Entre ses tweets racistes et ses provocations, Théo Francken, le secrétaire d’Etat NVA à l’immigration poursuit sa politique anti-immigrés. A Bruxelles, quatre ou cinq cent réfugiés campent dans des conditions précaires au parc Maximilien. Francken, qui ne veut pas entendre parler de leur donner un statut quelconque, les harcèle en permanence en faisant confisquer leurs vêtements ou leurs sacs de couchages dès qu’ils ont le dos tourné. Récemment, il y a envoyé la police procéder à une rafle qui a mené à l’arrestation de quelques dizaines de Soudanais. Francken a appelé son opération un « nettoyage ». Ensuite, il a fait venir des représentants du Soudan pour identifier ses prisonniers alors que ce pays est une dictature notoire dont le président est poursuivi pour crimes contre l’humanité. Evidemment, cela a fait scandale. Comme quand il accuse Médecins Sans Frontières d’être des « complices des passeurs » quand ils envoient des navires en Méditerranée pour secourir ceux qui risquent leur vie pour échapper à la misère dans des embarcations de fortune. Et l’an dernier, Francken s’est illustré en menant une bataille juridique féroce pour empêcher une famille syrienne d’avoir un visa.
Non seulement cela ne gêne pas Francken de se comporter comme un salaud, mais il se nourrit de cette image. Il se présente comme celui qui fait le sale boulot que les autres politiciens n’assument pas.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’ensemble du gouvernement le soutient. Charles Michel l’a rappelé et il a justifié les rafles du parc Maximilien pour des raisons de santé publique et de lutte contre la traite des êtres humains ! Face à des pauvres qui fuient la misère et campent dans un parc, la logique de Michel est implacable : au lieu de leur proposer un logement, il les renvoie chez eux. Mais, hypocritement, il leur offre le choix : le retour volontaire ou le retour forcé !
Et cela s’inscrit dans la politique de tous les pays européens de refouler la pauvreté à l’extérieur. Certes, pour la forme, des règles sur l’asile politique sont mises en place. Mais elles sont un véritable parcours d’obstacles juridiques et servent avant tout à se donner bonne conscience pour pas cher.
L’an dernier, les guerres et la pauvreté ont chassé plus de 65 millions de personnes de chez elles, dont 21 millions vivent dans des campements et sont considérées comme réfugiés. Contrairement aux discours des Francken et de l’extrême droite, seule une toute petite partie arrive en Europe. La plupart des autres trouve refuge dans les pays voisins, guère plus riches ni plus stables. La Turquie en accueille 2,5 millions, le Pakistan 1,6 million. C’est bien plus que l’Europe qui n’accueille que 6% des réfugiés. Et on a vu comment les pays européens se sont battus entre eux pour en recevoir le moins possible.
Il faut être hypocrite, démagogue et salaud – ensemble ou séparément – pour prétendre qu’un pays riche d’Europe occidentale ne peut pas accueillir quelques milliers de réfugiés. Le faire ne serait que rendre une infime parcelle de ce que les puissances impérialistes, dont la Belgique à son échelle, ont pillé et volé au fil des siècles et de ce qu’elles ont saccagé et détruit par leurs interventions militaires.
Mais la politique anti-réfugiés du gouvernement va au-delà de la simple « méchanceté ». Quand Francken joue au « dur » contre quelques migrants, il envoie un message à la fois au patronat et aux travailleurs du pays. Aux patrons, il se présente comme un politicien qui n’aura pas peur de faire donner la police contre les pauvres, les réfugiés aujourd’hui, les travailleurs demain. Rappelons-nous que dans les années trente, les premiers à se retrouver dans les camps nazis étaient les communistes et les syndicalistes.
Vis-à-vis des couches populaires, Francken distille le poison du racisme et du nationalisme. Les travailleurs s’inquiètent à juste titre pour leur avenir face à ces crises qui n’en finissent plus, face au chômage persistant et à une précarité croissante. Michel, Francken et tous les politiciens leur disent que leur ennemi, c’est l’immigré qui leur vole leur travail, c’est le réfugié pour lequel il faut payer. Et ils donnent de la matraque à cœur joie.
Aucun d’entre eux ne dit que nos ennemis, ce sont leur maîtres, les capitalistes, qui s’enrichissent en licenciant, qui fabriquent les armes et poussent à la guerre, qui exploitent le pétrole et détruisent les cultures et qui n’hésitent devant rien pour s’enrichir et certainement pas à pousser les populations dans la misère. C’est pour cela que nous disons que les migrants sont nos frères de classes et que nous devons nous battre avec eux contre cette société injuste.