Le gouvernement Michel a déjà prouvé de quel côté il était, celui des patrons : saut d’index, report de l’âge de la pension, tax shift sont autant de mesures qui servent à augmenter les profits des actionnaires en tirant les travailleurs toujours plus vers le bas.
Récemment, le ministre des Finances, Van Overtveldt (N-VA), et celui des Pensions, Bacquelaine (MR), ont annoncé les prochaines attaques.
Côté finances, l’intention est de faire passer l’impôt des sociétés de 34% à 20%, ce qui revient à faire un cadeau fiscal de 3,5 milliards d’euros au patronat. Le prétexte avancé est de « simplifier » le système pour les entreprises. Ce qui sous-entend hypocritement que pas mal d’entreprises disposent déjà de déductions, réductions et autres exemptions pour ne pas payer le taux-plein.
En réalité, Van Overtveldt vient de se faire taper sur les doigts par la Commission Européenne à cause d’un système appelé « Excess profit rulings » mis en place par la Belgique pour accorder des cadeaux fiscaux aux grandes entreprises. Grâce à ce système, seuls 10% des bénéfices des filiales belges des multinationales étaient imposables. Ah ça ! Pour les patrons, la Belgique est un véritable paradis fiscal ! Mais puisqu’il ne va plus être possible de faire ce genre de cadeaux à certains privilégiés, le ministre propose tout simplement d’en faire profiter tous les patrons en baissant le taux d’imposition de façon générale. Inutile de dire que les syndicats patronaux ont immédiatement exprimé leur satisfaction. Quant à ceux qui lui demandent comment il va compenser le manque à gagner, le ministre a répondu clairement qu’il fallait faire plus d’économies dans la sécurité sociale.
Justement, côté pensions, Bacquelaine veut lui aussi faire des cadeaux aux uns sur le dos des autres en supprimant le plafond des pensions. Cela ne signifie pas que les pensions vont augmenter, loin de là, mais que celles des plus riches ne seront plus plafonnées à 1672€ comme actuellement. Ainsi, les cadres supérieurs qui bénéficient déjà de bons salaires et de généreux plans de pension complémentaire vont recevoir encore plus ! Ce cadeau aux privilégiés est d’autant plus choquant qu’au même moment, le gouvernement renie sa promesse de compenser la hausse de la TVA par une augmentation des pensions les plus faibles. Il n’y aura qu’1% d’augmentation, et encore, uniquement pour les travailleurs qui ont eu la chance de travailler 45 ans. Donc, pour ceux ou celles qui n’ont pas une carrière complète ou qui ont travaillé à temps partiel, rien du tout !
Et Bacquelaine en rajoute encore puisqu’il propose de donner un poids plus faible aux années d’étude et aux périodes de chômage ou de maladie dans le calcul des pensions. Sous le prétexte hypocrite de « récompenser le travail », cela revient en fait à punir ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir un emploi toute leur vie, c’est-à-dire la majorité de la population. Tout est fait pour réduire le droit des couches populaires à un repos mérité tandis que le tapis rouge se déroule sous les pieds de ceux qui ne manquent de rien.
Cadeaux fiscaux aux entreprises d’un côté, attaques contre les couches populaires de l’autre, c’est la rengaine du gouvernement Michel. Van Overtveldt a même osé déclarer : « Après avoir baissé l’impôt sur les bas salaires et les charges sociales sur le premier emploi, il faut à présent faire quelque chose pour le capital ».
MR, N-VA, Open VLD et CD&V, chacun veut montrer qu’il est le meilleur et le plus zélé serviteur des intérêts patronaux, tout en prétendant justifier leurs actes au nom de la préservation de l’économie et de l’emploi. Quant aux partis d’opposition, ils se donnent le beau rôle mais ils n’ont pas agi différemment quand ils étaient au gouvernement. Cela traduit à quel point le patronat se sent fort et ne craint pas d’attaquer de front le monde du travail. Cette force, ils la tirent en partie de la crise, leur crise, et du chômage de masse qui paralyse le monde du travail. Mais ils profitent surtout de la démoralisation des travailleurs et des illusions qu’ont entretenues les partis « de gauche », leur faisant croire qu’il suffirait de voter pour un « bon » politicien. Les travailleurs forment la majorité de la société, ce sont eux qui la portent sur leurs épaules ; ils n’ont pas besoin de meilleurs maîtres mais de s’organiser eux-mêmes pour prendre collectivement leur avenir en mains.