Le 7 mars, la direction de Delhaize annonçait la vente des 128 magasins intégrés à des franchisés. Elle affirmait la main sur le cœur depuis des décennies la défense de la grande famille Delhaize…
Les actionnaires du groupe Ahold Delhaize, dont dépend la filiale belge Delhaize, ont engrangé 2 milliards d’euros en 2022 ! Ces derniers sont le produit du vol légal des milliers de travailleurs du groupe. Mais ce n’est pas assez pour eux ! Ces parasites aimeraient encore augmenter leurs marges bénéficiaires de plusieurs centaines de millions d’euros.
La vente sous franchise a pour but d’aggraver l’exploitation des 9200 travailleurs de l’entreprise en diminuant les avantages salariaux et en augmentant la charge de travail de tous. Là où il y avait une cinquantaine de travailleurs dans un Delhaize intégré, il n’y en aura plus que 20 ou 30 dans un magasin franchisé. Cela signifie la mise à la retraite des plus âgés, l’engagement de plus jeunes dans des conditions de travail dégradées. Le changement de commission paritaire n’est que la manifestation de cette aggravation de l’exploitation !
Quant aux petits patrons qui veulent acheter, ils n’ont fait que manifester leur contentement de participer à leur faible mesure à la curée proposée par Ahold Delhaize.
Les travailleurs ne sont pas restés passifs face à la nouvelle. Ils ont rapidement débrayé début mars, amenant la majorité des magasins à fermer. Plusieurs sont alors entrés en contact les uns avec les autres et se sont entraidés pour développer la grève. Certains se sont d’ailleurs rendus au dépôt central de Zellik pour convaincre leurs collègues de faire grève. Là où dans certains magasins, c’était plus difficile, ils se sont venus en aide. Nombreux sont ceux pour lesquels c’était la première grève et ils voulaient aller jusqu’au bout de la mobilisation.
Certains ont été discuté avec des travailleurs des magasins déjà franchisés, d’autres ont des anciens collègues dans les autres enseignes, dans les Aldi, les Lidl, les Colruyt, les Carrefour, etc. et ils les ont entendu exprimer les mêmes craintes et entendre sourdre la même colère.
La classe ouvrière a dans ses mains une force, celle du nombre et bien des ressources d’initiative. Or, la politique des directions syndicales est insuffisante. Depuis le début de la crise, elles ont proposé de négocier, se sont plaintes dans la presse, dénonçant mollement l’arbitraire patronal… Les seules actions qu’elles ont menées correspondait à leur volonté d’avoir un rapport de force pour négocier sans se soucier que les travailleurs produisent et contrôlent leur propre mouvement. Leurs actions se sont soldées par des échecs. Leur politique, au lieu de mener les travailleurs vers le développement de leur lutte, a seulement pour but de négocier avec un patron qui se moque bien de discuter avec des représentants syndicaux qui ne sont rien pour eux, tant que les travailleurs n’ont pas montré leur force.
Le patron a bien sûr utilisé tous les moyens légaux et il compte évidemment sur l’usure des travailleurs. Il a envoyé la police et les huissiers. Le 8 avril, il réussissait à rouvrir 19 magasins avec leur aide. Il restait 43 magasins fermés.
Si les travailleurs veulent faire faire machine arrière aux patrons, ils ne peuvent compter que sur leurs propres forces. Les politiciens du PS eux ont fait des discours moraux à la direction, promis l’intervention d’un conciliateur social et proposé le vote d’une loi censé garantir les emplois malgré la franchise. Ces discours politiciens ne sont que des promesses qui n’ont pas pour but de s’opposer réellement à la direction de Delhaize. Ils proposent seulement de se substituer aux luttes des travailleurs pour mieux enterrer le mouvement de grève.
Pour faire reculer l’arbitraire des patrons, pour les obliger à déchirer leur acte de vente qui n’est qu’un chiffon de papier, il n’y a qu’une seule solution, étendre la grève, se baser sur l’énergie toujours renouvelée des milliers de travailleurs, que ces derniers se donne leur propre politique, leur faire confiance pour changer leur sort. Leur confiance en eux, c’est une confiance dans le monde du travail.
C’est seulement ainsi que la phrase de Marx prendra tout son sens : « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. »