Comme chaque année depuis un siècle, la journée internationale des femmes a eu lieu le 8 mars. Ce n’est pas un jour de fête mais un jour de lutte, car le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes est loin d’être terminé.
Les chiffres sont accablants : à l’échelle mondiale, 70% des pauvres sont des femmes ; elles produisent 50% de la nourriture de la planète mais ne touchent que 10% des revenus. Dans les pays en guerre , les femmes sont systématiquement violées et dans beaucoup d’autres, elles sont vendues comme esclaves sexuelles dès leur plus jeune âge. Sur la plupart des continents elles sont considérées comme des mineures, comme appartenant aux hommes qui ont tous droits sur elles.
Même dans les pays qui se vantent de mener une politique en faveur de l’égalité, les femmes continuent de toucher des salaires inférieurs à ceux des hommes et à être cantonnées dans des emplois plus précaires. En Belgique, la différence de salaire est de 20% et une retraitée sur trois doit vivre avec moins de 750 euros de pension.
Il n’y a pas que la question salariale, le mouvement #MeToo a permis à des millions de femmes de dénoncer le harcèlement dont elles sont victimes quotidiennement au travail, dans la rue et même à la maison. Il y a chaque jour en Belgique environ 8 plaintes pour viol et 40 pour violences conjugales – mais il faudrait multiplier ces chiffres par dix pour tenir compte de toutes les fois où les femmes n’osent pas porter plainte. En 2018, 35 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint.
A chaque fois que la situation économique se dégrade, les femmes sont le plus durement touchées parce que, bien souvent, elles occupent des emplois plus précaires et portent seules la responsabilité du ménage et des enfants. On peut le mesurer au travers de la montée en période de crise des partis dits « populistes » : les Trump, Bolsonaro ou Salvini, commencent avec des discours visant à enfermer les femmes dans un rôle d’épouse ou de mère, et continuent avec des actions concrètes pour limiter le droit à l’IVG ou l’accès à la contraception. De quel droit ces hommes s’arrogent-il un tel pouvoir sur le corps des femmes ?
C’est contre tout cela que, ce 8 mars, des millions de femmes et d’hommes se sont mobilisés un peu partout dans le monde – en tout cas partout où cela est possible. En Espagne, des manifestations gigantesques ont eu lieu dans les grandes villes et près de 6 millions de femmes ont fait grève. La mobilisation a été plus modeste en Belgique, les syndicats ont relayé l’appel à la grève mais sans réellement chercher à mobiliser.
La lutte pour les droits des femmes ne peut pas être dissociée de celle pour l’ensemble des droits sociaux. Les inégalités entre les hommes et les femmes ne datent pas d’hier, mais elles sont nées et se sont perpétuées en même temps que les inégalités au sein de la société, entre maîtres et esclaves, seigneurs et paysans, bourgeois et prolétaires. Dans les luttes contre ces inégalités, les exploitées et exploités, femmes et hommes, se sont le plus souvent retrouvés côte-à-côte. Au cours de ces luttes communes, les couches laborieuses sont parvenues à arracher les droits et les libertés dont nous profitons encore aujourd’hui : les femmes étaient en première ligne pour faire tomber le roi lors de la révolution française et elles le furent encore au premier jour de la révolution russe, le 8 mars 1917. C’est en mémoire de ce jour que le 8 mars est la journée internationale des femmes.