Les accords interprofessionnels ont toujours été des accords de dupes où les bureaucraties syndicales s’engageaient à empêcher les grèves en échange de cacahuètes. Après la Seconde Guerre mondiale, le patronat y a trouvé son compte en s’achetant la paix sociale alors que la classe ouvrière était combative. Pour les travailleurs, le seul avantage, en théorie, est de permettre que le poids des secteurs essentiels de l’économie bénéficie aussi aux autres.
Aujourd’hui, les AIP encombrent la bourgeoise. Elle se sent forte. Elle ne voit pas l’utilité de prendre une assurance contre des grèves puisqu’elle estime que la probabilité qu’elles se déclenchent est faible et sans danger. Alors, elle traîne des pieds ; elle trouve que ça ne vaut pas le coup de signer des AIP. Évidemment, ça ne fait pas les affaires des bureaucraties syndicales. Elles se sentent humiliées par le dédain du patronat qui n’a plus besoin de ses services. À force d’avoir baladé les travailleurs dans des manifestations sans lendemain, d’avoir fait reprendre le travail après chaque débrayage, d’avoir expliqué mille fois que les miettes lancées par les patrons étaient des grandes victoires, les directions syndicales ont découragé les travailleurs.
Pour cet AIP, le patronat a uniquement donné son accord pour une « enveloppe bien-être » qui ne lui coûtera pas un sou. Tu parles d’une victoire ! Sinon, il continue de refuser une augmentation des salaires supérieure à 0,4% et toute hausse du salaire minimum. Alors, les directions syndicales peuvent bien pleurer que ce n’est pas juste car les travailleurs se sont dépensés sans compter dans cette crise sanitaire. Mais depuis quand vit-on dans un monde juste ? Depuis quand les intérêts des travailleurs sont-ils défendus par autre chose que leurs luttes ? On n’a jamais rien obtenu parce que c’était juste ! On a eu que ce qu’on a pris et on l’a pris de force. Même les miettes on les a eues par la force. Ceux qui disent le contraire sont des menteurs, des enfumeurs.