À l’approche de la présidentielle française, on annonce que quatre candidats pourraient avoir des résultats proches : Macron, transfuge du PS, Fillon du parti Les Républicains, Le Pen et son Front National et Mélenchon, aussi un ancien du PS qui a lancé son propre mouvement. Ces quatre-là auraient chacun entre 18 et 21% des intentions de votes, tandis que le candidat officiel du PS, Hamon est loin derrière avec 8%.
Cela accroît l’incertitude sur la personne qui remplacera Hollande, mais il n’y a pas de doute à avoir sur la politique qu’elle mènera, qui sera dictée par les patrons des grandes entreprises et des banques.
Avant son élection, Hollande avait dit que son premier ennemi serait la finance et qu’il la combattrait. Élu, il n’a même pas fait mine d’appliquer cette promesse. Il s’est incliné devant les exigences des capitalistes en leur versant des dizaines de milliards d’euros d’argent public. Il a fait adopter les lois Macron et El Khomri, qui ont démantelé le code du travail, facilité les licenciements, augmenté la précarité sans autant créer d’emplois.
On comprend donc que bien des travailleurs ayant voté Hollande en 2012, désorientés, ne veuillent plus croire aux discours. Pourtant le petit jeu de la démagogie et des fausses promesses est reparti.
Bien sûr, le candidat de la droite Fillon n’a pas besoin de faux semblants pour satisfaire son public. Il dit qu’il s’en prendra aux services publics, aux fonctionnaires et à ce qu’il reste du code du travail. Mais Macron n’est guère différent. En fait de renouveau, il annonce qu’en matière sociale il poursuivra ce qu’il a fait comme ministre de Hollande. Il ne cache pas que sa politique serait faite de nouvelles attaques contre les travailleurs.
À l’extrême droite, Marine Le Pen voudrait profiter du désarroi créé par le quinquennat Hollande pour jouer à la candidate des pauvres et des petites gens. En fait, elle n’envisage pas une seconde de s’en prendre au grand patronat et à ses milliards. Son ennemi n’est pas la finance, mais les plus pauvres des travailleurs, les migrants, les sans-papiers, les immigrés en général, comme si les exploiteurs étaient de ce côté-là ! Elle divise les travailleurs, en les incitant à s’en prendre aux plus pauvres d’entre eux. C’est se montrer pour ce qu’elle est : une ennemie mortelle du monde du travail.
À gauche, Hamon et Mélenchon veulent se distinguer de la politique qu’a menée le Parti socialiste, dont ils sont issus. Selon les sondages les chances de Mélenchon seraient en hausse. Mais même s’il était élu, il n’y aurait aucune raison de lui faire plus confiance qu’à Hollande. Il se comporterait comme lui, et pour la même raison : ce n’est pas le président qui décide de la politique à mener, ce sont le grand patronat, les banques, les marchés financiers qui la lui dictent.
On l’a vu non seulement en France, mais en Grèce, dont la population a subi un appauvrissement dramatique pour payer les milliards d’intérêts exigés par les banques. Élu pour tenter de leur résister, le gouvernement Tsipras a rapidement capitulé. Il s’est fait l’agent payeur qui reverse aux banquiers l’argent soutiré à la population grecque.
Si Mélenchon était élu et même s’il voulait tenir ses promesses, il ne tiendrait pas le peu de temps qu’a tenu Tsipras. Il capitulerait, prendrait le tournant de l’austérité et dirait qu’il se heurte au “mur de l’argent”. Les dirigeants de la gauche de gouvernement ont toujours justifié ainsi leurs reculs, feignant de découvrir ce “mur”, qui n’est fait que de la volonté de la grande bourgeoisie capitaliste d’imposer ses choix.
Mélenchon ou Hamon peuvent faire semblant de ne pas voir ce mur, mais pas les travailleurs. Eux, ils n’ont pas à conquérir un poste, mais à défendre leurs conditions d’existence face aux attaques qu’ils subiront de toute façon, quel que soit l’élu. Ils ne peuvent pas faire comme si le mur n’existait pas.
Les besoins des travailleurs, ce sont d’interdire les licenciements, de répartir le travail entre tous, d’augmenter les salaires et pensions, de contrôler les comptes des entreprises et de l’État. L’imposer ne se fera pas par une élection. Il faudra mobiliser toute la force des travailleurs, dans les entreprises et dans la rue, pour battre en brèche la résistance patronale.
De tous les candidats, seule Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière a ce programme, voter pour elle est un moyen pour les travailleurs d’exprimer ce que sont leurs nécessités vitales. Mais ce sera aussi de se préparer à lutter pour les imposer.