Les déclarations de Bart de Wever sur les immigrés d’origine marocaine ont de quoi choquer. Le leader de la NV-A accuse les populations d’origine berbère de ne pas vouloir s’intégrer et associe allègrement l’origine, la religion et le « radicalisme », comme si tous les musulmans étaient marocains, salafistes et vice-versa. Il dénonce le « laisser faire » des gouvernements précédents qui auraient régularisé « en masse » des « délinquants ».
Tout cela est évidemment un tissu de mensonges, De Wever le sait très bien mais cela ne l’empêche pas de distiller ses idées nauséabondes, répétant ce discours qui vise à faire croire que les travailleurs belges seraient menacés par les travailleurs étrangers.
De Wever espère ainsi attirer à lui en premier lieu les petits patrons, les commerçants et les notables qui craignent que la crise ne les entraîne à la faillite, mais qui ne veulent surtout pas remettre en question le système capitaliste qui en est l’origine. Il espère aussi rallier une partie des travailleurs dont l’emploi est menacé et qui sont confrontés à la concurrence avec les autres travailleurs, elle-même conséquence du chômage, et qui tire les salaires vers le bas, aggrave les conditions de travail et la précarité. Dans ce contexte, certains travailleurs sont tentés de voir en chacun un adversaire ; et il n’y a qu’un pas à envisager de chasser les derniers arrivés, ou ceux qui sont différents par leur origine ethnique ou leur religion.
Ceux qui bénéficient de ces divisions, ce sont évidemment les patrons. C’est pour eux que la NV-A travaille en agitant la menace des « envahisseurs » et en essayant de faire croire aux travailleurs qu’ils doivent faire front avec leurs propres exploiteurs !
Le MR, le CD&V et l’OpenVLD, partenaires de la NV-A au gouvernement, se sont désolidarisés de De Wever, mais uniquement dans la forme car tous approuvent l’idée fausse que l’immigration serait un problème et qu’il est de la responsabilité des travailleurs immigrés de « s’intégrer ».
Mais avant de parler d’intégration, il faudrait rappeler le racisme et la méfiance que tous les travailleurs immigrés ont dû subir, et pas seulement ceux d’origine maghrébine : les travailleurs italiens ou polonais ont eux-aussi été accusés de refuser de s’intégrer, d’être des délinquants, des voleurs, des « ritals » ou des « pollacks ».
Les populations immigrées sont par définition les plus fragiles et servent systématiquement de boucs émissaires à tous les maux de la société. En faisant le procès des immigrés, les politiciens cherchent à détourner l’attention de la cause réelle des problèmes du monde du travail : le capitalisme.
Aujourd’hui encore, un milliard de personnes sont condamnées à survivre avec un euro par jour tandis que, sur la même journée, d’autres accumulent un ou deux millions. Pour se vautrer dans le luxe, une minorité pille des régions entières, exploite le dénuement des populations quitte à les livrer à la barbarie des pires bandes armées.
Dans les pays riches, dans cette période de crise, les dizaines de milliards avec lesquels les grands groupes se rachètent, spéculent et arrosent leurs grands actionnaires et leurs PDG, proviennent de l’aggravation de l’exploitation, des emplois supprimés, de la précarité, des bas salaires et du pillage des caisses de l’État !
Alors que les riches ne cessent de s’enrichir du travail des autres, les plus pauvres, au contraire, sont condamnés à travailler toute leur vie et ils ne s’enrichiront pas. C’est la conséquence de la lutte des classes que mène la bourgeoisie contre le monde du travail, implacablement et partout, contre tous les travailleurs, quelles que soient leur origine ou leur religion.
Inverser le rapport de force avec la classe capitaliste est pour les travailleurs une nécessité vitale, et cela ne peut se faire que collectivement, en se battant contre tout ce qui divise le monde ouvrier : le nationalisme, le communautarisme et le racisme.
On nous rabâche que notre identité dépend de notre origine, de notre nationalité ou de notre confession. Mais un aspect essentiel de notre vie et de notre identité, c’est que nous sommes des travailleurs. Notre condition de travailleur exploité nous unit, pour le meilleur et pour le pire. Au-delà de nos différences, nous partageons les fins de mois difficiles, la pression des chefs et la menace du chômage.
Alors, il faut serrer les rangs, rejeter ceux qui veulent dresser un mur entre nous et affirmer notre conscience d’appartenir à une seule et même classe sociale, la classe ouvrière. Une classe qui ne pourra s’émanciper de l’oppression qu’en détruisant sa cause, l’organisation capitaliste de l’économie.