Le 13 janvier dernier, plus de 30 000 travailleuses et travailleurs ont manifesté à Bruxelles à l’appel du front commun syndical pour défendre les pensions contre les futurs plans du prochain gouvernement.
Entre temps, le plan en question a fuité dans la presse et le monde du travail a, sans surprise, de quoi être en colère contre les politiciens de la coalition MR-Engagés-NVA et compagnie. Il y a d’abord les attaques contre les revenus : salaires bloqués jusqu’en 2027, augmentation des taxes sur les allocations de chômage et les pensions alimentaires.
Viennent ensuite les attaques contre la protection sociale : blocage et dégressivité accrue des allocations de chômage avec une limite de deux ans. Chassés du droit au chômage, les travailleurs licenciés qui n’ont pas la chance de retrouver un emploi se retrouveront à la charge de CPAS, désargentés et dépassés.
Les pensions ne sont pas en reste : les conditions pour obtenir une pension complète seront encore durcies, ce qui aura pour conséquence que les salariés qui auraient des trous dans leur carrière ne pourront plus compter que sur une pension partielle à leurs 67 ans ; cela concerne en fait la majorité des travailleuses et des travailleurs. À terme, ce sont tous les statuts encore un peu protégés qui vont disparaître : profs, cheminots, fonctionnaires, etc.
Au total, le gouvernement table sur 18 milliards d’euros d’économies sur les 4 prochaines années. Les services publics, les écoles, les hôpitaux, qui sont déjà à bout de souffle, vont encore plus mal fonctionner. Tant pis pour les ménages populaires qui n’ont pas le choix et tant mieux pour les bourgeois qui vont de toute façon dans des cliniques et des écoles privées.
Donc, oui, avec Bouchez et De Wever à la manœuvre, on s’attendait bien à un programme de combat anti-ouvrier.
Les dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs qui ont manifesté le 13 janvier avaient bien raison de le faire.
Mais quelle est la suite ?
Certes, les syndicats ont annoncé des manifestations tous les 13 du mois. Bodson, le président de la FGTB a brandi la menace de la grève générale comme arme ultime si le futur gouvernement ne révise pas sa copie.
Mais cela ne suffira pas.
Les organisations syndicales réclament une augmentation du pouvoir d’achat et plus de protectionnisme européen. En d’autres termes, ils attendent du gouvernement, qui est au service du patronat, qu’il oblige le patronat à augmenter les salaires.
Encore une fois, ils appellent les gouvernements et le patronat à la raison, avec de vagues menaces de manifestations et de journées de grève générale sans suite.
Mais le patronat, de son côté, lui ne fait pas de vaines menaces : il licencie, il fait bloquer les salaires, il pousse des centaines de milliers de familles vers la misère.
Et ce n’est pas tout, au travers des gouvernements à son service, la bourgeoisie belge et ses alliées européennes, soutiennent des guerres à Gaza ou en Ukraine, le pillage de l’Afrique, la mise en concurrence des travailleurs sur toute la planète. Le premier ministre De Croo prétend qu’il va falloir hausser le ton face à Trump et à sa méthode forte, mais l’Europe fait la même chose, à son niveau et de façon plus hypocrite en soutenant toutes les dictatures du moyen orient.
La concurrence économique internationale fait planer des menaces de crise généralisée, voire de nouvelles guerres ; les attaques contre le monde du travail sont de plus en plus généralisées et de plus en plus ouvertes ; la guerre sociale et économique contre les couches populaires est ouverte. Face à cela, demander gentiment à un gouvernement de préserver le pouvoir d’achat est tout bonnement ridicule.
Voilà des dizaines d’années que les travailleurs sont appelés à participer à des manifestations sans lendemain, puis à faire confiance aux directions syndicales pour négocier en leur nom. Les syndicats n’ont rien organisé pour permettre aux travailleurs d’Audi de se défendre, ils leur ont juste demandé d’attendre le résultat des négociations. Résultat ? Nul.
Si les travailleurs veulent un autre avenir, ils vont devoir le créer avec leurs propres moyens d’organisations. Pour organiser ces luttes les travailleurs ont besoin de leur propre parti, avec des militants révolutionnaires décidés à ne pas se cacher derrière les directions syndicales de peur de perdre leur mandat.
Ce parti, il reste à construire. Plus vite on s’y mettra, plus vite on sera capable de faire reculer les capitalistes et même de leur faire rendre gorge comme disait Marx, c’est-à-dire plus nous nous rapprocherons d’une révolution sociale capable d’abattre se vieux monde bourgeois et toutes ses horreurs.