A peine installé, le nouveau ministre wallon de l’économie et de l’emploi, le MR Jeholet, s’est empressé d’afficher son mépris des travailleurs par des déclarations à l’emporte-pièce sur les chômeurs et la nécessité à ses yeux d’accroître les contrôles et les sanctions. Il a ainsi déclaré « Le chômage n’est pas une rente » ou encore « Les règles doivent être appliquées strictement, les sanctions également ».
Parlant de rente, Jeholet aurait pu s’abstenir car s’il y bien des fainéants sur terre, ce sont les riches rentiers qui dépensent sans compter le fruit du travail des autres. Mais ces fainéants-là, Jeholet les admire !
Jeholet, parle de règles et de sanctions, mais quelles règles a respecté son collègue de parti De Decker dans le Kazakhgate ? Et quelles règles respectent les patrons qui, comme Caterpillar, Axa, ING ou tant d’autres, licencient des travailleurs par milliers pour augmenter leurs profits ? Et tous ceux qui planquent leur argent dans des paradis fiscaux, quelles sanctions risquent-ils ? Pas grand-chose, car les règles sont justement faites pour eux !
Le chômage est dû à la crise, aux plans de restructuration, à la fermeture des usines sidérurgiques et automobiles et aux destructions massives d’emplois directs et indirects qui ont suivi. Mais Jeholet et ses compères veulent en faire porter la responsabilité sur les chômeurs eux-mêmes.
Ses déclarations méprisantes ne sont pas gratuites. Les discours et la politique du MR sont la contrepartie idéologique de son programme économique. Culpabiliser les chômeurs sert à justifier les exclusions et les réductions d’allocations et à les obliger à accepter n’importe quel boulot à n’importe quel salaire. Les sanctions contre les chômeurs servent ensuite à faire peur aux travailleurs qui ont encore un emploi, pour les pousser à accepter les privations, l’aggravation des conditions de travail, par peur de se retrouver chômeurs à leur tour. En faisant du chômage un vrai repoussoir, le gouvernement espère aggraver la concurrence et la compétition entre les travailleurs, afin qu’ils luttent entre eux pour chaque emploi en sacrifiant leurs droits au passage.
Le discours de Jeholet sert aussi à diviser les travailleurs en faisant passer ceux qui sont privés d’emplois pour des parasites aux yeux des autres, ce qui permettra – espère-t-il – de les attaquer séparément.
Toutes ces éléments contribuent à affaiblir le monde du travail, à le diviser, à l’assommer moralement, afin de le rendre encore plus corvéable et soumis au dictat des patrons.
Les déclarations de Jeholet sont aussi un message en direction du patronat : le MR est de votre côté, finies les concessions, les travailleurs vont trinquer. Et Waseige, le président de l’Union wallonne des Entreprises l’a reçu 5/5 : « Ce nouveau gouvernement nous écoutera davantage », a-t-il déclaré.
Ces attaques sont en ligne avec ce qui se passe au niveau fédéral, avec les « flexi-jobs » et les soi-disant « emplois convenables » conçus pour obliger les travailleurs à tout accepter. Le gouvernement a même déjà calculé que les exclusions et les sanctions allaient lui permettre de faire 20 millions d’économies… dont seuls les patrons profitent car elles sont en réalité une manière de réduire les charges sociales.
Jeholet méprise le monde du travail, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut être nostalgique de l’époque PS. Le MR, le PS et le CdH, partagent le même mépris des travailleurs et la même servilité vis-à-vis du patronat. La chasse aux chômeurs, les visites domiciliaires et la réduction des allocations ont été l’œuvre d’Onkelinx et Di Rupo. Le MR incarne une politique plus agressive au service d’un patronat qui ne veut plus faire de concessions sociales.
Le chômage est une conséquence directe mais injuste de l’économie capitaliste. Il n’est pas normal que des travailleurs en âge et en capacité de travailler soient contraints à l’inactivité et à la misère sous prétexte de rentabilité des entreprises. C’est aussi une absurdité sociale : alors que des travailleurs subissent l’inactivité forcée, d’autres sont obligés de faire des heures supplémentaires, soit par obligation contractuelle, soit pour compenser la faiblesse de leur salaire. Tout cela pourquoi ? Pour constituer une réserve de travailleurs dans laquelle le patronat va piocher en fonction de ses besoins.
Pour le capitalisme, les travailleurs ne sont que de la chair à profit, c’est bien pourquoi il faut le renverser.