Voilà deux mois que le monde du travail se mobilise en France contre la réforme des retraites de Macron, qui vise à faire passer l’âge de la retraite à 64 ans au lieu de 62 actuellement.
Macron comptait peut-être que le mouvement allait s’essouffler rapidement. Eh bien, c’est raté. Il espérait qu’en forçant l’adoption de la loi sans vote au parlement, il mettrait les travailleuses et les travailleurs devant le fait accompli et que ça les découragerait. Eh bien, ça aussi, c’est raté.
Bien au contraire, ce mouvement n’a cessé de prendre de l’ampleur. Des salariés qui n’avaient jamais fait grève, qui n’avaient jamais manifesté s’y sont mis pour la première fois. Des jeunes qui sont pourtant bien loin de l’âge de la retraite ont rejoint en nombre les manifestations dans toutes les villes du pays. Depuis le début du mouvement sur les retraites, des millions de travailleurs ont participé au moins à une manifestation, à un débrayage voire à une journée de grève.
Ils viennent du public comme du privé, des grandes entreprises comme des plus petites, de Paris comme de la province. Certains sont en CDI mais d’autres en CDD, en intérim ou en stage. Pour beaucoup, c’est leur premier combat. Partout dans les ateliers et les bureaux, les discussions se multiplient et partout les consciences sont en train de changer. Pour tous, les retraites sont la goutte d’eau de trop, après la flambée des prix et le gel des salaires.
Car au-delà de la question des pensions elles-mêmes, la population rejette toute l’arrogance de cette caste de politiciens grassement payés et dotés de pensions généreuses et qui cirent les pompes du patronat. Elle n’en peut plus des coupes budgétaires dans les services de santé, de l’inflation, de la misère tandis qu’un Bernard Arnault s’affiche au palmarès des capitalistes les plus riches de la planète avec une fortune personnelle de 200 milliards de dollars. Lui et ses comparses ont profité de l’inflation pour accroitre encore plus leurs marges bénéficiaires alors que des millions de ménages n’arrivent plus à joindre les deux bouts.
Face à cette minorité de parasites, les travailleurs représentent une force colossale. Qu’ils soient de la métallurgie, du commerce, de la pétrochimie, du nettoyage, des banques, des hôpitaux, des transports, qu’ils soient ouvriers, employés, techniciens, ingénieurs, conducteurs, informaticiens, caissières, secrétaires, aides-soignants, etc., ils sont à la base du fonctionnement du moindre rouage de la société.
Grâce à ce mouvement, beaucoup d’entre eux réapprennent à s’exprimer et à agir collectivement. Des liens de solidarité et de confiance se construisent et nombre de travailleurs se sentent plus légitimes que jamais pour revendiquer. Rien que prendre l’habitude de discuter de tous les problèmes qui se posent, salaires, horaires, conditions de travail, transport… est une avancée précieuse pour notre camp et un danger pour le patronat.
Face au coup de force de Macron, un sujet est sur toutes les lèvres : les manifestations ne suffiront pas, les grèves d’un jour non plus, alors que faire ? Plusieurs secteurs ont déjà répondu en entamant des grèves : transports, écoles, centrales électriques, raffineries ainsi que les éboueurs dans plusieurs grandes villes.
La grève, c’est ce que craint le plus le grand patronat, au point que des capitalistes, notamment à Stellantis et Continental, ont mis en chômage technique un grand nombre de leurs usines les jours qui ont suivi les journées de grève.
La force de la grève générale c’est avant tout qu’elle bloque la machine à faire du profit et qu’elle touche directement le grand patronat au portefeuille. De plus, la grève libère les travailleurs de leur poste de travail auxquels ils sont enchaînés pendant toute la semaine. Elle leur donne le temps de s’organiser, de discuter entre eux et de remettre en cause tout ce qui ne va pas. Avec elle, tout devient possible ! Cela coûte, certes, mais l’inaction coûte encore plus cher.
Si la force du patronat est de posséder les entreprises, la force des travailleurs est de les faire tourner et ils deviennent 10 000 fois plus puissants que l’infime minorité des capitalistes, quand ils se lancent tous ensemble dans le combat et dans la grève.
Nul ne sait ce que le mouvement va donner. Une chose est certaine c’est que le gouvernement belge a lui aussi des plans pour réduire le montant des pensions, et que l’inflation frappe tout aussi durement de ce côté-ci de la frontière. Alors oui, nous aurions bien besoin d’un tel mouvement !
Toutes les lois anti-sociales que les gouvernements passés ont imposé, la grève peut les défaire.