Le gouvernement Michel a fait un pas en avant dans ses attaques contre les travailleurs en faisant voter une loi pour le service minimum à la SNCB.
Le ministre des transports, Bellot, a pris soin de présenter une forme apparemment atténuée du service minimum : il ne sera pas interdit de faire grève et il n’y aura pas de réquisitions de personnel. Cela aurait été de toute façon impraticable et Bellot le sait très bien. En revanche, les syndicats devront déposer un préavis de 8 jours pour tout mouvement de grève et imposant à salariés, comme les conducteurs et les accompagnateurs, de déclarer 3 jours à l’avance leur intention de faire grève.
Evidemment, ce délai supplémentaire servira à la direction à mieux se préparer pour réduire l’impact des grèves en le justifiant bien évidemment par le service aux usagers. La force de la grève, c’est justement de bloquer la production ! Comme les cheminots n’ont rien à bloquer que des trains, ils ne peuvent se faire entendre qu’en bloquant indirectement les entreprises. Et puis, souvent c’est sur les piquets, au contact de leurs collègues grévistes, que les indécis se joignent au mouvement. En imposant de se déclarer en grève à l’avance, le gouvernement essaie d’empêcher l’extension des mouvements.
Et cela ne concerne pas que les cheminots. En introduisant la notion de « travailleurs indispensables » qui seront tenus de se déclarer grévistes à l’avance, le gouvernement crée un précédent. On peut bien imaginer que d’autres entreprises publiques puis privées vont aussi vouloir faire reconnaître certain de leurs travailleurs comme « indispensables ». C’est déjà en marche puisque le CdH a introduit un projet en ce sens pour les TEC wallons, et le MR bruxellois a fait exactement la même proposition pour la Stib à Bruxelles.
Il s’agit là d’une attaque inacceptable et dangereuse contre le droit de grève. Et ce n’est pas la seule, puisque le gouvernement a déjà obtenu d’interdire le blocage des trains par les piquets.
Cette mesure antigrève arrive dans un contexte où le gouvernement est dans une phase d’attaques continues contre le monde du travail. Après avoir porté l’âge de la pension à 67 ans, le gouvernement travaille en douce sur l’introduction d’une pension « à points » qui vise à réduire encore plus le montant des retraites. Le ministre des Finances a annoncé que les dépenses publiques allaient encore être réduites, ce qui aura forcément un impact sur les transports, mais aussi les écoles, les hôpitaux, etc. D’un autre côté, il réduit les impôts sur les entreprises et ne fait quasiment rien contre la fraude fiscale.
On peut se douter que le gouvernement a à cœur de priver les travailleurs des moyens de se défendre face aux attaques à venir. Non seulement la nouvelle loi va rendre la résistance plus difficile mais elle va contribuer à démoraliser une partie des travailleurs qui vont se sentir de plus en plus impuissants.
Malheureusement, la réponse des syndicats est insuffisante. La CGSP wallonne a bien lancé un préavis de grève dans les TEC mais la CGSP–Cheminots refuse de suivre. En revanche, la FGTB et la CSC ont annoncé qu’elles allaient attaquer le service minimum en justice. Comme si la justice pouvait défendre les droits des travailleurs alors qu’elle fait partie intégrante d’un système taillé sur mesure pour le patronat ! Le droit de grève n’a pas été obtenu par une décision de justice, il a été imposé par les luttes des travailleurs des générations précédentes. Seule la grève peut le protéger : le patronat et le gouvernement à son service sont contre la grève, c’est normal, mais pour les empêcher d’agir, il faut rendre coup pour coup et utiliser la grève contre ces attaques.
On entend parfois un discours défaitiste qui dit que les travailleurs ne se mobilisent plus ou que la grève ne sert à rien.
Rien de plus faux ! Ce mardi 21 novembre, 10 000 travailleurs ont manifesté à Liège, tandis que les TEC étaient à l’arrêt complet. La grève nationale d’octobre a été très suivie. De manière générale, le nombre de jours de grève a doublé entre 2015 et 2016. Alors, oui, les travailleurs sont conscients des dangers qui pèsent sur leur avenir et sont prêts à se mobiliser. Ce qu’il faut maintenant, c’est organiser un mouvement d’ensemble qui oblige le gouvernement à reculer.