Depuis le 10 janvier, les diplomates russes et américains se rencontrent pour discuter des relations entre l’OTAN et la Russie en général et du sort de l’Ukraine en particulier.
La Russie est présentée par les dirigeants occidentaux comme l’agresseur de l’Ukraine depuis l’annexion en 2014 de la Crimée, dont la population est majoritairement russe, et le soutien militaire apporté par Poutine aux séparatistes russophones du Donbass. Fin avril, sous prétexte de manœuvres militaires, Poutine a massé des troupes aux frontières de l’Ukraine dans une démonstration de force face aux dirigeants ukrainiens pro-occidentaux qui souhaitent adhérer à l’OTAN, l’organisation militaire chapeautée par les États-Unis.
Ces grandes manœuvres amènent les dirigeants baltes, polonais et même scandinaves à réclamer une plus grande protection militaire de l’OTAN en évoquant la menace russe. Á raison, ils considèrent que l’Union européenne n’est pas fiable car elle n’a pas d’existence militaire et politique réelle. En l’occurrence, dans le conflit avec la Russie, la France et l’Allemagne ne sont pas sur la même longueur d’onde tant elles ont des intérêts contradictoires. Car chacune défend d’abord les intérêts de ses capitalistes. Les grandes industries allemandes sont plus dépendantes du gaz russe que les françaises et craignent qu’en représailles aux sanctions de l’OTAN, Poutine ne ferme le gazoduc qui les approvisionne.
Ni Poutine ni les dirigeants occidentaux n’agissent évidemment pour défendre la volonté et les intérêts des peuples, qu’ils soient ukrainien, russe, polonais, balte ou… kazakh. L’OTAN a été bâtie au moment de la guerre froide pour enrôler les alliés des États-Unis dans leur combat pour isoler et affaiblir l’Union soviétique. À la chute du rideau de fer, suivie de l’éclatement de l’Union soviétique, il y a trente ans, les dirigeants américains n’ont pas dissous l’OTAN. Au contraire, ils ont profité de l’affaiblissement brutal de la Russie, dans la décennie 1990, pour faire adhérer à l’OTAN les trois pays Baltes, les pays de l’Est européen anciens membres du Pacte de Varsovie et pour prendre pied en Asie centrale en ouvrant des bases militaires au Tadjikistan ou au Kirghizistan. Aujourd’hui que Poutine a restauré en Russie un appareil d’État répressif et une armée opérationnelle, il tente de défendre les intérêts et la zone d’influence des oligarques qu’il représente.
Dans toutes leurs grandes manœuvres, les dirigeants américains n’ont jamais été gênés par leur collaboration avec des dictateurs ou des politiciens d’extrême droite ultranationalistes. Il est significatif, alors même qu’ils sont en conflit ouvert avec Poutine en Ukraine, que les dirigeants occidentaux n’aient rien trouvé à redire à l’envoi de milliers de soldats russes au Kazakhstan pour aider la dictature à réprimer la révolte populaire contre l’augmentation des prix.
Ni l’alliance militaire que constitue l’OTAN, ni celle placée sous l’égide de la Russie ne sont là pour défendre la liberté des peuples. Aujourd’hui avec Poutine comme hier avec les bureaucrates staliniens du Kremlin, les dirigeants impérialistes et russes se partagent les rôles de gendarmes du monde et de gardiens d’un ordre social injuste.
On ne peut pas prédire quelle étincelle mettra le feu aux poudres, mais la bourgeoisie impérialiste s’y attend et elle s’y prépare.
Mardi 24, le chef de l’armée belge expliquait dans la presse que jusqu’ici l’armée se préparait à des interventions en Afrique ou en Afghanistan, mais qu’aujourd’hui l’objectif était devenu d’être prêt à des opérations de défense collective. En France, l’armée se prépare à un conflit de grande intensité, État contre État. Et si ce n’était pas contre la Russie, ce serait, sous l’influence des États-Unis, contre le Chine. La presse internationale s’en fait déjà le relais. Les budgets de la défense augmentent en conséquence : 1,54% du PIB belge en 2030, 50 milliards en France pour 2025.
Quelle que soit la teneur des tractations qui se mènent à Genève ou à Bruxelles entre l’OTAN et la Russie, les classes populaires de tous les pays n’ont que des menaces à en attendre.