Ce mercredi 19 avril, le gouvernement s’est fixé pour objectif un énième plan d’économies de 10 milliards d’ici 2026. Après avoir creusé le déficit budgétaire pour arroser les employeurs pendant les crises sanitaire et énergétique, De Croo & Co préparent une nouvelle cure d’austérité sur le dos des classes populaires. L’exécutif impute ses futures coupes budgétaires à la hausse du coût du vieillissement. Les retraités ont bon dos lorsqu’on sait que les 10 milliards serviront surtout à financer la hausse des taux d’intérêt au profit d’une minorité de gros patrimoines.
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Nouvelle loi pour nous faire marcher au pas
Le ministre de la Justice Van Quickenborne a présen-té un projet de loi anticasseurs. L’idée est de pouvoir interdire de manifester ceux qui auraient commis des « actes de vandalisme ou de violence » dans un ras-semblement. Le gouvernement voudrait pouvoir libre-ment faire le ménage dans les rangs de ceux que ses attaques révoltent ! En fait, s’il accepte le droit de mani-fester, ce n’est que tant que les travailleurs mar-chent… au pas. Cette loi n’aura qu’une conséquence : s’ajouter à toutes celles qui s’abattent déjà sur la tête des travailleurs qui manifestent, font grève ou tiennent un piquet, de ceux qui s’opposent à la guerre que nous mènent les patrons et leurs gouvernements.
Israël-Palestine : 75 ans d’une politique guerrière
Le 2 mai, un militant nationaliste palestinien est décédé dans une prison israélienne au terme de 86 jours de grève de la faim. Cette mort a ravivé la colère des habitants de Gaza et fourni, s’il en était besoin, un nouveau prétexte aux attaques meurtrières d’Israël, que le gouvernement de coalition droite-extrême droite qualifie de préventives.
Parmi les 4 900 détenus politiques palestiniens enfermés par Israël, plus de mille le sont au titre d’une « détention administrative », sans jugement, sans même une inculpation, sans possibilité de défense juridique. Khader Adnane, boulanger à Jénine, était de ceux-là. Militant se réclamant d’un groupe nationaliste concurrent du Hamas au pouvoir à Gaza, il connaissait les geôles israéliennes et n’en était pas à sa première grève de la faim pour obtenir que ses droits minimums soient respectés. Mais, traités avec « trop d’égards » selon le ministre de l’Intérieur d’extrême-droite Ben Gvir, les détenus palestiniens font partie des victimes des directives ultrarépressives récemment appliquées dans les prisons. Adnane n’a donc même pas été transféré à l’hôpital.
Avant un cessez-le-feu, forcément temporaire, conclu le 13 mai sous l’égide des autorités égyptiennes, il y a eu plusieurs jours d’escalade meurtrière. À des tirs de roquettes envoyées de Gaza après la mort d’Adnane a répondu le déclenchement, le 9 mai, de l’opération israélienne Bouclier et Flèches, consistant en des bombardements dits ciblés, à l’issue desquels Netanyahou, l’armée et la sécurité intérieure se félicitent d’avoir tué six militants palestiniens qu’ils considèrent comme des responsables de groupes armés. Ces frappes « propres » ont au passage tué également la famille et les voisins des militants visés, si bien que 34 personnes ont été tuées et 190 autres blessées. Mais il ne s’agit, selon le communiqué israélien, que de « victimes civiles inévitables dans l’environnement densément peuplé de Gaza » !
En effet, Gaza est surpeuplée, des milliers de réfugiés palestiniens y ayant trouvé abri depuis trois quarts de siècle. Ces faits coïncident d’ailleurs avec le 75e anniversaire de la naissance de l’État d’Israël le 14 mai 1948, sur un territoire qui était loin d’être un désert car peuplé de centaines de milliers de Palestiniens, agriculteurs, éleveurs, commerçants… Des centaines de milliers de Juifs qui avaient survécu à la barbarie nazie espéraient, pour la plupart, trouver en Israël un État pacifique, juste, animé d’intentions presque égalitaires, ainsi que certains aspects de la propagande sioniste le laissaient entendre.
En fait, la création d’Israël s’est faite sur la base de l’expulsion violente d’une partie de la population arabe palestinienne, celle dont les descendants vivent encore aujourd’hui dans les camps de réfugiés des pays voisins. L’État israélien s’est fait l’acteur du vol des terres palestiniennes et, en fait d’égalité des droits, a fait de ses habitants arabes des citoyens de seconde zone. Il a organisé l’occupation de la Cisjordanie et couvert sa colonisation par des colons conquérants et racistes. Leur extrémisme religieux et leur idéologie d’extrême-droite ont fini par prendre en otage la population juive israélienne elle-même, au point qu’elle manifeste maintenant toutes les semaines contre l’évolution autoritaire de cet État qui leur promettait la liberté.
Il n’y avait aucune raison pour qu’Arabes palestiniens et Juifs rescapés des camps ne puissent vivre ensemble. C’est toute l’orientation nationaliste, anti-arabe et pro-impérialiste qui a fait de l’État d’Israël un nouveau facteur d’oppression et l’acteur de guerres permanentes, dont souffre sa propre population. Pour la population arabe de Gaza, de Cisjordanie, de Jérusalem-Est, mais également pour la population arabe et juive d’Israël même, c’est un triste anniversaire que célèbre son gouvernement.
En Ukraine, une dette de guerre colossale
Pendant que la guerre en Ukraine s’enlise, le président ukrainien supplie ses bailleurs de fonds américains et européens de lui ouvrir rapidement de nouveaux crédits. Rien que pour 2023, la Banque mondiale évalue le déficit de financement de l’Etat ukrainien à 11 milliards de dollars. Quant au coût de la reconstruction du pays, il s’élève déjà à plus de 400 milliards de dollars ! Si le conflit va entraîner une dette colossale, ce ne seront certainement pas aux oligarques russes ou ukrainiens que la facture sera présentée, mais bien aux travailleurs d’Ukraine et de Russie.
Les vieilles crapules de bénitier sont de retour
La discussion sur la prolongation du délai de l’avortement est revenue devant le Parlement. Les politiciens de tous bords discutent d’une nouvelle limite à imposer aux femmes au-delà des 12 semaines autorisées. Évidemment, les plus réactionnaires d’entre eux, NVA et Belang en tête, s’y sont opposés. Mais les catholiques bon teint, francophones comme néerlandophones ne font pas mieux. Ils marchandent les semaines, comme ils marchanderaient des pommes. « Allez, 18 semaines, non 12, bon je t’en donne 14 ! ».
Ils se croient démocrates contrairement aux gouvernements d’Amérique latine et au républicains américains qui interdisent l’avortement et mettent les femmes en prisons ; ou encore aux émirs qui les font lapider. Voilà une belle bande d’hypocrites. Les droits des femmes ont toujours progressés de concert avec les révolutions, comme en Russie en 1917, ou lorsque la bourgeoisie a eu la frousse de sa vie et craint pour son pouvoir, comme après la première guerre mondiale. Et en 2022 en Colombie, si l’avortement a été dépénalisé jusqu’à 24 semaines, c’est bien parce qu’un immense mouvement de femmes a secoué tout le pays.
L’État s’asseoit sur la loi
À 8 reprises ces dernières semaines, le tribunal du travail a condamné Fedasil, l’agence fédérale chargée de l’accueil des demandeurs d’asile, à une amende de 2500€. En donnant raison aux demandeurs d’asile et à leurs avocats, le tribunal reconnaît que l’État ne respecte pas la loi. Mais ces victoires judiciaires ne vont rien changer à la situation des centaines de demandeurs d’asile qui dorment toujours dans la rue ou dans des squats insalubres. Le droit d’asile, comme les autres droits, ce ne sont que des mots dans le vent s’il ne s’accompagne pas des moyens de le mettre en œuvre. La seule véritable garantie de nos droits, c’est de se battre pour les défendre.
France : les leçons de la réforme des retraites
Sans surprise, le Conseil constitutionnel français a donné son feu vert au report de l’âge légal de la pension de 62 à 64 ans. Face au rejet massif de la mesure dans la population, tout l’appareil d’État a fait bloc pour imposer ce diktat. La démocratie bourgeoise a montré son vrai visage : celle de la dictature d’une petite minorité tirant toutes les ficelles. Grâce à une forte mobilisation sociale, des millions de travailleurs ont démontré la supercherie des voies légales et éprouvé la lutte des classes. C’est cette conscience qu’il faut approfondir et propager, chez nous aussi.
Un ministre qui adore les syndicats… Sans blague ?
Le ministre du Travail Dermagne a vanté les mérites des syndicats dans la presse début avril. On comprend pourquoi : il les voit comme des outils permettant d’encadrer les travailleurs et de canaliser leur colère pour maintenir la « paix sociale ». Si même lui le voit comme ça. Vraiment, il nous ôte les mots de la bouche ! Alors, si lui et les patrons y trouvent leur bonheur, c’est peu dire que c’est une vraie plaie pour les travailleurs. Combien de fois lors d’une grève, les syndicats nous font des coups bas, traficotent dans notre dos ? On l’a tous vécu au moins une fois. Cette histoire est un éternel recommencement.
Mais d’une certaine façon, on a le syndicat qu’on mérite. Si on leur laisse le champ libre, pas étonnant que des bureaucrates et des opportunistes en profitent. Si on veut un syndicat qui marche droit, qui reste du côté des travailleurs, il faut que les travailleurs s’en mêlent, il faut imposer la démocratie ouvrière.
Bien sûr, dans ce cas, il faudra se passer des éloges du ministre !
Russie-Ukraine : à la recherche de chair à canon
Alors que, dans le Donbass, des masses de soldats russes et ukrainiens sont envoyés depuis des mois au massacre pour un pan de mur, une cave ou quelques mètres de tranchées et que leurs dirigeants n’ont à la bouche que la préparation de « la » grande offensive ou contre-offensive de printemps en Ukraine, à l’arrière, les sergents recruteurs de tout poil battent le rappel de ceux qui, dans chaque camp, tentent d’échapper à l’abattoir.
Des chaînes de télévision et la presse ont montré, ces jours derniers, des jeunes et des moins jeunes qui en Ukraine refusent la conscription, se cachent pour y couper, résistent à la police militaire qui vient les embarquer et disent carrément qu’ils ne veulent pas aller à la mort. Ils le font souvent avec les mêmes mots, et dans la même langue, que leurs frères de destin, de l’autre côté de la frontière, en Russie.
Le phénomène s’est amplifié en Ukraine. L’enthousiasme patriotique des premiers temps, qui avait drainé un flot de volontaires vers les centres de recrutement, s’estompe et le flot des recrues se réduit. Mais surtout, la corruption des milieux militaires éclate en une succession de scandales que la presse ne parvient plus à cacher.
Ces dernières semaines, les réseaux sociaux, puis des médias ont donné le montant des pots-de-vin extorqués par les officiers à ceux qui veulent échapper à la conscription, être affectés d’emblée à un poste loin du front, être transférés dans une unité non combattante, etc. En clair, pour échapper à la mort et, pour les plus chanceux, à une blessure, ce sont des milliers d’euros qu’il faut trouver, 12 000 euros pour les meilleures planques, et même le double pour aller « légalement » se mettre à l’abri à l’étranger.
Les médias occidentaux ressassent le caractère démocratique, nouveau et quasi angélique de Zelensky et du pouvoir ukrainien. Mais parrainé, armé et financé par l’impérialisme américain et ses alliés de l’OTAN, il reste, au même titre que son homologue russe, un rejeton vénal, répressif et antipopulaire de ce qu’avait été la bureaucratie post-stalinienne.
À ceux qui se demanderaient pourquoi la mobilisation de printemps, n’a accouché de rien de tangible, bien que les tanks lourds allemands et anglais arrivent à la rescousse, Reznikov, le ministre ukrainien de la Défense, s’est voulu rassurant. L’armée, dit-il, fait face « tranquillement » à ses pertes et les compense « à un rythme calme et progressif ».
On ne sait qui ce langage pourra convaincre dans la population, en particulier parmi les futurs conscrits et leurs proches. En tout cas, les soutiens américains du régime ukrainien y voient, et ils le disent, un signe d’essoufflement des autorités civiles et militaires ukrainiennes à assurer la victoire du camp occidental avec la peau de leurs compatriotes.
Dans le camp d’en face, le pouvoir de Poutine n’a pas non plus la partie facile en matière de recrutement. Il vient donc de modifier la loi pour que les conscrits puissent officiellement aller en Ukraine – chose actuellement interdite, en principe. Il suffira qu’ils soient affectés, non pas à l’opération militaire spéciale selon la terminologie officielle qui refuse de parler de guerre, mais à des « forces de maintien de la paix », et qu’ils se portent volontaires pour aller « pacifier » l’Ukraine !
Autre nouveauté : alors que beaucoup de jeunes changeaient d’adresse ou quittaient leur emploi pour ne pas risquer de recevoir une convocation militaire à domicile ou au travail, ce qui est une pratique courante, cette convocation sera désormais doublée sous forme électronique. Les jeunes gens étant tous enregistrés sur un fichier électronique, sept jours après son envoi la convocation sera réputée avoir été reçue. Des sanctions sont prévues si le destinataire ne se présente pas au centre d’enrôlement.
Bien entendu, le Kremlin ne publie pas de chiffres sur les jeunes qui refusent de sacrifier leur vie sur l’autel de la Grande Russie, mais des informations transpirent sur les réseaux sociaux à ce sujet.
Il y a un mois, une vidéo a montré des soldats, mobilisés malgré eux, qui se présentaient comme des survivants d’un bataillon d’assaut, en expliquant qu’un tiers des effectifs de leur unité avaient été tués ou blessés depuis septembre. Mais d’autres témoignages aussi éclairants émanent de l’autre bord. Ainsi, le média russe Vot Tak a rapporté que, lors du procès de l’incendie criminel d’un centre d’enrôlement, un juge militaire du district central avait révélé que pas moins de 77 de ces centres avaient été incendiés en 2022.
Brutalité gouvernementale
La colère ne retombe pas en France. La semaine dernière, les travailleurs étaient encore deux millions à manifester dans le pays. Les grèves se poursuivent dans les secteurs des transports, du nettoyage ou de l’énergie, et les débrayages se sont multipliés un peu partout pour soutenir le mouvement. Pour intimider les travailleurs, le gouvernement envoie sa police réquisitionner dans les entreprises et réprimer dans les manifestations. Les arrestations se multiplient et les violences aussi : un cheminot vient de perdre un œil et une manifestante une main! De quoi attiser la colère et encourager les travailleurs à poursuivre leur combat.