Après un an, les fonctionnaires wallons ont repris le chemin de la grève le vendredi 19 octobre. En novembre 2017, ils avaient déjà revendiqué l’application d’accords passés avec le gouvernement qui sont depuis restés lettre morte. En front commun, les syndicats font valoir depuis plusieurs années des mesures sur la réduction du temps de travail en fin de carrière. Mais surtout, la grande revendication est d’octroyer le statut de fonctionnaires à ces dizaines de milliers de travailleurs des services publics qui en sont dépourvus. Car en réalité, contrairement à l’idée reçue, les fonctionnaires sont devenus une denrée rare !
En même temps, le gouvernement se comporte comme n’importe quel patron, il s’attaque aux conditions de travail dans les services publics. Il traque les malades, réduit le personnel et les budgets de fonctionnement. Bien évidemment, il en résulte des cafouillages, des services déficients, inexistants et de mauvaise qualité. Les attentes pour des examens médicaux durent des mois, les infirmières sont seules pour s’occuper de 30 lits, les trains sont en retard, trop chers, les files à la poste plus longues qu’un jour sans pain quand les bureaux ne sont pas tout simplement fermés. Le traitement des dossiers de pension prend des mois ou se perd dans les méandres d’une administration qui fonctionne en dépit du bon sens par manque de personnel. La justice est en retard d’une guerre. A tel point que les policiers ont décidé de suspendre le contrôle des infractions mineures de la circulation du 15 au 30 septembre. De toute façon, il n’y a personne pour traiter les dossiers ! Alors, à quoi bon. Tout est à l’avenant, sauf pour les riches qui usent de passe-droits car ils connaissent quelqu’un qui connaît quelqu’un ou qu’ils ont la bourse suffisamment garnie pour se faire soigner dans le privé et mettre leurs enfants dans des écoles où les frais scolaires sont à quatre chiffres.
Le 28 septembre, FGTB et CSC avaient appelé les travailleurs des services publics, les fonctionnaires et tous les autres, à manifester. Dix mille travailleurs s’étaient déplacés malgré la tiédeur des directions syndicales. Car les actions en ordre dispersé et sans lendemain nous savons tous qu’elles ont bien peu de chance de faire reculer le gouvernement, qu’il soit suédois ou arc-en-ciel ! Par contre, elles contribuent à propager la démoralisation et le fatalisme. « A quoi bon », se dit-on, « on ne pourra rien changer de toute façon ! ». Si ce sentiment est bien compréhensible, et pas uniquement parmi les travailleurs des services publics, il nous mène à la catastrophe. La société capitaliste signifie la ruine de l’humanité. Seule la classe des travailleurs a les capacités et l’intérêt de la changer. C’est dire l’urgence que nous reprenions confiance en nous-mêmes !