Jeudi 28 février la direction de Caterpillar a annoncé sa volonté de licencier 1400 travailleurs du site de Caterpillar Gosselies, ce qui correspond à 40% des effectifs de l’entreprise. Et ce sans compter les licenciements en cascade au sein des entreprises qui gravitent autour du site.
L’administrateur du groupe a justifié cette mesure par la crise économique et le coût du travail en Bel-gique. Il s’est même fendu d’une petite larme en dé-clarant que, étant Carolo, cette mesure lui déchirait le cœur. Il n’y a pas pire comédien qu’un parton qui essaye de faire croire qu’il est du côté des travailleurs !
Pourtant le groupe Caterpillar n’est pas à plaindre. La maison mère a réalisé 5 milliards de dollars de bénéfices juste pour l’année 2012, un bénéfice record en croissance de 15% par rapport à l’année précédente !
Quant au coût élevé du travail en Belgique, il ne manque pas de culot. Comme de nombreux capita-listes installés en Belgique Caterpillar a bénéficié des fameux intérêts notionnels, entourloupe fiscale réservée aux grands bourgeois et qui permet d’éluder une partie des impôts tout en faisant du profit. Résultat des courses, le groupe a économisé 115 millions d’euros, entre 1994 et 2011, ce qui correspond à un taux d’imposition de 3,3% sur 18 années !
En réaction à l’annonce des licenciements, les politi-ciens de tout bord ont ressorti leurs phrases éculées, leurs fameux « coups de gueule » comme aiment dire les médias, qui sont surtout des discours en l’air et ne les engagent à rien.
Comme d’habitude, Di Rupo s’est déclaré être soli-daire des travailleurs de Caterpillar, «petit tweet» rapide qui ne lui coûte pas grand-chose et qui aura valeur de grande vertu auprès des médias. Même le MR s’est empressé de manifester sa solidarité aux travail-leurs licenciés, lui qui passe son temps à pester contre les syndicats et les salariés !
De même, Di Rupo a fait mine de s’insurger contre ces financiers qui se permettent de détruire la société issue de l’après seconde Guerre Mondiale. Ces propos ne manquent pas d’ironie quand on sait que depuis qu’il est premier ministre, celui-ci met tout son savoir-faire à s’attaquer aux chômeurs, aux pensionnés et aux services publics. Au vu de son bilan provisoire, il a déjà mérité de siéger à côté des patrons comme fossoyeur de la sécurité sociale ! Enfin, histoire d’être dédouané de l’affaire et de justifier son impuissance, il y est allé de son petit laïus contre l’Europe qui impose l’austérité.
Pourtant il est faux que le monde politique et les tra-vailleurs sont impuissants face à la vague de licen-ciements qui balaye la Belgique. Si les 16.000 travailleurs licenciés ces cinq derniers mois en Belgique et leurs familles s’unissaient et s’organisaient ils pourraient être une force face au pouvoir du capital. Cette mobilisation entrainerait dans son sillage les travail-leurs de tous les secteurs industriels qui se sentiraient solidaires de ces travailleurs licenciés et qui viendraient gonfler les rangs de tous ceux qui refusent les diktats des patrons. Et il y a fort à parier alors que les politiciens, dans leurs petits souliers, deviendraient un peu moins impuissants.
Ce discours sur l’impuissance des politiciens ne date pas d’aujourd’hui. En 1936, lors du front populaire en France et des grèves en Belgique, ils nous le servaient déjà. Pourtant, face aux grands mouvements de mobilisations, les gouvernements dans toute l’Europe ont été capables d’accorder des droits sociaux qu’ils refu-saient depuis des dizaines d’années aux travailleurs. Et ceux qui ne l’ont pas fait, parce que la montée ré-volutionnaire avait été plus faible dans leur pays, ceux-là ont lâché du lest après la libération de 1945. Ils avaient bien trop peur que la guerre ne provoque, comme en Russie en 1917, une véritable révolution sociale qui renverse leur pouvoir.
Face à la crise économique et à l’alliance des capita-listes et des gouvernements qui entendent faire payer les travailleurs, il est temps que ceux-ci mettent en avant leur propre programme. Non aux licenciements ! Partage du travail entre tous sans perte de sa-laire ! Et si les patrons font la sourde oreille, il faut les exproprier et remettre l’entreprise dans les mains des travailleurs qui sont les seuls à créer la richesse et à offrir une perspective à cette économie au bord du gouffre.