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Amérique latine : dans la tourmente de la crise

Les manifestations qui se sont multipliées en Amérique latine sont en partie la conséquence des politiques menées depuis une quarantaine d’années, marquées par le démantèlement des entreprises publiques, vendues aux grandes entreprises locales ou aux multinationales. Elles se sont accompagnées de licenciements massifs de travailleurs et d’un endettement qui n’a cessé de croître.
Les dictatures des années 1966 et 1970 ont ouvert la voie. Les militaires chiliens au pouvoir à partir de 1973 ont offert à des économistes nord-américains un terrain expérimental pour mettre fin à toute régulation de l’économie, ouverte à la voracité des grands capitaux. Cela a amplifié les inégalités au Chili.
En Argentine, les militaires ont agi dans la même direction, léguant à la population une dette sans cesse croissante. Celle-ci a fait la fortune des établissements financiers et poussé dans la misère une grande partie de la population.
Il ne faut pas oublier que l’Amérique latine est, depuis toujours, dépendante des fluctuations des cours des matières premières : le pétrole pour le Venezuela et l’Équateur ; le gaz pour la Bolivie ; le cuivre pour le Chili ; la production agricole pour le Brésil et l’Argentine.
Comme on peut le constater aujourd’hui, aucun pays n’échappe aux conséquences de la crise du système capitaliste. Et les populations ne supportent plus de les payer.
Les années 2000-2011 ont été marquées par l’arrivée au Venezuela et en Bolivie de gouvernements qui se voulaient un peu plus favorables aux classes populaires. C’était d’autant plus possible que le cours du pétrole était à un sommet. En Argentine, Brésil ou Équateur, des gouvernements de centre-gauche ont voulu aller dans le même sens, menant des politiques d’aides sociales qui ont fait baisser en partie la pauvreté. Ce tournant à gauche a été bien modeste et aucun ne s’en est pris sérieusement à la dictature du capital. Puis quand les uns et les autres ont été en difficulté, la droite a pu revenir aux affaires et détricoter les programmes sociaux.
Une grande partie des classes populaires, du nord au sud de l’Amérique latine, se dresse aujourd’hui contre les conséquences de ces attaques, mais sans qu’aucune force politique leur présente une véritable alternative.


Au Chili, c’est l’augmentation du prix du ticket de métro de Santiago qui a été la goutte de trop dans une ville où le coût du transport peut représenter 20 % du salaire ouvrier et près de 40 % des pensions. La mobilisation des jeunes a tout de suite été populaire. Mais quand le président Sebastian Piñera a fait déployer la police puis l’armée contre eux, loin de démobiliser les manifestants, cela a réveillé le cauchemar de la dictature militaire et a fait descendre des milliers de personnes dans les rues de Santiago, faisant retentir des concerts de casseroles, aux cris de « Dehors, les militaires ! ». La révolte a gagné tout le pays et le président a reculé. Il a annoncé des mesures en faveur des plus pauvres, dont l’augmentation de 20 % du minimum retraite et le gel des tarifs de l’électricité.