Sous prétexte d’équilibrer le budget, le gouvernement vient d’arrêter une série de mesures visant à économiser deux milliards supplémentaires.
Là-dessus, il y a des économies de 710 millions d’euros sur les dépenses sociales et les services publics. Les exemples récents montrent à quel point les services publics fonctionnent mal : les failles de sécurité à l’aéroport de Zaventem sont connues depuis des années mais rien n’est fait faute de moyens, les effectifs du ministère des finances et de celui de la justice ne permettent plus de contrôler et de poursuivre les riches fraudeurs qui planquent leur argent dans des paradis fiscaux, et tout le monde voit bien au quotidien qu’il n’y a pas assez de personnel dans les écoles et dans les hôpitaux.
S’y ajoute aussi la diminution des pensions des salariés du secteur public, dont les pensions sont justement plus élevées en échange de salaires plus bas. Ils garderont donc les bas salaires, auront des pensions rabotées tout en devant faire plus avec moins de personnel. C’est inacceptable.
Le gouvernement a prétendu que ses mesures étaient « indolores ». C’est hallucinant qu’il prétende une chose pareille alors qu’il augmente les taxes de 569 millions d’euros, en particulier sur le diesel. Ah oui, ce sera indolore pour les patrons qui peuvent déduire les frais d’essence, mais cette mesure va peser sur le budget des travailleurs qui doivent se rendre tous les jours à leur travail.
La cerise sur le gâteau vient de Peeters, le ministre de l’emploi qui sous le vocable hypocrite de « travail acceptable » vient d’accorder aux patrons la possibilité d’imposer à leurs salariés jusqu’à 45 heures de travail par semaine, au rythme de 9 heures par jour. La seule limite : cela ne peut durer plus de cinq mois d’affilée, et il faut régulariser par des congés compensatoires endéans l’année. Ce n’est « acceptable » que pour les patrons – car pour les travailleurs, c’est leur mettre encore plus la tête sous l’eau ! Et encore, les patrons auraient voulu encore plus : 11 heures par jours avec une régularisation sur 6 ans !
Il y a, paraît-il, des mesures en faveur des salariés : ils pourront eux aussi demander de la flexibilité et offrir des jours de congé à des collègues qui ont des soucis familiaux. C’est évidemment se moquer du monde.
Rien pour les travailleurs, rien pour l’emploi, tout pour les patrons. Voilà le résumé des nouvelles mesures, qui sont à l’image de toute la politique de ce gouvernement. Sous prétexte de défendre l’économie et l’emploi, il sert la soupe aux patrons.
Depuis des années, la flexibilité s’est aggravée, le pouvoir d’achat a diminué, la vie des travailleurs a empiré. L’emploi n’a pas augmenté. Les seules mesures qui ont fait baisser les chiffres du chômage, ce sont les exclusions qui ont envoyé les jeunes et les chômeurs de longue durée pointer au CPAS !
D’un autre côté, les patrons bénéficient de réductions systématiques d’impôts et de charges sociales. D’ailleurs, le gouvernement vient par la même occasion de donner son feu vert à une nouvelle réforme fiscale en vue de réduire encore une fois les impôts sur les entreprises. Ce que l’on constate, c’est que les entreprises empochent l’argent et ne créent pas d’emplois. Non contents de cela, une partie d’entre elles élude le peu d’impôts qu’il leur reste en planquant leur argent au Panama ou dans d’autres paradis fiscaux.
Il n’y a là rien de nouveau. Ce gouvernement ne l’ignore pas. Il ne croit pas naïvement que ses mesures vont améliorer l’avenir de la population. Il a simplement choisi le camp du patronat, comme l’ont fait les gouvernements précédents, quels que soient les partis qui les composent. Les prédécesseurs de Charles Michel et consorts mettaient peut-être plus les formes et n’osaient pas aller aussi vite, mais ils poursuivaient les mêmes objectifs.
Face à ces nouvelles attaques, il faudra plus que les lamentations des dirigeants syndicaux qui, comme Ska de la CSC et Goblet de la FGTB se plaignent d’un « manque de concertation ». La rapacité du patronat n’a pas de limite, sauf celle que la résistance des travailleurs lui impose. Il ne faut pas plus de concertation mais opposer la force de notre nombre face à la dictature des riches sur la société. Ils n’ont d’autre avenir à proposer aux jeunes, que de travailler comme des esclaves ou de croupir au chômage. Leur avenir, c’est aux travailleurs de le reprendre en mains.