Le Comité de concertation « Codeco » du 26 novembre a pris de nouvelles mesures restrictives dans le contexte de la lutte contre le Covid-19. Il y a eu, comme à chaque fois, des débats sur le fait que ces mesures seraient trop ou pas assez strictes, sur le fait qu’il est bizarre de fermer les écoles dans deux semaines alors que c’est maintenant que la 4ème vague est au plus haut.
Mais, Codeco après Codeco, on voit bien que les raisons qui déterminent l’action du gouvernement sont très basiques. En tout cas, ce n’est pas l’espoir de sauver des vies car on voit bien que la classe politique dans son ensemble s’accommode assez bien du fait qu’il y ait 50 morts par jour. En revanche, ils ont l’air très préoccupés par le nombre de lits occupés en soins intensifs, et ça veut dire beaucoup de choses.
Certes, De Croo et Vandenbroucke parlent du taux de contamination, du nombre de cas positifs, et prennent un air paternel pour dire de prendre soin les uns des autres. Il y a un an, le gouvernement avait mandaté des experts pour définir des critères objectifs liés à des niveaux d’alerte et des plans d’action. Rien n’en est sorti. Et c’est logique, car le seul chiffre qui les pousse à agir, c’est le nombre de lits occupés en soins intensifs.
Évidemment, aucun ministre n’a envie de se retrouver sur la sellette si on voyait en Belgique des patients mourant dans les couloirs des hôpitaux faute de lits, comme ce fut le cas dans certains pays lors de la première vague. Cela démontrerait leur incapacité à gouverner et pourrait provoquer une saine colère de la part de la population. Aux yeux des dirigeants politiques, les malades peuvent mourir, tant qu’ils le font en bon ordre et en silence.
Mais il n’y a pas que les morts. Il y a toutes les opérations « non urgentes » qui sont reportées. Le responsable d’un hôpital dit qu’ils ne font plus de colonoscopies. Combien de cas de cancer du côlon vont apparaître dans les années qui viennent, parce que les dépistages n’auront pas été effectués à temps ? Combien de gens vont mourir d’autres maladies que l’on peut prévenir et guérir parce qu’il faut absolument empêcher le spectacle de malades du Covid entassés dans les couloirs ? Car cela pourrait remettre en question le pouvoir politique ; pas seulement le pouvoir de tel ou tel politicien, mais tout ce système politique qui ne fonctionne que dans l’intérêt des plus riches.
Car la question qui n’est jamais soulevée, c’est comment se fait-il que dans un pays riche comme la Belgique, il n’y ait que 2000 lits disponibles aux urgences pour 11 millions d’habitants ? Qu’est-ce qui fait qu’après bientôt deux ans de pandémie, les hôpitaux en soient toujours réduits à une telle misère ? On entend qu’il y a une pénurie de personnel. Oui, les soignants se plaignent depuis des années d’être en sous-effectifs. Il y a eu des manifestations pour faire entendre leur voix. Mais s’il y a si peu de candidats et si tant de personnes quittent le métier, c’est qu’il y a un problème, un problème de salaire, un problème de conditions de travail, et ce problème vient de dizaines années d’austérité et de restrictions budgétaires durant lesquelles les directions hospitalières ont augmenté la productivité et réduit les effectifs sous la pression de budgets en constante diminution.
Ah oui, il y a eu le « Fonds Blouses Blanches », censé apporter 400 millions au budget des soins de santé. Vandenbroucke se vante d’y avoir fait ajouter encore 500 millions. Cela ne fait jamais que 3% du budget des soins de santé et, surtout, cet argent ne sert que très peu à créer de vrais nouveaux emplois. Contrairement à ce qui a été annoncé, il n’y a pas eu 1500 nouveaux emplois temps plein créés, mais surtout la transformation de CDD et d’intérims en CDI. En Belgique, il y a 360 000 infirmiers et aides-soignants et on voit que c’est insuffisant. Même 1500 de plus ne vont pas y changer grand-chose.
Ce milliard d’euros dont le gouvernement est si fier, ne compense pas le manque à gagner des années précédentes, les économies faites par Maggie de Block, OpenVLD comme De Croo. Rien qu’en 2017, c’étaient 900 millions !
Les soins de santé, comme tous les services publics, comme les écoles, les pompiers, les transports, ont été pillés pour faire des économies et réduire les impôts du patronat. Ceux qui meurent aujourd’hui, ceux qui vont mourir demain, faute d’avoir reçu les soins adéquats à temps, le doivent avant tout à ces politiques criminelles d’austérité.Le capitalisme est mortel pour l’humanité. Il ne mérite que d’être détruit et remplacé par une société dirigée par les travailleurs et dans l’intérêt de la collectivité. Ça s’appelle le communisme.