Après un an de bombardements et le lancement d’une invasion terrestre ayant mobilisé plusieurs centaines de milliers de soldats, l’armée israélienne a rasé la plus grande partie du territoire de Gaza, tuant plus de 42 000 Palestiniens, selon la dernière estimation du ministère gazaoui de la Santé.
Depuis un an, le gouvernement israélien met en œuvre tous les moyens dont un État moderne peut disposer pour détruire et tuer massivement. D’après un organisme des Nations unies, plus de 60 % des bâtiments, du réseau de distribution électrique et des routes ont été partiellement ou totalement détruits. Fuyant les bombes et les combats, plus de 90 % des 2,3 millions d’habitants ont été contraints de vivre au milieu de ruines, sous des bâches en plastique ou dans des camps de toile, sans accès à l’eau ni à l’électricité, menacés de mourir de faim et de maladies du fait de l’effondrement du système de santé.
Cette guerre se poursuit sans qu’on en voie la fin, car aucun de ses objectifs officiellement proclamés, la libération des otages et « l’éradication » du Hamas, n’a été atteint. Le Premier ministre israélien Netanyahou a beau avoir affirmé, le 27 septembre à la tribune de l’ONU, que la quasi-totalité des bataillons du Hamas avaient été détruits, la poursuite des opérations militaires montre qu’il n’en est rien. Ainsi, dimanche 6 octobre, l’armée israélienne a encerclé le camp palestinien de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, déclarant que le Hamas y avait reconstitué ses capacités militaires, et a ordonné à tous les Gazaouis présents d’évacuer « immédiatement » vers le sud.
Loin d’avoir été détruit, le Hamas semble même être parvenu, d’après de nombreux témoignages, à maintenir dans le nord de Gaza un semblant d’appareil d’État, capable de contrôler la distribution d’une bonne partie de l’aide humanitaire, malgré des mois de combats et de bombardements.
En réalité, les autorités israéliennes savent parfaitement qu’il leur est impossible de faire disparaître le Hamas. Le porte-parole de l’armée lui-même avait reconnu publiquement, en juin, que faire une telle promesse était de la « poudre aux yeux ». Ce n’est d’ailleurs pas le véritable objectif des dirigeants israéliens qui seraient parfaitement capables de composer avec le Hamas afin de lui faire jouer le rôle de gendarme pour mettre au pas sa population, comme ils l’ont déjà fait lorsque l’organisation islamiste a pris le pouvoir à Gaza en 2007.
De son côté, le Hamas est tout à fait disposé à un tel accord. En lançant les attaques du 7 octobre, il a cherché à s’imposer comme un interlocuteur incontournable vis-à-vis des dirigeants d’Israël, et, au-delà, des grandes puissances impérialistes, sans se préoccuper le moins du monde du prix que la population palestinienne aurait à payer. Il était en effet prévisible que les massacres commis le 7 octobre allaient entraîner un déchaînement de violence à l’encontre des habitants de Gaza.
Pour le moment, un tel accord n’est pas du tout d’actualité. Afin de conserver le soutien de l’extrême droite, dont il a besoin pour se maintenir au pouvoir, Netanyahou s’est engagé au contraire dans une politique de guerre à outrance à Gaza, a ouvert un nouveau front au Liban et menace d’un conflit avec l’Iran.
Mais, en jouant les va-t’en guerre, Netanyahou ne défend pas seulement son avenir politique. Il se comporte en gendarme de l’ordre impérialiste contre les peuples de la région, mais aussi contre les intérêts de la population israélienne condamnée à vivre en état de guerre et dans l’insécurité permanente. Terroriser les peuples et les massacrer en masse, ce sont les méthodes auxquelles les États impérialistes ont recours pour maintenir leur domination.