Le nationalisme au service du patronat

La publication du programme de la NVA a soulevé un tollé parmi les politiciens de tous bords, en particulier bruxellois, et parmi les journalistes. On aurait dit qu’ils découvraient que le parti nationaliste flamand était… nationaliste ! Pourtant cela fait des années que Bart de Wever et ses barons clament qu’ils veulent l’indépendance de la Flandre.
La division du pays en régions ne ferait qu’accentuer la division entre les travailleurs, ce qui faciliterait la tâche du patronat pour les mettre en concurrence. Mais le gros morceau du programme de la NVA, ce n’est pas vraiment le statut de Bruxelles ou les compétences des régions ; non, le problème réel est dans le programme économique et anti-social.
La NVA veut supprimer les tranches supérieures de l’impôt sur les personnes physiques, celles que seules les riches paient. Elle veut aussi réduire l’impôt sur les sociétés, que les patrons paient. Non seulement, seuls les bourgeois vont profiter des réduction, mais surtout, cela signifie qu’il y aura moins d’argent pour les écoles, les hôpitaux, les routes, la poste, les trains, etc. Il est évident que ceux qui vont en pâtir, ce sont d’abord les profs, les infirmières, les facteurs qui verront leurs conditions de travail s’aggraver et ce seront donc tous les travailleurs qui seront touchés car eux, ils n’auront pas les moyens de mettre leurs enfants dans des écoles privées ni de se faire soigner dans des cliniques privées.
Mais cela ne suffit pas, la NVA veut aussi réduire la durée des allocations de chômage à deux ans. Or ces allocations sont tout ce qui reste à des centaines de milliers de travailleurs privés d’emplois par ces restructurations en cascade qui ne servent qu’à enrichir encore plus les actionnaires tout en aggravant d’un côté le chômage et de l’autre côté la pression sur les travailleurs qui restent.
Et pour ceux qui auront un emploi, la NVA veut aussi supprimer l’indexation des salaires. Même manipulé, l’index reste un moyen de protéger en partie les salaires contre l’inflation. Sans indexation, ce sont des centaines d’euros de salaire perdus chaque année !
Et pour finir, on peut épingler la volonté de la NVA de réduire la possibilité pour les travailleurs âgés de partir en pension avant 65 ans et surtout de rendre le calcul des pensions encore plus défavorable pour les travailleurs pauvres : ceux qui ont subi du chômage ou du temps partiel pourraient perdre jusqu’à 35% de leur pension.
Avec ce programme, la NVA se positionne comme un serviteur zélé du patronat. Le discours nationaliste sert d’abord à attirer un petit patronat avide de plus de pouvoir, et ensuite à séduire une partie de la population flamande, touchée par la crise et à laquelle de Wever fait croire que ses problèmes viennent de la structure politique de l’Etat fédéral. Mais s’il parvient à l’appliquer, ce programme ne fera qu’aggraver la situation sociale des couches populaires flamandes. Et ce n’est pas parce que les patrons flamands paieront moins d’impôts qu’ils vont créer des emplois et encore moins augmenter les salaires ! Un patron, c’est avant tout un patron, peu importe sa nationalité.
Les autres partis flamands ont pris leurs distances avec le discours de la NVA. Mais uniquement par opportunisme : ils ne pensent pas que ce soit le moment de rediscuter de réforme de l’Etat. Quant aux partis francophones, ils se présentent comme des défenseurs de la Belgique ou des bruxellois… mais évidemment pas des travailleurs, ça se saurait !
Certes, la NVA n’y va pas par quatre chemins, mais elle n’a rien inventé : le report de l’âge de la retraite, la chasse aux chômeurs, les sauts d’index, le blocage des salaires, les réductions de charges sociales ou d’impôts pour les riches, tout cela est au programme des autres partis, même du PS ! Au fond, tous les partis reconnaissent le droit du patronat à exploiter les travailleurs, et tous trouvent normal que les travailleurs se serrent la ceinture pour augmenter les profits des riches. Cela fait des années que tous les discours vont dans le sens de justifier l’appauvrissement de la majorité de la population laborieuse. Mais, le PS et le CdH, même le MR dans une moindre mesure, essaient de cacher cela derrière un vernis social. La NVA les gêne parce qu’elle a trouvé dans le régionalisme un moyen pour trouver des électeurs sans devoir cacher qu’elle est un parti de combat au service du patronat. Dans ce sens, la politique de la NVA est la même que celle du front national en France : un façade nationaliste et un programme ultralibéral.
Si les travailleurs doivent s’y opposer, ce n’est pas parce qu’ils sont de telle ou telle pays ou région, mais parce que c’est avant un programme contre tous les travailleurs.

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