En tirant à balles réelles sur des habitants désarmés de la bande de Gaza qui protestaient le 14 mai contre le transfert à Jérusalem de l’ambassade américaine, l’armée israélienne a causé la mort d’au moins 59 Palestiniens, dont huit enfants de moins de 16 ans, et fait plus de 2 400 blessés.
Au moins 40 000 Palestiniens s’étaient massés en différents points le long de la clôture israélienne, pour la septième semaine de la Marche du retour organisée pour commémorer la Nakba (« catastrophe » en arabe). Celle-ci désigne l’exode de plus de 700 000 Palestiniens chassés de leurs maisons et de leurs terres au moment de la création d’Israël. Les manifestants entendaient aussi dénoncer le blocus imposé depuis plus de dix ans à la bande de Gaza, condamnant plus des deux tiers de ses habitants à vivre de l’aide humanitaire. En décidant le 12 mai de fermer l’unique point de passage des marchandises vers Gaza, aggravant ainsi la situation déjà dramatique des Gazaouis, le gouvernement israélien s’est livré à une nouvelle provocation.
L’inauguration de la nouvelle ambassade américaine à Jérusalem donnait une autre raison aux Palestiniens d’exprimer leur colère. Conquise en 1967 à l’issue de la guerre des Six-Jours, la partie orientale de Jérusalem, peuplée très majoritairement de Palestiniens, avait été officiellement annexée en 1980 par Israël. Depuis, les autorités israéliennes n’ont jamais cessé de mener une politique de colonisation visant à en chasser les Palestiniens. Un récent rapport de l’Union européenne a estimé qu’entre 1967 et 2016 Israël avait conduit à Jérusalem une « politique de déportation silencieuse », notamment en révoquant les permis de milliers de résidents palestiniens, dans le but de préserver une « majorité juive substantielle ». En décidant, en décembre dernier, le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, Trump apportait son soutien ouvert à cette politique des dirigeants israéliens.
Depuis la création d’Israël, les dirigeants américains ont apporté un soutien indéfectible à l’État israélien, qui est pour eux un allié privilégié, gendarme de l’ordre impérialiste dans la région. Mais, soucieux de ne pas trop mettre les États arabes alliés des États-Unis en difficulté vis-à-vis de leur population, ils avaient aussi cherché à se donner une image de médiateurs entre Israéliens et Palestiniens.
Depuis son accession au pouvoir, par ses déclarations et ses prises de position, Trump ne se donne même plus cette peine et il encourage ainsi le gouvernement d’Israël, l’un des plus à droite de l’histoire du pays, à poursuivre sa politique de colonisation d’une façon encore plus brutale et arrogante vis-à-vis des Palestiniens.
Depuis les premiers rassemblements à la frontière entre Gaza et Israël le 30 mars, les forces israéliennes auraient tué au moins 107 Palestiniens dans l’enclave et blessé environ 12 000 personnes. Cette répression s’inscrit dans la continuité de la politique des gouvernements israéliens, une politique criminelle et sanglante qui alimente depuis 70 ans la révolte légitime des Palestiniens. Elle condamne aussi la population israélienne à vivre en permanence sur le pied de guerre, la transformant en gardiens de prison ou en bourreaux, comme cela a encore été le cas dans les massacres à la frontière de Gaza.