Suite aux scandales et aux sondages désastreux, le Parti Socialiste est aux abois. Pour garder leur place dans l’appareil de l’Etat, les dirigeants socialistes ont décidé de lancer un grand « chantier des idées » avec pour objectif de renouveler de fond en comble leur « idéologie socialiste ».
Il y a beaucoup à faire pour convaincre à nouveau les travailleurs de voter pour leur parti. A la tête du gouvernement de 2011 à 2014, c’est le PS qui a organisé la diminution des cotisations patronales, le démantèlement de la sécurité sociale (en particulier des allocations de chômage), le gel des salaires, la hausse de l’âge de la prépension, etc. De plus, les différentes affaires de corruption ont aussi usé ses scores électoraux au profit d’autres réformistes sur leur gauche.
Pour reconquérir des voix, le PS dit vouloir revenir à ses sources tout en se modernisant. Les socialistes ont donc revisité la Charte de Quaregnon datant de 1894 qui est le programme fondateur du Parti Ouvrier belge, l’ancêtre du PS. Cette charte, qui sert seulement de decorum poussiéreux et qu’on ressort lors des jours de fêtes du parti, reconnaissait la lutte de classes et la nécessité de mettre fin au capitalisme.
Dans son projet de manifeste socialiste, le PS fait disparaître la notion même de classes sociales, tentant de mettre sur le même pied travailleurs et patrons.
Pourtant la réalité est là et la société continue encore aujourd’hui à être divisée en classes antagoniques. Il y a d’un côté ceux qui vendent leur force de travail, les travailleurs, les salariés, et ceux qui possèdent les outils de production, les patrons, les capitalistes, les premiers majoritaires, les autres minoritaires. Aujourd’hui, huit hommes possèdent autant que la moitié que l’humanité ; jamais l’écart entre les deux classes n’a été aussi grand.
Les socialistes veulent masquer que la classe ouvrière, la classe productrice, existe toujours et que les grands bourgeois, les exploiteurs, les capitalistes sont encore là et ne se sont pas évanouis au cours de l’histoire. La société n’est pas une soupe où tous, riches et pauvres, sont sur un plan d’égalité. La lutte des classes se fait ressentir avec plus d’acuité aujourd’hui avec les mesures d’austérité du gouvernement et la misère accrue des classes populaires qui en découle.
Au lieu de vouloir émanciper la classe des travailleurs comme le préconisait la Charte de Quaregnon, le PS entend dorénavant « émanciper la personne humaine », entendons émanciper les capitalistes de tout ce qui gêne leur droit à exploiter, dans la continuité de ce que le PS a toujours fait quand il était au gouvernement.
Même si la Charte de Quaregnon faisait toujours partie formellement du programme du PS, cela fait très longtemps que la lutte des classes et la transformation socialiste de la société ont été évacuées des discours et des faits.
De plus, dès la fondation, les dirigeants du POB, l’ancêtre du PS, ne tiraient même pas toute les conséquences de la théorie de la lutte de classes qu’ils prétendaient défendre. Dans leur charte, ils éludaient la question des moyens nécessaires pour abattre le capitalisme. L’étude de l’histoire montre que seules les révolutions sont capables de changer les bases d’une société, de bouleverser les rapports sociaux. Le POB laissait ouverte la voie au réformisme, c’est-à-dire à l’illusion qu’on pourrait améliorer le capitalisme par des réformes.
Il y a longtemps que le parti socialiste a rompu avec le peu de réformise radical de la charte de Quaregon. Et il y a longtemps que le PS, comme toute la social-démocratie en Europe et dans le reste du monde, ne prend même plus la peine de tenir des discours réformistes. Son cache-sexe radical est tombé, et bien tombé. Il ne reste plus à voir que son empressement à faire passer des vessies pour des lanternes aux travailleurs et à servir le patronat.
Certains diront que l’abandon de la Charte de Quaregnon est un mauvais présage, la preuve que le parti socialiste penche de plus en plus à droite. Mais cela supposerait qu’il ait été un jour à gauche !
Ce qui est vraiment important et grave aujourd’hui, c’est le recul politique du mouvement ouvrier, que sa conscience de classe s’est affaiblie et qu’il n’existe plus de parti révolutionnaire.
Le « chantier des idées » du PS est une tentative déri-soire de ravaler la façade, une opération électoraliste de plus.