C’est dans le petit État rural de l’Iowa, de trois millions d’habitants, que la sélection des candidats républicains et démocrates pour l’élection présidentielle américaine de novembre prochain a commencé.
Le Parti démocrate comme le Parti Républicain ont invité leurs électeurs respectifs à se réunir pour débattre et choisir les délégués qui soutiennent tel ou tel candidat.
Du côté des Républicains, Donald Trump, le milliardaire réactionnaire, était donné favori parmi les douze candidats qui restaient encore en lice, mais c’est Ted Cruz, élu sénateur du Texas en 2013 grâce au soutien de l’extrême droite des Républicains, le Tea Party, qui l’a emporté avec 27,6 % des voix contre 24,3 % à Trump. Il est talonné par Marco Rubio, 23 % des voix, le jeune sénateur de Floride, un candidat plus classique et plus modéré qui pourrait bien rallier à lui les responsables républicains.
Trump espérait l’emporter auprès de la base réactionnaire et du courant le plus à droite des Républicains, d’autant que Sarah Palin, l’égérie des Tea Party lui a apporté son soutien. Mais sur ce terrain Ted Cruz n’est pas en reste. Lui aussi reprend les thèmes ultraréactionnaires qui plaisent à l’électorat traditionnel du parti, pour la peine de mort, contre le droit à l’avortement, contre tout contrôle des armes à feu. Et surtout, il plaît à l’électorat évangéliste, ultrareligieux, largement majoritaire dans l’Iowa.
L’un des atouts de Ted Cruz auprès des gens du peuple est qu’il se forge une image de candidat anti-establishment, et le fait que nombre de politiciens tiennent des propos hostiles et méprisants à son égard le sert plutôt.
Et si Trump a tenté d’élargir son électorat aux couches populaires frappées par la crise, en dénonçant les inégalités et en proposant d’augmenter les impôts sur les riches, Cruz se dit contre le gouvernement fédéral, contre les impôts et même contre un système fédéral d’éducation.
Du côté des Démocrates, Bernie Sanders vient presque de faire jeu égal avec Hillary Clinton dans l’Iowa avec 49,5 % des voix contre 49,8 pour Clinton. Sanders a réussi à toucher une partie de l’électorat et a récolté presque autant d’argent que Clinton, mais avec des centaines de milliers de petits dons de quelques dizaines d’euros.
Sanders dénonce l’écart croissant entre les revenus des riches et ceux du reste de la population, un système économique et un système politique dominés par Wall Street, stigmatisant les grandes banques dont il dit vouloir réduire la taille. Il se dit en faveur d’un système unique de couverture médicale et il critique le système mis en place par Obama. Il préconise l’instauration d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure et lui aussi veut annuler le dernier accord de libre-échange négocié par Obama.
Cet homme qui se prétend même « socialiste » n’en n’est pas moins candidat à l’investiture du Parti démocrate, un parti des riches et des banques. Il a voté pour la guerre contre l’Afghanistan et a approuvé les crédits pour toutes les autres guerres de l’impérialisme américain ; il a soutenu l’attaque d’Israël contre les Palestiniens de Gaza en 2014. Il a voté toutes les lois répressives contre les Noirs et les immigrés sans papiers, qui peuvent aussi servir contre les militants ouvriers. Mais il a réussi à attirer la sympathie d’un certain nombre de médias, de syndicats, et surtout de jeunes qui l’aident dans sa campagne, tout cela pour les remettre dans le giron du Parti démocrate quand la longue campagne des primaires sera terminée.
Ainsi, dans les deux partis, des candidats se présentent comme nouveaux, originaux, différents. Il s’agit pour eux de tenter de surfer sur le mécontentement populaire envers les deux partis qui alternent au pouvoir pour servir la grande bourgeoisie contre la population laborieuse. Les travailleurs américains n’ont rien à espérer ni des uns ni des autres. Soutenir Sanders, en espérant qu’il soit un démocrate plus radical, ne fait que reculer encore la construction d’un parti révolutionnaire qui fait tant défaut à la classe ouvrière, aux Etats-Unis comme ailleurs dans le monde.