Le fléau de l’inflation continue de frapper le monde du travail comme un poison lent. Le prix de l’essence a augmenté de 80 cents par litre, et celui de l’énergie de 63%. Les hausses ne touchent pas que l’énergie : nourriture, boissons, vêtements, loyers, tout a augmenté. L’inflation en Belgique a officiellement atteint 12,3% en octobre. Ce sont des centaines d’euros par mois qui alourdissent la note alors que les salaires sont déjà sous pression.
L’indexation ne compensera ces augmentations qu’avec retard et seulement en partie car l’index protège moins bien les ménages pauvres dont les principales dépenses sont le loyer, l’énergie et la nourriture.
Face à cette situation d’urgence, les mesures gouvernementales sont insuffisantes et tardives. Les chèques énergie et la baisse de la TVA et des accises sur l’essence, ne font pas le compte, même après la récente décision d’une aide supplémentaire pour les ménages les plus pauvres.
Et puis, le principe même de ces aides gouvernementales pose un problème : le gouvernement prend dans les caisses de l’État de l’argent qui va finir dans les poches des Total, Engie et autres profiteurs de crise. La même politique est appliquée ailleurs, en France avec le « bouclier tarifaire » ou en Allemagne, dont le gouvernement va débourser deux cents milliards pour payer l’augmentation des prix de l’énergie.
Ces gouvernements prennent dans les réserves de la collectivité au lieu de prendre dans la poche des patrons qui se sont enrichis par milliards grâce à la guerre et à la crise. Cet argent va manquer ailleurs. Tôt ou tard, De Croo va immanquablement tenter de présenter l’addition aux travailleurs. Que ce soit sous la forme de coupes dans les budgets des services publics, de nouvelles réductions des allocations ou des pensions ou d’un report supplémentaire de l’âge de la pension, les gouvernements, qui sont au service des riches, ne manquent pas d’idées pour faire payer les plus pauvres !
Par exemple, le budget 2023 prévoit déjà de raboter de 120 millions la dotation des services de santé alors que la pandémie vient justement de montrer à quel point ceux-ci manquent cruellement de moyens pour embaucher du personnel soignant !
Une fois de plus, les politiciens bourgeois n’offrent pas d’autre perspective que de prendre directement ou indirectement dans la poche des plus pauvres pour préserver les profits du patronat. Aux riches les milliards, les autres n’auront qu’à « mettre un pull et baisser le chauffage » et à se préparer à se serrer encore plus la ceinture demain.
Aucun gouvernement ne propose de toucher aux sacro-saints profits des grands capitalistes. Total, Shell et les autres compagnies pétrolières ne se sont pas gênées pour annoncer des dizaines de milliards d’euros de surprofits. Que cela enfonce encore plus la population dans la pauvreté ne va pas les empêcher de sabrer le champagne, pas plus que la faillite des milliers de petites entreprises et la destruction d’autant d’emplois.
Ces profits viennent uniquement de la spéculation liée à la guerre en Ukraine. Les prix n’augmentent pas parce qu’il y a moins de pétrole ou de gaz que l’an dernier mais grâce une situation politique instable qui permet de les faire flamber artificiellement.
Alors, au lieu de payer les profits du patronat avec de l’argent public, il faut exiger qu’il augmente les salaires. Et il faut aussi bloquer les prix pour qu’il ne reprenne pas d’une main ce qu’il a dut céder de l’autre.
Les augmentations de salaires ne seront obtenues que par des luttes sociales, à commencer par la grève générale du 9 novembre, même si elle ne suffira pas à elle seule à obtenir de quoi compenser les années de trucage de l’index et de dégradation du pouvoir d’achat.
Quant au blocage des prix, on ne peut évidemment pas faire confiance au patronat pour le respecter ni aux gouvernements pour l’imposer. Les travailleurs peuvent et doivent eux-mêmes contrôler les prix. Cela peut se faire en dénonçant les augmentations des produits de consommation courante au niveau de chaque supermarché. Cela peut aussi se faire en rendant publics les chiffres des coûts et des profits que cachent jalousement les patrons mais que les salariés de leurs entreprises connaissent bien.
Ouvriers, employés, consommateurs, en relation les uns avec les autres, devraient avoir les moyens de connaître tout de la production comme de la distribution des richesses. Les malversations et les traficotages en tous genres seraient ainsi rendus publics de même que la valse artificielle des étiquettes des prix.
C’est encore et toujours la crise. Alors, s’il y a une urgence face à l’inflation, c’est bien l’augmentation des salaires, la levée du secret des affaires et le blocage des prix sous le contrôle de la population !