C’est autour des premiers arrivés qui ont trouvé un travail que viennent se regrouper ceux qui prennent à leur tour le chemin de l’émigration. Mais cela n’a qu’un temps et les liens se créent avec les autres travailleurs, justement par le fait de travailler ensemble et surtout de lutter ensemble, de lutter contre le patron qui nous exploite toujours plus, ou contre les attaques des gouvernements pour réduire les droits des travailleurs. C’est au travers de ces luttes que les travailleurs ont appris qu’ensemble ils étaient plus forts et que les liens de classe qui les liaient étaient plus forts que les différences superficielles avec lesquelles on voulait les séparer, s’affranchissant au passage de traditions réactionnaires.
Comme Marx l’affirmait en 1848 dans le Manifeste communiste, « les prolétaires n’ont pas de patrie ». Ce n’était pas un slogan. C’était la constatation d’un fait, qui débouchait sur tout un programme, résumé en une phrase : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »
Un programme qui n’était pas la simple manifestation de bons sentiments prêchant la concorde entre tous les travailleurs. Mais un programme qui signifiait que la classe ouvrière ne pourra se libérer de l’esclavage salarié, et libérer du même coup toute l’humanité, qu’en s’unissant par-dessus les frontières, par-delà les différences de couleur de peau, de langue, de religion ou de nationalité.