La situation des réfugiés qui fuient la guerre en Syrie ne cesse de s’aggraver, tout comme celle des autres migrants qui fuient des dictatures ou, tout simplement, la misère.
Suite à la décision de plusieurs pays de la région des Balkans dont la Hongrie, la République Tchèque, la Slovaques et l’Autriche de hérisser leurs frontières de barbelés, des dizaines de milliers de familles s’entassent dans le dénuement, au pire moment de l’hiver.
Face à cela, la décision du ministre de l’Intérieur belge Jambon qui a fait rétablir les contrôles à la frontière franco-belge contre quelques centaines de migrants potentiels est à la fois dérisoire et révoltante.
Voilà la réponse que l’Europe donne à des familles qui fuient la dictature d’Assad, les bombardements américains, européens et russes, la barbarie de l’État islamique ou celle des Talibans. Devant ceux qui ont réchappé aux bombes et à la traversée de la Méditerranée dans des embarcations de fortune, l’Europe dresse comme ultime obstacle des rangées de barbelés et de policiers.
En prenant ce genre de mesures, les gouvernements cherchent à donner des gages aux fractions les plus réactionnaires de leurs opinions publiques. Ils se donnent une image de protecteurs de leurs « peuples », cherchant ainsi à faire oublier qu’ils sont incapables de protéger la population face à l’exploitation capitaliste et aux crises économiques qui en découlent. Le chômage et la précarité existaient bien avant les guerres en Irak, en Lybie et en Syrie, mais il est tellement facile pour se dédouaner d’en faire porter le chapeau à des « étrangers », quand bien même ceux-ci ne représentent pas un millième de la population.
Certes, les gouvernements des pays dits « civilisés » n’en sont pas encore au point de rejeter les réfugiés à la mer. Ils doivent malgré tout maintenir l’apparence d’une Europe humaniste, démocratique et bienveillante. D’un autre coté, les fermetures des frontières intérieures mettent à mal une libre circulation des personnes laborieusement mise en place au cours de la construction européenne. À partir des années 1950, les grandes bourgeoisies européens ont eu besoin d’agrandir leur espace commercial et industriel pour peser à l’échelle mondiale. Elles ont décidé de briser les frontières nationales. Aujourd’hui, un retour en arrière sur cette question signifierait un repli économique fatal pour les groupes industriels et financiers européens.
Voilà pourquoi les gouvernements louvoient entre les objectifs économiques – en faveur de l’ouverture – et les postures électoralistes réactionnaires. Pendant ce temps, des milliers de familles crèvent littéralement de faim et de froid à la frontière entre la Grèce et l’Autriche.
Le nouveau plan qui s’est négocié à Bruxelles le 7 mars va un cran plus loin dans l’hypocrisie la plus sordide : la Turquie deviendra le gardien de la frontière européenne, elle retiendra sur son sol les demandeurs d’asile, contrôlera et filtrera ceux qui pourront ou pas continuer leur chemin vers l’Europe et elle se chargera de renvoyer chez eux les « mauvais » migrants.
La Turquie d’Erdogan n’est pas un modèle de démocratie et de respect des droits de l’homme, ce n’est un secret pour personne : arrestations arbitraires d’opposants, répression de la population kurde, soutien à l’État islamique. Mais cela ne gêne pas nos dirigeants à partir du moment ou cela résout leurs problèmes de conscience. Ils laisseront d’autres faire le sale boulot, tout en se gardant la possibilité de dénoncer plus tard les exactions, les abus de pouvoir ou la manière dont des millions de femmes et d’hommes auront croupi dans des camps insalubres.
Évidemment, tout service a un prix et les marchandages vont bon train pour décider combien l’Europe va payer et quelles concessions seront faites en échange.
Voilà ce que l’Europe capitaliste a de mieux à offrir : marchander la vie de millions de réfugiés pour maintenir une forteresse à l’intérieur de laquelle le patronat pourra continuer à encaisser paisiblement ses profits !
En tant que travailleurs, nous ne pouvons jamais oublier que ces migrants sont pour la plupart des travailleurs comme nous. Ils fuient, comme les populations ont fui par millions les guerres mondiales de 1914 et de 1940. Ils fuient une guerre déclenchée par la politique impérialiste des dirigeants européens et américains au Moyen-Orient. C’est le même système politique et social injuste qui a été la cause de ces guerres, qui soutient les dictatures, qui maintient les peuples dans la misère. Face à lui, les migrants d’aujourd’hui seront nos camarades de lutte de demain.