Les chauffeurs des TEC ont fait grève pendant deux jours les 28 et 29 novembre suite à des avertissements pour « faute grave » à l’intention de chauffeurs qui, pour éviter des travaux, avaient dévié de leur itinéraire.
Ces sanctions sont d’autant plus provocatrices que cela fait des années que la direction des TEC ne prend pas en charge les modifications d’itinéraires et laisse les chauffeurs se débrouiller sur le terrain.
Cette provocation de la direction arrive dans un contexte ou tout le monde en a ras-le-bol des bus en panne et des agressions contre les chauffeurs. C’est ce qui explique que les chauffeurs des TEC Charleroi ont soutenu le mouvement en faisant grève à leur tour.
Ce mouvement a été l’occasion d’un lynchage politique et médiatique des grévistes. A commencer par le patron des TEC qui a brandi la menace de la privatisation, tandis que sa porte-parole parlait d’un « acte terroriste ». C’était « La grève de trop » selon l’écolo Philippe Henry, tandis qu’on apprenait dans Le Soir que « les grévistes torpillent l’image de la Wallonie ». Et chacun d’en rajouter une couche sur les usagers pris en otages, etc. Tout cela est d’une hypocrisie d’autant plus crasse que tout ce beau monde méprise le reste du temps les usagers des TEC qui sont pour la plupart de « simples » travailleurs.
Et chacun d’y aller de sa « solution ». Pour le MR, par la voix de Charles Michel, et pour André Antoine, ministre CDH, il faudrait privatiser les TEC. Il est pourtant évident que si une entreprise privée fait du bénéfice sur le dos des usagers, cela ne va pas améliorer la qualité des transports et encore moins réduire les tarifs ! Ces politiciens le savent bien, comme ils savent qu’il y a aussi des grèves dans les entreprises privées. Ce genre de proposition sert surtout à ternir l’image des travailleurs des services publics auprès des autres et ainsi à diviser les travailleurs entre eux. Et si cette division est importante à leur yeux, c’est parce qu’ils craignent justement que la résistance des uns donne des idées aux autres !
Tous ces partis se prononcent clairement contre les « grèves sauvages » et en faveur d’un service minimum, même s’ils doivent reconnaître qu’ils ne savent pas très bien comment ce serait possible de mettre une telle chose en place.
Le PS est plus prudent, pour ne pas se mettre à dos une partie de son électorat populaire. Paul Magnette, qui est président du PS, a fait l’anguille : tout en rejetant la privatisation et le service minimum, il a claironné que la grève des TEC était « inacceptable ». Il accuse des « extrémistes » d’avoir « intimidé les autres travailleurs ». Magnette oppose les mauvais travailleurs qui se rebellent aux bons travailleurs qui ne veulent pas faire grève. Magnette se justifie en disant qu’il défend le droit de grève contre les abus. Mais il prépare de futures capitulations du PS qui se prétendra « obligé » d’accepter des restrictions au droit de grève sous prétexte des abus qui en auraient été faits. C’est tout le discours de Magnette qui est inacceptable !
Les uns et les autres disent parler au nom des intérêts des passagers victimes d’une « paralysie » générale. Pourtant, la paralysie des écoles, privées d’enseignants ; la paralysie des hôpitaux, dont les budgets sont bloqués ; la paralysie des régions ruinées par les fermetures d’usines – tout cela ne semble pas les déranger. Le manque de personnel dans tous les services publics non plus. Les indignations des politiciens et des journalistes sont à géométrie variable…
C’est tout de même un comble d’entendre ces privilégiés qui n’utilisent jamais les transports en commun, ne fréquentent ni les écoles, ni les hôpitaux publics, qui ne font pas la queue dans les bureaux de poste surchargés à cause du manque d’effectifs, venir faire la leçon sur la nécessité de maintenir le service public pendant les grèves ! Un service public dont ils ne se préoccupent que pour en réduire les moyens au nom de la sacro-sainte compétitivité de l’économie.
En réalité, les bourgeois deviennent enragés dès que des travailleurs n’acceptent plus de se faire exploiter sans réagir. Les politiciens et les médias s’en font l’écho en voulant réduire le droit des travailleurs à s’opposer aux coups qu’on leur inflige. Les responsables des grèves, ce sont les patrons du public ou du privé qui, eux, ont toujours les mains libres pour aggraver le sort des travailleurs, pour augmenter la pression sur la productivité ou pour réduire le salaire par tous les moyens possibles.
Face à ces attaques, la grève est l’arme des travailleurs. C’est la seule dont les bourgeois aient peur et c’est pour cela qu’ils l’attaquent. De toute façon, le jour où la colère populaire explosera, les travailleurs, dans les transports et ailleurs, n’auront que faire des préavis, des services minimums et autres entraves.