L’année 2019 a vu un approfondissement de la crise générale de l’économie capitaliste. On le voit à la manière dont les marchés financiers s’affolent à chaque tweet de Trump, on le voit dans la guerre commerciale sur les tarifs douaniers entre les États-Unis et la Chine : des escalades verbales qui tiennent plus du bluff que de la réalité tellement les deux économies sont imbriquées, mais qui sont révélatrices de la tension qui règne sur les marchés. Les responsables des institutions économiques, du FMI à l’OCDE, tirent la sonnette d’alarme à propos de la croissance en berne. Malgré les prêts à 0%, malgré le blocage des salaires et les réductions d’impôts, les entreprises n’investissent pas. Elles empochent ces cadeaux et placent l’argent à court terme dans les circuits financiers.
Pour l’instant la crise prend la forme d’un ralentissement structurel sur la durée mais il suffirait de peu de choses pour qu’elle explose comme en 2008. Les gouvernements tentent de protéger les capitalistes de la crise qu’ils ont créée, par des mesures protectionnistes, peut-être par des investissements publics pour compenser le manque d’investissements privés, certainement en continuant à faire peser le poids de la crise sur les classes populaires, qui subissent déjà le chômage, la précarité et les bas salaires depuis des années. Le profit vient uniquement de l’exploitation des millions de salariés qui font tourner les usines, transportent les marchandises, etc. Les opérations financières ne créent pas de profit, elles ne font que le répartir entre les capitalistes. Le seul moyen de maintenir les profits est donc d’aggraver l’exploitation des classes populaires.
La seule force capable de freiner cette tendance, c’est la force collective de la classe ouvrière.
On l’a vu en 2019, ce ne sont pas les luttes qui ont manqué, preuve que le mécontentement est général et peut se transformer en action, même dans les conditions les plus dures.
Il a fallu du courage et de la combattivité aux Indonésiens, aux Haïtiens, aux Irakiens ou aux Libanais pour affronter la répression policière et exprimer leur colère face à la corruption des élites. Au Soudan, la population mobilisée a réussi à faire tomber la dictature sanguinaire d’Omar Al-Bechir. Au Chili la population est mobilisée contre le coût de la vie, à Hong-Kong elle l’est pour défendre la démocratie. Aux États-Unis, les travailleurs de General Motors ont mené la plus longue grève depuis 40 ans pour défendre leurs salaires et leurs retraites. En France, on a vu le mouvement des gilets jaunes puis la grève et les manifestations pour défendre les retraites, qui durent depuis un mois. En Algérie aussi les travailleurs restent mobilisés pour leur 45ème vendredi de mobilisation contre le gouvernement !
Dans un autre registre, on a vu la jeunesse se mobiliser dans tous les pays pour la défense de la planète et exiger des actions contre le réchauffement climatique.
Donc, non, à l’échelle du monde, ce n’est pas la combativité qui manque !
L’aspiration à un changement de régime ou à une autre politique sont parfaitement compréhensibles et légitimes. Le problème ne se limite cependant pas à savoir qui va remplacer le dictateur déchu ou le politicien détrôné. Au pire, un autre dictateur prend le relais, comme en Égypte ; au mieux, c’est un régime plus parlementaire, comme en Tunisie, sans que les choses changent pour l’écrasante majorité des classes pauvres.
Il ne suffit pas de renverser un dictateur pour que cesse la dictature de l’argent, plus exactement du grand capital, sur la société. Les dictateurs sont comme les hommes politiques des pays qui se prétendent démocratiques : ils sont interchangeables.
La seule force capable de changer réellement et durablement les choses, c’est la force collective de la classe ouvrière. Pourtant, les victoires partielles et passées des travailleurs ont aussi montré que les luttes les plus puissantes ne peuvent que donner un répit, le temps que les bourgeois et leurs politiciens se réorganisent.
Le problème qui se pose à nous tous n’est pas tant de défendre les intérêts des travailleurs face au capitalisme, mais de le renverser. C’est cet objectif qui fait défaut aux mobilisations, pourtant impressionnantes des travailleurs du monde entier.
Si aujourd’hui les idées en vogue sont celles du repli national, régional ou communautaire, c’est à cause de l’absence de la classe ouvrière, du monde du travail, sur le plan politique. Quand les travailleurs sont conscients de leur force collective, ils se battent ensemble, toutes origines et toutes religions confondues, contre leur ennemi commun, le capital ; et cette force peut attirer à eux les autres couches de la société car elle est capable de renverser le capitalisme pour mettre en place un autre monde.
Pour y arriver, il faudra reconstruire un parti communiste qui organise les luttes dans cette perspective.
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