Le premier tour des élections présidentielles françaises a donné son verdict : Emmanuel Macron, le président sortant, qui a recueilli 28% des voix, sera opposé au second tour à Marine Le Pen, la candidate de l’extrême droite, qui en a 23%. Les partis traditionnels ont été laminés : le PS s’écrase à 1,8% et le parti de la droite traditionnelle « Les Républicains » plafonne à 4,8% alors que ces deux partis recueillaient chacun 20 à 30% des voix depuis plus de 50 ans.
A gauche, Jean-Luc Mélenchon rassemble 22% des suffrages et Roussel, du Parti communiste, en a 2,3%, tandis que l’extrême gauche ne dépasse pas 1,5%, en comptant ensemble Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) et Philippe Poutou (NPA).
Macron a déjà fait ses preuves comme le meilleur ami des privilégiés : il est haï, a juste titre, pour avoir baissé les impôts des grosses fortunes au détriment de la sécurité sociale et des services publics. En cela, il ne fait que continuer le travail de sape que les Hollande et Sarkozy avaient commencé avant lui. Sa réélection ne fera qu’aggraver la situation des classes populaires – il a déjà annoncé le report de l’âge de la retraite à 65 ans (contre 62 actuellement).
En colère et sans boussole politique, de nombreux travailleurs risquent à nouveau de se tourner vers l’extrême droite. Or, si on additionne les voix de Zemmour, Le Pen et des petites listes du même acabit, le constat est glaçant : l’extrême droite, raciste et réactionnaire, totalise 32%. Le Pen s’est donné une allure sociale et se présente comme antisystème et anti-finance pour gagner les votes populaires mais elle, comme Zemmour, sont des ennemis jurés des travailleurs, qui n’ont d’autre programme que de la diviser par le racisme pour mieux réprimer ses revendications.
Le Pen se réclame du pouvoir d’achat, mais son programme ne propose que de diminuer les taxes et les charges sociales et donc de supprimer des moyens pour les retraites, l’école, les hôpitaux et tous les services publics utiles à la population. Ce n’est qu’un tour de passe-passe puisqu’au bout du compte ce sont les travailleurs qui vont payer ! Au contraire, il faudrait faire payer les grandes fortunes, mais de ça, il n’est évidemment question ni chez Le Pen, ni chez Macron.
Pour lutter contre la flambée des prix de l’électricité, Le Pen propose de sortir du système d’échange européen et fermer les frontières énergétiques. Mais tout le monde sait que l’appétit de profit de Total et Engie n’est pas inférieur à celui d’Esso ou BP. Cela ne changerait rien, mais avec un nouveau tour de passe-passe, elle escamote la responsabilité de ces entreprises « bien françaises » dans les spéculations et les hausses de prix.
Les discours de Zemmour suintent la haine des classes populaires et des travailleurs immigrés en particulier. Le Pen n’est pas en reste avec son programme de « préférence nationale » : une femme ou un homme vaudrait donc plus ou moins, aurait plus ou moins le droit à une vie décente selon le pays qui l’a vu naître. Voilà qui va plaire au patronat : la précarité des travailleurs d’origine étrangère les rendra plus facile à exploiter et cela fera baisser les salaires et augmenter l’exploitation de tous les travailleurs.
Le Pen cherche à diviser, à monter les travailleurs les uns contre les autres. Or, l’expérience du monde du travail, c’est que l’unité fait la force. Tous sont exploités avec le même mépris par les patrons et nous savons très bien à quel point il est important d’être unis lorsqu’il s’agit de faire grève ou de manifester.
Le programme de Le Pen montre que, quoi qu’elle en dise, elle est avant tout une défenseuse du système capitaliste, avec ses injustices et ses inégalités. Le Pen n’est pas un antidote à Macron, c’est du Macron avec la haine et la répression en plus. Quant à Macron, ce n’est pas un rempart de la démocratie contre Le Pen, il est, comme elle, un défenseur du patronat contre le monde du travail. C’est sa politique en faveur des riches qui amène des travailleurs à voter pour Le Pen et compagnie.
En tout cas, quel que soit le résultat du second tour, le président ou la présidente élue sera donc un(e) ennemi(e) des travailleurs.Les crises actuelles, la pandémie, la guerre en Ukraine, vont pousser des millions de travailleurs un peu plus vers la misère – en France, en Belgique et surtout dans les pays pauvres. La grande bourgeoisie, aidée de ses serviteurs politiques, mène une guerre féroce contre le monde du travail. Aucune élection ne va rien y changer car seules les luttes sociales, les manifestations, les grèves, la révolte pourront les faire reculer.