Diviser la classe ouvrière en travailleurs « nationaux », qu’elle prétend défendre, et travailleurs immigrés, qu’elle rend responsable du chômage et de la pauvreté, est la méthode politique caractéristique de l’extrême droite. Les propos du secrétaire d’État N-VA à l’Asile et la Migration, Théo Francken, selon lequel il faudrait choisir entre « l’ouverture des frontières » et « une sécurité sociale performante » en sont le dernier exemple en date. Or, les véritables responsables du chômage et de la pauvreté, ce sont les patrons qui licencient et baissent les salaires pour augmenter toujours plus les bénéfices des actionnaires avec l’approbation et l’aide du gouvernement. Et le déficit de la sécurité sociale est, lui, creusé par les baisses successives des charges patronales votées par tous les politiciens de gauche comme de droite. Bien plus, la misère et les guerres dans les pays sous-développés que fuient les travailleurs immigrés sont la conséquence de la concurrence pour le pillage des richesses de ces pays qui profite notamment aux capitalistes belges. L’annonce de l’accueil de 250 migrants supplémentaires pour les deux années à venir dans le cadre du plan d’action européen en Méditerranée est évidemment dérisoire et sert avant tout de réponse à l’opinion publique choquée par la multiplication des naufrages mortels.
En divisant la classe ouvrière pour mieux masquer l’exploitation et la lutte de classe, l’extrême-droite se fait le meilleur défenseur du patronat. Les travailleurs n’ont pas de véritable patrie, ils ont toujours migré pour fuir la misère et chercher du travail ; ils forment à l’échelle mondiale une seule classe sociale ayant le même intérêt face aux bourgeoisies capitalistes et leurs États.