Les dernières élections législatives n’ont pas permis au Vlaams Belang de prendre la première place en Flandre, contrairement à ce qu’il espérait et à ce qu’annonçaient les sondages. Il n’accèdera donc pas au pouvoir, du moins pas encore cette fois-ci.
La Belgique n’est pas la seule en Europe à voir l’extrême-droite progresser. En Italie, en Hongrie, en Autriche, elle est en tête ; en Allemagne, elle double son score. En France, cela a pris une tournure plus dramatique puisque, à la suite du succès du Rassemblement National de Le Pen, Macron a dissout l’Assemblée nationale, provoquant ainsi de nouvelles élections les 30 juin et 7 juillet prochains.
La manœuvre de Macron, comme les grandes déclarations des partis belges sur le cordon sanitaire, sont des calculs politiciens. Les hésitations de Bart de Wever concernant une alliance possible avec le Belang, qu’il a refusée à la dernière minute montrent bien que, malgré tout, il la considère comme possible. Dans les faits, les idées des partis d’extrême-droite ont franchi il y a bien longtemps le cordon sanitaire et tous les partis de l’échiquier politique n’hésitent pas à parler ouvertement du soi-disant « problème » de l’immigration, tandis que tous les gouvernements européens s’alignent comme un seul homme derrière une politique répressive et meurtrière envers les réfugiés qui fuient les guerres et la misère.
L’extrême-droite pose un problème à ses concurrents politiques, mais leur progression est aussi un problème pour les travailleurs car ils spéculent sur le racisme et la xénophobie pour diviser les travailleurs. Tous ces partis ont en commun de mettre en avant les « traditions » familiales, le repli sur les frontières nationales et le rejet des étrangers. Ils spéculent sur la peur de l’avenir d’une partie des classes populaires et leur désignent d’autres travailleurs comme boucs émissaires, sous prétexte qu’ils viennent d’ailleurs.
Ils réécrivent un passé ou « c’était mieux avant », où on n’avait pas peur du chômage, où on était mieux entre soi. Ce passé n’a jamais existé. Le capitalisme a toujours été synonyme d’oppression, de bas salaires et de misère. Les grèves de nos ancêtres sont là pour en attester, ainsi que leur répression violente par les forces de l’ordre des bourgeois de l’époque. Les journées de douze heures, le travail des enfants, l’absence de congés payés, de sécurité sociale ou de retraite. Du sang et des larmes, voilà le vrai passé de la classe ouvrière. Le chômage existait déjà à grande échelle, et il n’y avait pas d’allocations ! Et quand les travailleurs se mettaient en grève, les patrons allaient chercher des jaunes dans les pays voisins. Il n’est pas si loin le temps où l’on se détestait entre Belges, Français et Italiens !
C’est cela le passé que veulent faire revivre ces partis nationalistes qui prétendent nous enfermer dans nos frontières ? Nous n’en voulons pas !
Les travailleurs ont réussi, en partie, à résister à l’exploitation capitaliste, quand ils ont compris que, quel que soit leur pays d’origine, quelles que soient leur langue ou leur religion, ils faisaient tous partie d’une même classe ouvrière, qu’ils étaient exploités par le patronat de leur propre pays et que leurs divisions ne profitaient qu’à leurs exploiteurs. C’est quand ils se sont unis et organisés à une échelle internationale, qu’ils ont commencé à faire reculer le patronat.
Les frontières que le Belang et les partis similaires veulent remettre en place n’ont jamais protégé les travailleurs car notre ennemi, le patronat, est dans notre propre pays. Les seuls alliés des travailleurs, ce sont justement les travailleurs des autres pays !
Si le score des partis d’extrême-droite augmente, c’est parce que les partis au pouvoir depuis des dizaines d’années n’ont pas protégé les travailleurs des ravages du capitalisme, de la baisse du pouvoir d’achat ni des licenciements. Au contraire, ils ont toujours pris le parti du patronat en vidant les caisses publiques pour qu’il puisse encore plus augmenter ses profits. Les partis d’extrême-droite ont donc beau jeu de se présenter comme des défenseurs du peuple contre les élites politiciennes. En fait, ils détournent leur colère des vrais responsables des crises, du chômage et des bas-salaires : le patronat et la grande bourgeoisie. Et s’ils arrivent au pouvoir, les Bardella, Van Grieken et consorts feront exactement la même chose. Ils se coucheront devant le grand patronat et réprimeront les travailleurs, en commençant par ceux d’origine étrangère.
Le monde du travail n’a rien à attendre de bon de cette vieille recette éculée du « diviser pour régner ». Au contraire, il a besoin de se réorganiser autour de son propre programme de lutte et de fraternité, contre le capitalisme qui nous emmène de crise en crise et pour une société juste, sans guerres ni exploitation.